Albert Niko, "l'homme au grand chapeau n'avait rien à cacher ni rien de grand"
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Du goût des mouches sur la route de l’abattoir
Une présentation de « l’homme au grand chapeau n’avait rien à cacher ni rien de grand ».
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Alors, Al, ce nouveau bouquin, tu peux nous en parler un peu ?
Heu, ça va être difficile…
Juste deux mots, histoire qu’on sache de quoi ça parle…
En fait, ce bouquin, ce n’est pas.
Ce n’est pas un roman, ce ne sont pas vraiment des contes ou des nouvelles, pas même tout à fait des poèmes.
Ce bouquin, ça ne pourrait pas être, par exemple, un réseau de bus, ni même un jour férié, ni les Champs Élysées un 31 décembre vers minuit, et ça ne pourrait pas non plus être ce bol de bouillon au vermicelle qu’on te servait chaque soir quand tu étais un enfant…
Bon. Et qu’est-ce que ça pourrait être ?
Ça pourrait être un permis poids lourds. Cela pourrait être du goût des mouches sur la route de l’abattoir (bien incapables de dire de quoi il s’agit, mais tant qu’on y sent le sang affluer…)
Cela pourrait être des singes s’invitant au zoo pour rire de leurs visiteurs.
Un éclat de rire qui te ferait cracher une dent.
Ou un cortège funéraire qui passerait de 78 à 45, puis à 33 tours par minute.
Bon. Et qu’est-ce que je marque, alors ?
T’as qu’à mettre que ce livre te rentre dans le bide avant que ton cerveau n'ait eu le temps de le classifier…
Tour à tour instituteur, journaliste, animateur et agent administratif, Albert Niko se consacre désormais exclusivement à l’écriture.
Ses premiers textes sont parus à partir de 2005 dans la revue « Inédit Nouveau ».
Albert Niko est né le 10 avril 1969 à Pantin (Seine Saint-Denis), France.
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Un extrait
quatorze juillet dans l'année
Voici venir une jeune fille qui n'a d'yeux que pour son mobile.
Puis ses dix-huit clones en deux heures de temps.
Voici venir un chien levant la patte au même endroit que le précédent.
Voici venir un nouvel été, et les odeurs de merde qui remontent.
Voici venir une race supérieure de mouches.
Voici venir un prophète et son cortège de zombies, qui de se demander quel nom, quel slogan, quelle couleur.
Voici venir un musulman et un chrétien se serrant la main et ne sachant que faire de leur dernier stock de croisades.
Voici venir l'heure de l'extinction des feux et son lot de questions qui, le jour venu, demeureront sans réponse.
Voici la petite fille enjouée, et le temps à ses trousses.
Voici venir le dernier mot.
Voici venir enfin un ami s'écriant : “Tu es fou ! Amputer la 6ème de Mahler de ses deux premiers mouvements, ça ne se fait pas ! Ce serait comme... comme de manger du poisson en pensant ne jamais tomber sur une arête... Je sais pas... comme de s'imaginer pouvoir vivre en couple sans faire la moindre concession...!”
Et comme j'épluche une banane sous ses yeux avant de lui tendre la pelure, voici venir un fauteuil qui se libère et l'émergence d'un silence mérité.