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l'invite d'aloys

"Secteur DBE 205", un texte signé Carine-Laure Desguin paru dans la revue AURA 121

Publié le par christine brunet /aloys

"Secteur DBE 205

 

   Le soleil brûlant ma peau, les étoiles scintillant dans le ciel, la pluie, la neige, je ne connais rien de tout cela. Jamais je n’éprouverai la joie de plonger dans la mer et de sautiller par-dessus les vagues. Jamais je ne vivrai ces instants de farniente allongé sur le sable chaud d’une plage hawaïenne. Je connais si peu de choses. Presque rien, en fait. Mon âge lui-même est incertain. Sur mon matricule se superposent des chiffres, l’histoire de ma naissance, et puis d’autres chiffres encore, des chiffres romains paraît-il. Du blabla qui m’importe peu. L'adolescence pointe son nez, mon corps se transforme. Je parierais pour douze ou treize ans. Deux seins poussent sur mon torse, je deviens une fille. Avant ça, j’ignorais si j’étais une fille ou un garçon. J’étais peut-être les deux à la fois. Dans mon secteur, le secteur DBE 205, nous avons tous plus ou moins le même âge, nous grandissons ensemble depuis toujours. Et ce n’est qu’aux premiers signes de l’adolescence que nous prenons connaissance de notre sexe. C’est le Programme qui décide de tout cela. Autant de filles, autant de garçons et autant de transgenres car « tout le monde doit avoir sa place ». Une société idéale. Ce n’est que mensonge, tout cela est programmé. Notre sexe lui-même est déterminé par ce Programme. Je pressens ces balivernes. Je joue le jeu.

   Chaque « matin », nous suivons des cours. Une espèce de pantin robotisé psalmodie des leçons. Le cours le plus important est celui de l’Histoire de l’Humanité, et principalement la période de l’an 2000 jusqu’à ce jour car c’est dans ces années-là, surnommées les « années de l’Éveil », que tout a commencé à foirer. Les Terriens se tapaient dessus pour une question de tunes, de territoires, ou d’un quelconque autre prétexte. Certains revendiquaient des territoires qui leurs auraient appartenu deux mille ans auparavant. Il y a eu des génocides gratuits partout sur la planète. Déjà, c’était le Programme. Des malins, des « spirituels » ont décrété que tout cela était écrit dans un grand livre poussiéreux qui avait traversé les deux mille ans précédant et que cette période noirissime s’appelait l’Apocalypse. Une fois cette période passée, tout rentrerait dans l’ordre. Le bonheur et la paix reviendraient sur la Terre. Programme, encore lui. Si j’en crois ce cours d’Humanité, nous en sommes là, nous vivons mes camarades et moi ce bonheur et cette paix sur cette « Terre ». Pour préserver cette sérénité, nous vivons ici dans le secteur DBE 285. Des autres secteurs et de leurs habitants, nous ne connaissons rien du tout. Nous ne les avons jamais croisés, ces gens-là. Existent-ils vraiment ? Il faut attendre que nous soyons «prêts », dixit le Programme.

   Dans ces années dites de « l’Éveil », tout s’est donc déglingué. La Terre s’est réchauffée de plus en plus. Les catastrophes climatiques étaient tellement « tsunamiques » que les pôles se sont inversés. L’Antarctique a fondu et sont apparues des centaines de pyramides, preuves que déjà, les Terriens de l’époque ignoraient tout de leur passé. Les scientifiques et les archéologues furent dépassés et ont tenté de berner les Terriens en racontant du grand n’importe quoi. Programme. Au final, l-la véritable Histoire de l’Humanité d’avant l’an 2000, nous ne la connaîtront jamais. On nous raconte des bobards pour nous endormir. Ou plutôt pour nous empêcher de nous réveiller.

   Pour en revenir à cette période de « l’Éveil », le réchauffement climatique s’est intensifié à une cadence folle. Les Terriens pouvaient pourtant provoquer des pluies torrentielles en ensemençant les nuages de produits spécifiques. Cela n’a pas suffi à vaincre la sécheresse. Des famines ont décimé des populations entières de l’hémisphère sud. Les scientifiques se réunissaient pour trouver des solutions. Mais nous le savons, c’est eux-mêmes qui avaient créés les problèmes. Programme. À qui a profité le crime ? voilà la question. Mes camarades et moi n’avons pas de réponse. Pas encore.

