Martine Dillies-Snaet dans Traversées avec "Noël 1914"
Noël 1914
de Martine Dillies-Snaet
Show me slowly the limits of the ravaged fields
Ainsi que le toit de chaume de la petite ferme de mon enfance.
HO !
Au travers de mon manteau, un fusil-baïonnette
M’a transpercé le corps et je regarde, sans réagir,
Encore et encore, à n’en plus finir
Mon sang rouge couler et mon casque perdu.
Il fait presque noir déjà, nous sommes fin décembre.
Je scrute la nuit mais...maar…je ne me retrouve plus…
Waar zijn de graanvelden de mon adolescence ?
Les étoiles-bougies tremblotent dans ce ciel d’hiver
« Men » moeder maakt warme chocolade
Mon père a éteint la lumière de l’étable
Il n’y a plus de paille dans mes sabots, mes pieds sont gelés.
Maar waar is « men » moeder nu?
En “men” vad... waar ben…Où suis-je ?
C’est si calme. Pourquoi tout est-il si calme ?
Tout semble si loin
Je suis si fatigué aussi, je perds mes repères
Tout va et vient.
Des murmures de Noël montent des plaines d’hiver,
Franchissent les barricades de plaintes et de branchages écorchés
Et mes rêves dansent à nouveau dans les champs ravagés.
Peu à peu, en même temps que les nuages,
S’effacent les visages
Disparaissent les crevasses du froid et
S’adoucissent les brûlures des vieilles blessures…
Je voyage.
Dans le berceau des tranchées coulent et mon sang, et
Mes amitiés et s’écoulent mes amours
Sur la route des non-retours.
Elles coulent dans mes veines la chaleur des caresses des enfants.
Mais il fait à nouveau si froid ce soir. Et si noir aussi.
J’entends les notes des chants de Noël
Entonnés par les anges de Jérusalem.
Sur les flocons de la neige tombante,
Meine Träume tanzen in den verwüsteten Gebieten.
Show me slowly the no-limits of the Christmas’s love.
M.D-Sn. [texte retravaillé le 26/9/2015]
http://users.skynet.be/TheDillies/