L'envers du voyage, un texte de Philippe Couillaud
Je viens d'enfermer le tapuscrit dans sa cage en carton. Je le présente au guichet en précisant que c'est pour la Belgique. Je remplis un formulaire. On me demande si l'envoi a de la valeur. Je réponds par la négative avec une pensée iconoclaste quant au sens du mot valeur et tout ce que j'ai envie d'asséner à la préposée des postes qui n'y est pour rien au sujet des valeurs du monde. Heureusement j'avais lu le matin même l'article de M.N. Fargier sur la colère et je reste coi.
Donc mon manuscrit s'en va. Il me quitte pour chercher refuge et gloire. Il va se faire une deuxième vie et, dès que possible, je vais le tromper avec d'autres personnages affublés d'histoires où les pensées et les corps s'entremêleront une nouvelle fois.
J'ignore si le personnage central de "L'envers du voyage" va se faire adopter. Il n'est pas très facile à vivre. Il patauge dans sa mémoire, dialogue avec Eckermann dans la forêt de l'Etteisberg en allant visiter Büchenwald, tout en faisant l'apologie de la course automobile et du sexe.
Curieuse façon de voyager ! Mais bon ! C'est trop tard ! La préposée aux postes vient de jeter le carton dans le bac aux envois.
Je souhaite bon courage au comité de lecture...
Philippe COUILLAUD