Mickaël Auffray nous présente son recueil de nouvelles "Vous êtes ici" (à paraître aux Editions Chloé des Lys)
Issu d'un ventre nourricier, l'auteur débute son parcours en 1982. De formation classique, il passe du statut de simple embryon à celui de fœtus. Après une carrière de fumiste dans un landau bleu, il se lève pour aller de l'avant. Sa bipédie acquise lui permet d'intégrer un établissement de la République visant à la socialisation de son espèce.
Professionnellement intégré à l'industrie, il prend rapidement conscience de l'aliénation que représente le travail à la chaîne. Dès lors, il s'engage dans le domaine commercial afin de vendre des objets à des personnes qui n'en ont pas besoin. Il quitte la piste de ce cirque mercantile pour recentrer son activité vers des considérations plus culturelles. L'auteur réside désormais non loin d'une jungle urbaine, il y a trouvé un travail manuel dans le champ pédagogique.
Bibliographie :
Ce coquin de Félix aux éditions l'échappée belle, 2015.
Makina et autres boucheries aux éditions La P'tite Hélène, 2018.
Recueils collectifs (Bordulot, DDK, Rooibos) et revues (FPM, Squeeze, Harfang)
« Vous êtes ici » est un recueil de 10 nouvelles exposant des personnages à l'adversité contemporaine:
- Araignée relate l'extermination d'une araignée sur fond de crise conjugale ;
- Crise de vocation traite des sentiments confus d'un commercial déchu ;
- Au revoir, bonne soirée interroge les motivations du don ;
- Samskeyti décrit l'urbanisation galopante à travers la vision d'un narrateur à fleur de peau;
- À la chienne expose l'aliénation d'un salarié qui travaille à la chaîne ;
- L'homme qui était bien garé caricature une saynète pour critiquer un certain journalisme ;
- Démission offre une plongée dans une entreprise de recouvrement ;
- L'impasse révèle les déchirures d'un couple au pied du mur ;
- Tout doit disparaître illustre la folie d'un jeune retraité qui jette tout par la fenêtre ;
- Vous êtes ici soumet un homme en quête de sens à une intrigue minimaliste.
Extrait :
Je me réveillai au bord du bitume, la campagne environnante pour panorama et une route déserte. Elle semblait l'avoir toujours été. Au bord de la chaussée, un petit panneau attira ma curiosité… Il était écrit « Vous êtes ici ». Je fus ravi d'apprendre que quelqu'un se souciait de ma présence en ces lieux, mais cette simple affirmation soulevait plusieurs questions : « ici » c'était quoi ? Et qui avait pris soin de rédiger ce message ? Le « vous » était-il la marque d'une certaine déférence à mon encontre ou bien celle d'un pluriel anonyme ? L'émetteur avait-il utilisé le « vous » afin que précisément je me pose cette question ? En décrétant ma présence esseulée « ici », on pouvait en déduire que le planteur de cette pancarte se trouvait ailleurs, bien qu'un jour il eût été « ici ». Précisément pour planter la pancarte. Je me mis en marche et je n'avais pas fait cent mètres quand je butai sur une autre pancarte du même style que la première : « Vous n'y êtes plus ». Je ne pus m'empêcher de songer à un canular, je devais être l'objet d'une blague savamment organisée par des pervers croisés la veille au soir. Mais quelle veille ? Rien ne me revenait sur les événements passés. Je relus la pancarte. Au fond de moi, je me sentais rassuré de savoir que mes quelques pas avaient été remarqués.
Mickaël AUFFRAY