   Tous les jours, nous avons des séances dites « d’immersion ». Des hologrammes sont projetés autour de nous. Nous admirons les paysages de la Terre d’avant l’an 2000. Les océans, les montagnes, les lacs, et tout ça. Nous sommes émerveillés en regardant des humains qui se baignent dans des piscines, nous les entendons rire avec des petits humains, leurs enfants, nous explique la voix métallique de notre prof robotisé. Ces séances sont éphémères. Car certains de mes camarades pleurent parfois quand ils voient ces petits humains. Ce seraient des réminiscences transgéniques. Néfastes pour notre santé. Trop d’émotions en trop peu de temps.

   Des réminiscences, j’en ressens. La vérité martèle mes cellules avec un peu plus d’intensité chaque jour. Dans ce vaisseau inter-spatial premier du nom qui nous transporte et traverse l’univers depuis des centaines d’années, depuis en fait que le Programme a décidé de sauver l’Humanité, la vérité au sujet de nos origines est occultée par le Programme lui-même. Il n’y a aucun doute à ce sujet, j’en suis certain.

   La Vie pourtant se ravive en moi. L’autre jour, par inadvertance, j’ai cogné mon genou contre l’ordinateur de base, celui qui conçoit les hologrammes. Un hématome est apparu. Alors je me suis entaillé le bras gauche. Du sang a giclé. L’an dernier encore, c’était des filaments de fils électriques qui sortaient de mon corps par une espèce de petite fenêtre qui se situait au milieu de mon thorax. Lorsque l’hologramme du soleil est projeté dans une salle de cours, je ressens la chaleur de ses rayons sur ma peau. Et les étoiles, je les devine. Les gazouillis des oiseaux dans les arbres, je les entends. Toutes ces troublantes découvertes, je les tais. Et pourtant, lorsque j’observe certains de mes camarades, il me semble lire sur leur visage les prémices d’un sourire car au plus profond d’eux-mêmes, une joie survit.  

   Je stoppe là. Ces mots doivent restés secrets. Le Programme ne peut avoir connaissance de tout ce principe de Vie qui renaît en moi. Et, de toute façon, j’atteins les mille mots. Programme.

 

Carine-Laure Desguin

 

Publié dans l'invité d'Aloys

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"Sens dessus dessous", un mini poème signé Carine-Laure Desguin

Publié le par christine brunet /aloys

 

CARTE BLANCHE 3

Un collectif aux Éditions Jacques Flament : https://www.jacquesflamenteditions.com/583-carte-blanche-3/

 

sens dessus dessous

 

sens dessus dessous

ils se croisent au-dessus

se décroisent au-dessous

leurs secrets sont tabous

et les oiseaux dans les arbres

et les fleurs au printemps

sous un ciel de poèmes

 

Carine-Laure Desguin

 

Publié dans l'invité d'Aloys

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Christine Brunet en invitée du blog Aloys avec la fiche de lecture signée Edmée de Xhavée de son dernier thriller "Malfarat"

Publié le par christine brunet /aloys

J’ai lu Malfarat de Christine Brunet – Edmée De Xhavée

 

Eh bien, il s’agit de 423 pages truffées de rebondissements, mystères, moments délicats (y-compris ceux de l’amour, ses doutes et ses surprises), personnages hors du commun, et une enquête à bout de souffle.

Point de vue style narratif, on est dans le détaillé, le souci de véracité et vraisemblance, les dialogues concrets et changeants selon qui s’exprime, des descriptions de lieux, acteurs et ambiances qui font voyager le lecteur de page en page comme dans un film, tant c’est visuel.

Quant à l’histoire, elle commence loin dans le temps, dans une année 1943 provençale. Un étrange ordre de mission, la Résistance, la Gestapo, des collaborateurs, des tableaux dérobés à l’Italie, un chef de mission dénoncé puis exécuté. Des années plus tard, de nombreuses disparitions de jeunes filles se succèdent depuis longtemps déjà. Jusqu’au jour où on s’en prend aussi à deux adolescentes de la belle société, ce qui éveille une toute nouvelle attention. Une des demandes de rançon est tellement élevée que c’est là qu’un des tableaux volés fait sa réapparition, sa valeur devant assurer la libération de la victime. 

Une équipe policière – plutôt particulière – enquête, avec, dans l’ombre, une équipe parallèle composée de personnages bien campés aux passés et méthodes très singuliers. Parmi eux, la légiste Gwen Saint-Cyrq, l’attrayante et audacieuse création féminine de l’auteur, que l’on a déjà rencontrée dans d’autres ouvrages.

Pas d’inquiétude si c’est la première rencontre avec Gwen car lorsque le passé pointe son nez, une courte explication efface les points d’interrogation éventuels.

Gwen se sent immédiatement « happée » par l’enquête car son amie Nina, marginale et un peu brebis égarée, est enlevée elle aussi. Avec son partenaire Mortimer, elle remonte la piste qui n’est pas sans dangers, que ce soit par les représentants de certains groupes sociaux, mais aussi parce que tout ce beau monde est armé et sur les dents. C’est ainsi que l’on traverse les milieux de la drogue, de la prostitution, d’une certaine haute société, d’une association très intrigante.

