"Prends un gâteau", un texte qui fait suite à "Bouddha"... signé ALBERT NIKO

prends un gâteau !
J’ai longtemps pratiqué l’ennui pour ce que je ne faisais pas m’était plus supportable que ce qu’ils faisaient : avec une voiture, avec un aspirateur ou une tondeuse à gazon. Ce qu’ils faisaient d’un dimanche après-midi, d’une caravane ou d’une nappe de table ; avec la photo d’un nouveau-né ou d’un oncle mort une semaine auparavant.
Pour ce qu’ils faisaient de leurs vacances était ce qu’ils faisaient d’un melon.
Et ce qu’ils faisaient du soleil était ce qu’ils faisaient avec un parasol.
Et alors qu’ils mordaient dans leur été, j’allais m’asseoir sur une grosse pierre jouxtant la maison d’où je voyais ce chien se gratter continuellement l’arrière-train contre un bosquet. Et je marchais autour de ce roc comme une poule dans son enclos.
Parfois, je prenais ma bicyclette pour aller un kilomètre plus loin, voir une tante qui gardait des biscuits dans une boîte en fer, et j’avais à peine terminé d’en manger un qu’ils m’invitaient, jusqu’à se répéter, à en prendre un nouveau.
ALBERT NIKO
