Sylvie Storme nous présente son ouvrage "Quand voir reste un mystère"
Notre regard et notre capacité à voir peut se ré-interroger à chaque instant.
Comment une vie bien organisée et réussie se voit bouleversée quand les repères changent ?
Mai 1989 , je me plonge dans un premier stage de "Prise de conscience par le mouvement", Méthode Feldenkrais, et mon regard change, ma vue très limitée s'éclaircit malgré un handicap déclaré dégénératif.
Surtout, ma vision du monde s'élargit, et toutes mes certitudes et idées reçues se renversent.
Ce témoignage s’est élaboré à partir de lettres que j’écrivais au fur et à mesure d’une formation qui me faisait découvrir l’incroyable capacité de transformation qui existe au coeur de tout être humain.
Ces expériences sensori-motrices m'ont emmenée dans un parcours mouvementé et bouleversant.
J'évoque ce parcours dans ce livre, et comment ce voyage au coeur du mouvement m'a conduite au travail de la sculpture, a transformé ma voix, mon chant, et mon attitude à l'écoute des autres.
Ces découvertes personnelles me semblent aujourd’hui parler de ce que nous pouvons tous traverser de façon singulière avec nos priorités, nos passions, nos difficultés et nos obstacles individuels…
Extrait :
« Bonjour François,
Voici quelques- unes de mes explorations, faites en sortant de chez toi.
Elles ont été fascinantes et impressionnantes par leur évidence et leur nouveauté.
Ce qui est le plus surprenant pour moi est la manière dont le monde m'apparaît, la position que par conséquent j'occupe.
Assise confortablement dans le taxi, bassin, jambes et pieds en contact avec le siège et le sol, je me suis " laissée surprendre " par ce que je pouvais percevoir du paysage parisien.
Les images venaient à moi, pas besoin de chercher à les attraper.
Mes pensées étaient du style « Tiens, c'est plein de verdure Paris », « Il ne fait pas si sombre dans ce tunnel « Tout juste si je ne me disais pas « Je ne vois pas si mal, tout compte fait ».
C'est pour moi une façon tout à fait inconnue et à peine croyable d'aborder et de vivre les événements: de les laisser venir. Alors que, pour moi, voir a toujours été synonyme d'efforts, de volonté, souvent d'étroitesse, d’ombre, presque d’inaccessible, et que l'acharnement rendait accessible (j'ai des souvenirs d'école prégnants, où la dose d'énergie déployée par mon entourage et par moi-même me semble aujourd'hui tout à fait folle.) »