Et, au centre et autour de tout ça, revient toujours le manoir de Malfarat, qui existe vraiment mais a un passé plus innocent et paisible sans doute.

J’ai passé des soirées haletantes en compagnie de cet ouvrage touffu, très animé et qui joint l’aventure à la belle écriture. Un grand plaisir.

 

Edmée de Xhavée

https://edmeedexhavee.wordpress.com

 

Publié dans l'invité d'Aloys

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Christine Brunet en invitée du blog Aloys avec le prologue de son dernier thriller policier, Malfarat

Publié le par christine brunet /aloys

 

Ceyreste. Février 1943

 

 

Il fait nuit. Il gèle à pierre fendre dans les ruelles pavées du petit village provençal. Toutes les fenêtres sont tendues d’un lourd tissu noir ou barricadées derrière les volets en bois. Pas une lumière ne filtre. Tout semble endormi. Pas un bruit.

 

Pourtant, en y regardant de plus près, une ombre rase les murs, avance avec circonspection, oreille aux aguets. Elle s’arrête sous un balcon, observe à droite puis à gauche, se déporte dans une zone plus éclairée et observe ce premier étage : un mouchoir esseulé et raidi par le froid pendouille sur une corde à linge. C’est le signal : la voie est libre.

Agile comme un singe, l’ombre grimpe le long de la gouttière, passe la rambarde, retire le mouchoir et tape le volet du bout de l’index. Le battant s’ouvre puis se referme immédiatement sur le visiteur.

 

L’intérieur de l’appartement est commun à toutes les maisons de village : tommettes en terre cuite rouge au sol, murs blanchis à la chaux, chaises en paille installées autour d’une lourde table ronde. Sur la droite, le coin cuisine avec sa pile en pierre de Cassis et le poêle à bois qui ronronne doucement. Dessus, un poêlon en terre garde au chaud le repas de la semaine.

 

Une jeune femme se jette au cou de l’homme, l’embrasse avec emportement :

  • Joseph ! Mon Dieu ! Tu es là, enfin ! Ce que j’ai eu peur ! s’exclame-t-elle en détaillant le petit gabarit fluet aux courts cheveux noirs plaqués sur le crâne. Tu en as mis du temps !

 

Elle regarde le pantalon, élimé comme sa parka, l’écharpe tricotée, les bottines usées, remonte vers la ceinture et devine la présence rassurante du Lüger qu’il trimbale partout.

  • Ça a été chaud… Hum, ça sent bon ! Les enfants ?
  • Au lit.
  • Les boches ?
  • Rien d’inhabituel. Tu as tes instructions ?

 

Il élude les questions pour ne pas mettre son épouse trop en danger.

  • Je mange et je repars.
  • Tu rentreras quand ?
  • J’en sais rien…

 

Il hésite et décide de lui en dire plus : elle est forte.

… Je dois partir sur Lyon…

  • Lyon ! Oh Bonne Mère ! Mais…
  • Chut… Ultra secret.

 

Elle essuie ses mains tremblantes à son tablier : elle est plus pâle que d’habitude.

  • Et j’aurai des nouvelles ?
  • Tu sais bien que non…  

 

Il évite son regard et s’installe à table sans aller voir ses deux gosses : pas l’envie qui lui manque, mais la pudeur peut-être, ou la crainte de ne plus avoir le courage de repartir.

  • Je te sers tout de suite…

 

Empressée, elle court vers l’évier, sort de dessous un bol puis se déporte vers le poêle et remplit l’écuelle qu’elle pose devant son mari avec un morceau de pain noir.

  • Des rutabagas… Rien trouvé d’autre.

 

Il grogne, mais enfourne la nourriture à toute allure.

  • Au fait, Mireille, fais attention aux Figuières. Ils fricotent avec les schleus.
  • Très bien… Mais notre Victor et leur fils jouent ensemble à la sortie de l’école. Je fais quoi ? Difficile de les en empêcher sans qu’ils posent tout un tas de questions…
  • Je sais… Mais tu dois être très prudente avec ce que tu dis aux enfants… Tu m’as compris ?
  • Je sais, mon chéri… murmure-t-elle en s’essuyant à nouveau les mains à son tablier fleuri. Tu sais que le père Figuières a disparu ?

Joseph acquiesce et passe simplement l’ongle de son pouce en travers de la gorge : exécuté.

  • Sur les ordres d’en haut… Un collabo de moins, c’est toujours ça… siffle-t-il, les sourcils froncés, mauvais.

