Le site "Les secrets de Polichinelle" a voulu tout savoir sur Jean-Louis Gillessen

Polichinelle révèle : C'est James Bond qui initia Léon !
--------- ... Dubitatifs ? Lisez, vous saurez ... -----------------
1) Ta pièce "Léon 20H30" a connu un certain retentissement, elle est basée sur un fait réel...
Oui, beaucoup connaissent le sujet, mais l’origine de sa création est peu connue et vaut que je m'y attarde, car cette pièce a vraiment failli ne jamais voir le jour, elle est le résultat de rencontres. En 1985, je croise un ami qui travaille dans une boîte de Pub Événementielle, "AD Performance Acting for Advertising". Il me propose de passer une audition pour tenter de décrocher un rôle de mime automate déguisé en James Bond pour représenter l'entreprise AHREND au salon de la bureautique BURO 85. Je suis sélectionné en finale avec un autre comédien, nous passons devant le jury qui est le personnel au complet de AHREND ... et le client me choisit ! L'autre comédien, beau et athlétique, issu des cours Florent et qui ressemblait, lui, à un vrai James Bond (rires), me bombarde de questions : nous sympathisons, il me demande ce que j'écris, je lui montre quelques poèmes, des essais, et le seul sketch de 3 pages que j'avais justement dans ma farde, traitant de la confrontation entre un psychiatre et son patient. Il insiste pour le recevoir. Je deviens quelques mois plus tard directeur artistique de AD Performance, et, en parallèle, je reprends une librairie en janvier 1986. Je trime comme un fou (allô, Bob?) des deux côtés, et, en mai 1987, je suis contacté par Marc Legein, le comédien malheureux "bondien" de 85 qui me fixe un RDV dans un resto non loin de ma librairie. Avant l'entrée, à l'apéritif, il me dit qu'il va me dévoiler une surprise au dessert ! Je lui rétorque illico : - dévoile direct sur un 2ième apéro ! - Lui : - Jean-Louis, " Ta pièce " se joue le 8 novembre au Théâtre Arenberg à Anvers devant 800 personnes, tout est vendu en prévente ! - Moi : "Ma pièce ? ... Quelle pièce ? ". Et c'est ainsi que j'écrivis Léon 20H30 en 2 mois sur heureuse contrainte, à partir d'un simple sketch ! La pièce fut un succès, puis, remodelée, fut jouée pendant un mois à l'Espace Léopold Cédar Senghor (nous avons inauguré la nouvelle salle), fut achetée par le CIFORAP, par différents Centres Culturels, ainsi que par le Centre Neurologique William Lennox ... où j'avais moi-même séjourné un mois ... Éditée chez CDL en 2013 et recréée grâce à l'insistance de ma fille Manon fin 2015, Léon rencontra à nouveau l'adhésion du public, et Nele Paxinou nous invita à La Balade au Miroir. Je tiens ici à remercier mes amis Bob pour un reportage dans Actu TV, Philippe Deriemaecker pour son interview et son enthousiasme, Jany Paquay pour une émission sur Vivacité, ainsi que RCF, notre cédélienne Rolande Michel pour un billet sensationnel ... et comme fervente spectatrice. La liste des personnes qui m'ont soutenu est longue et non exhaustive.

2) Ce "succès" ne t'a-t-il pas incité à goûter aux "délices de Capoue"... car tu n'as, si je ne m'abuse, plus produit grand chose depuis...
J'aurais beaucoup apprécié un peu de farniente, mais 3 semaines après la dernière jouée à Wasseiges, je suis entré à l’hôpital pour une lourde intervention chirurgicale. L'opération réussie et terminée, après la salle de réveil, je suis resté 24 heures en soins intensifs, conscient comme pas deux, récitant le texte de Léon en boucle ... pour tuer ce temps qui n'en finissait plus de s'égrener lentement au son des BIP qui me rendaient dingue! J'ai rejoué en mars aux Baladins, puis à nouveau suis repassé sur le billard, et j'ai bataillé pour faire réaliser des travaux chez moi, dont un nouveau toit plat, dans mon plain-pied de 60 M2. Les mois et années ont passé très vite, j'ai déposé ma plume sur des centaines de feuilles manuscrites éparses, mais j'ai surtout lutté contre des douleurs musculo-squelettiques. Heureusement, le cerveau, lui, se porte bien.
3) Quel est le rêve que tu voudrais réaliser sur le plan artistique ?...
