La powezie, c’est pas si dur que ça ! Un texte de Bob le Belge pour une rentrée de vacances dégantée !

La powezie, c’est pas si dur que ça !
J’ai une copine Carine-Laure (* nom d’emprunt) qui m’a tout expliqué, vu qu’elle publie chez tous les éditeurs spécialisés du genre : elle m’a cité des noms que je ne connais pas (vous non plus sans doute) mais rien qu’à les entendre on comprend que ce sont de vrais powètes : Le Tréponème Rose Bonbon, Lichen, les Cahiers de l’Hors-d’œuvre Lunaire, Le Coudrier, Clepsydre (sais même pas ce que c’est), Aura ou Aura pas… bref ça court les blogs, ça mange pas de pain et ça en jette.
C’est simple qu’elle m’a dit. Tu écris une ligne qui se termine par un phonème que tu reprends dans la ligne suivante, peu importe quoi. Moins on comprend, plus c’est powétique. Un exemple…
J’aime voyager en chemin de fer,
Faire du chemin c’est aller loin…
Non, un instant, erreur… le phonème, c’est à la fin ta ligne qu’il faut le répéter, pas au début. On dit alors que ça rime. Je reprends :
J’aime voyager en chemin de fer, ok.
C’est plus efficace qu’un somnifère. Voilà, ça rime.
Qui a dit « à rien » ?
Si tu trouves pas qu’elle a ajouté, y ‘a sur le net 36 dictionnaire pour t’aider : Jennifer, conifère, bonne affaire… au choix.
Bon j’essaie, avec une rime riche. C’est un gros phonème, preuve que t‘as beaucoup de vocabulaire…
Lis trois powètes ensemble,
Tu verras qu’ils se ressemblent.
On peut aussi alterner avec des rimes masculines et féminines
C’est une jolie gonzesse (féminin)
Elle porte un pantalon (masculin)
Ca lui moule bien les fesses (féminin)
On dirait deux p’tits ballons (masculin)
Tu vois qu’elle m’a dit (et elle en connait un bout), c’est pas plus compliqué qu’un sudoku. Si en plus, tu racontes des trucs tristes et les déclames en gémissant une main à l’envers sur le front comme si tu souffrais de coliques ou d’une grande peine d’amour (c’est la même chose), c’est la gloire. Les nanas tombent comme des mouches, t’as plus qu’à ramasser.
Pas tombé dans l’oreille sourd.
Depuis, je m’entraîne tous les jours,
Les yeux au ciel, la main, sur le coeur
La voix chevrotante, le regard enjôleur,
Et ça marche. Pas toujours, de temps en temps.
Mais ça m’suffit, suis plus tellement vaillant.
Je suis un powète.