Christine Brunet a lu "Identités" de Régine Laprade

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

Ce n'est pas, en général, le genre de livre que j'aime lire : terroir, témoignages biographies... pas ma tasse de thé... mais la plume de Régine Laprade a ce côté magique capable de tout : vous voyez, ce type d'écriture simple qui fait dire tout en chacun "moi aussi, je peux écrire...". Que nenni !

Je vous ai fait découvrir cet auteur avec "Le collier d'ambre", publié en son temps aux Ed. du Pierregord (coup de cœur) puis au fils de ses publications désormais aux Monédières. 

Cette fois, elle nous propose un voyage dans le temps : elle nous transporte au Maroc au moment de la seconde guerre mondiale jusqu'à la fin des années cinquante. Elle nous fait vivre cette période agitée de l'intérieur grâce au témoignage de trois personnages : M'Bark (un Goumier marocain dans le régiment Rhin/Danube), Pierre (un Français de France comme on disait à l'époque) engagé dans les Spahis marocains et Ennemond, un Zouave limousin qui participa à la libération de la Corse. Il y a aussi les souvenirs d'enfances au Maroc, l'ambiance de cette époque trouble, les histoires racontées par son père, un Français dans un régiment marocain.

Régine Laprade nous interpelle sur la place des "indigènes" dans la guerre et dans notre armée, leur héroïsme, leur engagement, leurs motivations. Mais elle va plus loin et relie ces destins à ceux de ces jeunes de banlieues, désœuvrés, sans racine, sans reconnaissance mais en quête d'une identité. 

Ces quatre histoires se mêlent pour nous dépeindre une réalité trop souvent galvaudée, gommée voire oubliée parce qu'elle ne plaide pas en faveur de notre pays.

Avec finesse, enthousiasme, émotion, nous écoutons ces quatre histoires de vie passionnantes... d'autant plus fascinantes que mon père (comme tant d'autres de sa génération) a fait partie intégrante du tableau durant son service militaire au début des années 50 : sergent chef d'un bataillon de tirailleurs sénégalais basé à Casablanca, il me racontait le courage incroyable de ces hommes qui, souvent, marchaient le ventre vide dans les caillasses de l'Atlas sans chaussures, s'y déchiraient les pieds et se les recousaient à vif avant de repartir, sans jamais se plaindre. Il me parlait des vols de bestiaux pour se nourrir, des clans tribaux au sein du bataillon...

"Identités" est un livre à découvrir et je suis prête à parier que la postface en fera réfléchir plus d'un !

 

L'auteur poursuit sa démarche avec un nouvel ouvrage "Le métis de Cao Bang"... L'Indochine... 

 

 

Christine Brunet

www.christine-brunet.com

 

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E
Ca a l'air très fort, très vivant. J'aime les souvenirs qui passent par la plume d'un des enfants ou petits enfants, pour le travail d"amour que ça a signifié d'une part, et puis aussi pour les éléments vécus, qui n'ont pas la froideur du récit factuel. Merci d'avoir présenté ce livre!
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