Le premier est de remonter sur scène avec le seul en scène que je prépare, non assidûment pour l'heure (voir ci-dessus) : comico-dramatique, il aborde le monde des enfants placés en institution, le système qui les englobe, le tout vu par l'éducateur spécialisé que je suis de formation et de terrain, et, comme dans l'écriture de Léon, je passerai du rire aux larmes en dénonçant des conformismes. Le second est en attente pour raisons juridiques et administratives, même si je suis déjà très actif dans le projet de mon ami Benoît Postic, ex-directeur de la Ferme de La Dîme à Wasseiges, metteur en scène de Léon revisité. Benoît recrée une nouvelle ASBL, un nouveau C.A., et nous allons relancer l'espace de La Grange: invitation d' artistes à champs multiples et ouverture de l'espace à des styles variés tels que cabaret Music-hall (qui rejoint entre autres les attentes de la population), chanteurs contemporains, artistes de rue, cinéma etc ... L'ouverture de l'espace à des débats et confrontations philosophiques sur tous thèmes, principalement ceux d'actualité qui animent le monde d'aujourd'hui, ses contradictions, ses avancées, ses mutations. Notre but est de stimuler le désir d'expression, de communication, de partages d'idées, de savoirs divers et d'apprentissages, afin de favoriser la pertinence. Il nous faut rester sur la brèche du quotidien et de l'éveil, plutôt qu'être dans quelque repli consensuel trop souvent présent. Il s'agit bien de donner la parole à ceux qui ne l'ont pas ou n'ont pas l'occasion de la libérer. L'artiste est celui qui autorise celle-ci à la découverte, à la recherche, au questionnement, en refusant l'unique élitisme et en tendant vers la proposition, vers l'alternative et leurs déclinaisons. Nous souhaitons ardemment mieux collaborer avec les réseaux associatifs, retrouver les synergies avec les gens des villages. Actuellement ce sont nos mots blablatesques, dès que l'action peut démarrer (procédures en cours de l'acquisition des droits d'accès à La Grange et de son rachat suite au divorce de Benoît avec sa compagne), ... l'action se concrétisera.
4) Tes exemples en matière de littérature ?...
Hugo, Tolstoï, Zola, Flaubert, Balzac, Stendhal en passant par Alfred de Musset, Georges Sand, Verlaine, Rimbaud, Voltaire, Tchekhov, Pirandello, Sartre, Zweig, Dostoïevski, Camus, Sagan, plusieurs auteurs de CDL (Hihiiiii), Roland Topor, Dubillard du même prénom pour ses fameux Diablogues et autres, l'intégrale des textes de Raymond Devos, ceux de Pierre Desproges, des maîtres en la matière, Guy Bedos, j'apprécie fort Philippe Labro (Le flûtiste invisible), et dans un tout autre registre passionnément le regretté généticien et philosophe Albert Jacquard, Joseph Basile ( Scientifique belge, professeur, auteur et chroniqueur) et j'oublie ici quantité d'auteurs lus avec grand intérêt, que ma mémoire ne pourrait retrouver pour l'heure ...
5) Sur une île déserte, quels sont les 7 (chiffre magique) livres que tu emporterais ?...
L'Encyclopédie de La Faune et de la Flore (plus complet que celui de Marie-Noëlle, même si je la crois capable de sauter sur mon île avec tout son barda à partir de la sienne : oui, oui, M-N bénéficie de certains pouvoirs magiques délivrés par je ne sais quel Prince de sa connaissance qui l'a à la bonne. J'en veux pour preuve que régulièrement, j'entends "BOUM" sur mon toit plat susnommé en question 2, je sors équipé de ma lampe torche, escalade mon échelle et ... zou, je vois un lourd sac à dos fluo indiquant : " Juste un ch'tit coucou, TKT, c’est que moi " . J'ai déjà 17 de ses sacs remplis de boîtes de conserve et de manuels de survie que j'entasse dans mon petit 60 M2 (bis repetitam cfr question 2), "L'homme, cet imprévu" de Joseph Basile, un livre d'Albert Jacquard au choix difficile tant ils sont foison de bijoux qui tous éclairent ma bibliothèque, et, je choisirai selon mon stress avant le départ sur l'île (bé té, pas ma faute, moi, si Alain Magerotte joue à Frédéric Lopez !), donc un livre du regretté Albert Jacquard, homme d'exception que j'ai eu la chance de rencontrer lors d'une conférence au Théâtre de Namur, et qui m'a fait monter sur scène à ses côtés pendant 15 minutes - souvenir tellement prégnant, riche et puissant), "L'art de la joie" de Nicolas Go, "L'absurde " ou "La Folie " de Raphaël Enthoven, les "Textes de Scène" de Desproges (pour respirer après les deux précédents), et, puisqu'il n'en reste qu'un et que je ne pourrais me décider entre Zola, Stendhal et les autres précités en question 4 ..... j'emporte .... " 2401 " de Bob Boutique ! Parce que j'ai kiffé sec en le lisant, parce qu'il est rempli de références historiques, culturelles, géographiques, rempli d'humour, de, et de, et de ... et parce que mon exemplaire est passé par tant de mains d'êtres tellement chers. Merci à toi, Alain, pour ces questions pertinentes, pour ta patience à en attendre les réponses, et, la prochaine fois, dis, ... chiffre 13 ? Reconnaissance à toi, amitié et bonne humeur partagées, Jean-Louis.