La liberté, un texte de Paul Maakad
La liberté
Ecrire rend libre. Pour certains, c’est le sport, d’autres, le théâtre ou encore la musique. Etre libre veut dire être Homme, tout simplement : utiliser sa capacité de réflexion, pas seulement de répétition, sa capacité d’empathie, pas seulement de compassion.
L’animal dort, boit et chasse pour se procurer les moyens matériels de sa subsistance. L’être humain dort, boit et assure sa subsistance également. En revanche, il pense aussi ; ou plutôt, il peut penser. Car la véritable pensée rend libre, rend Homme ; la simple singerie – qui prend souvent les traits des idées inédites – laisse prisonnier du seul matériel, tel l’animal.
Ainsi, l’état d’Homme, état de liberté, se gagne, se construit ; comme toute construction, elle est laborieuse, pénible, elle demande des efforts et du temps… elle passe aussi par des moments de doute, de déception, de torpeur. Elle est fragile, humble et forte à la fois.
Que ne force plus le respect que les chefs-d’œuvre artistiques, sportifs ou encore les dons de soi charitables ? Pourquoi nous extasions-nous devant les auteurs de telles merveilles, sinon parce qu’ils font preuve de leur humanité profonde à travers leurs ouvrages, c'est-à-dire l’utilisation de leur pensée, de leur liberté la plus épurée, détachée de tout contrainte de survie – considération propre aux bêtes ?
Enfant déjà, ce besoin de liberté, de devenir Homme, est revendiqué par le jeu – seule activité qui se départisse de l’obsession de cette contrainte ; cependant que sous prétexte de bienséance, il se trouve au fur et à mesure bridé dans son élan le plus beau, le plus noble. Et cela se poursuit tout au long de la vie, à toutes les étapes de l’existence. C’est pourquoi la liberté n’est jamais acquise, elle est lutte constante contre les autres, mais aussi contre soi-même.
Penser, penser vraiment – pas seulement imiter – requiert du courage, de l’énergie et de l’audace. Il est tellement plus confortable de rester animal. Pourquoi s’évertuer à devenir libre, à devenir Homme alors, si cela demande tellement de volonté ?
Certains caractères s’accommodent aisément du simple confort matériel – de cette bride qui, sous couvert des strasses et des paillettes de la réussite carriériste sacro-sainte, n’est autre que leur geôlier le plus perfide. D’autres s’en contente moins, voire pas du tout.
La liberté est donc question de choix ; elle n’est pas devoir, mais vouloir. Aussi ne peut-elle être donnée de l’extérieur.
En choisissant d’écrire, de jouer, de chanter, de faire du sport, de se donner pour les autres, l’Homme se soustrait à l’impératif mécanique de survie pour exprimer sa qualité d’être pensant, refusant le seul déterminisme animal. Par la même, il conquiert sa liberté.