 

Un caillou contre le volet. Il bondit comme s’il est monté sur ressort.

  • Il est temps, ma chérie. Fais bien attention à toi et aux gosses.
  • Attends ! J’ai quelque chose pour toi…

 

Elle sort d’un tiroir un papier plié avec un mot écrit à l’encre bleue qu’elle lui tend… « Llm Malfarat »

 

Il prend la missive[1], contemple l’écriture, fronce vaguement les sourcils très noirs, l’ouvre, en parcourt le message et empoche le papier sans plus d’explication.

  • Sois prudent !
  • Évidemment…

 

Il se lève, la prend par la taille, l’embrasse avec emportement et quitte le petit logement pour le balcon. En un clin d’œil, il a disparu dans la nuit. 

 

Texte de l’ordre de mission

« Pour la Question de font Chapelle ji serai le Samedi 9 Courant 13h

Ne manqueS paS di Etre ce Jour

GilReilGer »

 

 

 

 

Mars 1943

 

Des hurlements, des pleurs, des supplications… Au premier étage de la maison de village, quatre agents de la Gestapo mettent le petit appartement provençal à sac. À leurs côtés, deux Français de la Milice en long manteau noir, croix gammée au bras, montrent un empressement suspect. Une paire de boucles d’oreille en or disparaît dans l’une des poches avec quelques pièces de monnaie et deux tickets de rationnement découverts dans l’un des tiroirs renversés au sol. Les deux enfants et la femme sont poussés sans ménagement sur le palier puis dans les escaliers.

En bas, une voisine pomponnée, en robe fourreau décalée pour l’endroit et talons hauts, petit chapeau perché sur une coiffure sophistiquée, observe la scène, sourire mauvais aux lèvres : elle a dénoncé ses voisins sans états d’âme. Des communistes à ce qu’on dit, peut-être même des juifs… Le mari est toujours absent, dans le maquis à ce qu’on raconte.

Elle est du côté de la loi. Son mari l’était aussi ! Un bon Français éliminé par ces traîtres à leur Patrie, ceux qui se disent ‘Résistants’… Résistants à quoi, on se le demande !

Elle regarde la femme et ses deux rejetons partir vers la place où un camion bâché les attend. Enfin débarrassée… Enfin vengée !

 

Son regard croise celui de Mireille, haineux, puis celui de l’aîné, Victor, le copain de classe de son fils Paul et enfin les yeux noir charbon de la cadette. C’est une autre étincelle qu’elle y décèle, frissonne puis se reprend : quelle importance ? Ceux qui partent avec la Gestapo disparaissent à jamais.

 

Elle peut dormir sur ses deux oreilles…

 

[1] Cette lettre existe vraiment avec ses fautes… Seule la signature a été modifiée… Et ce n’était pas un ordre de mission… Du moins a priori !

Publié dans extraits, l'invité d'Aloys

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Carine-Laure Desguin en invitée de notre blog pour "Digue du cuesme, 82" : une chronique de Christine Brunet

Publié le par christine brunet /aloys

 

Carine-Laure Desguin… Aucun de ses écrits ne laisse indifférent, sans doute parce qu’elle manipule les mots avec un brio déroutant.

Ce petit recueil de 23 textes poétiques est un concentré de tous les superlatifs : il prend aux tripes peut-être parce qu’il est très personnel. Aucune ponctuation (inutile), il est pourtant rythmé par les syllabes qui percutent chaque vers, bousculent ce qui pourrait être une lettre mémoire, une lettre d’adieu, une lettre regrets. Chaque mot va à l’essentiel et parvient à chambouler le lecteur surpris malgré l’introduction d’Eric Allard qui donne le ton avec justesse.

 

Je ne vais pas m’étaler mais vous voulez un conseil ? Lisez ces 23 textes… et laissez-vous alpaguer par leur chant singulier !

 

Une publication du bimestriel Les chants de Jane n°34

 

Christine Brunet

 

Publié dans l'invité d'Aloys

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Carine-Laure Desguin en invitée de notre blog avec "Mises à nu", une chronique de Christine Brunet

Publié le par christine brunet /aloys

 

Quand je vous disais que Carine-Laure Desguin est une auteur incomparable ! Mise à nu est un méga coup de cœur !

Il s’agit non pas d’un recueil poétique, ça non… mais d’une sorte de mise… au point… succulente, jouissive, amusante et grinçante, tout à la fois ! Je vous assure !

Mais de quoi s’agit-il ? D’une partie de ping-pong… un tête à tête échevelé entre l’épouse et la maîtresse d’un directeur d’Industrie décédé depuis deux ans… L’épouse veut savoir… La maîtresse lui dit tout… ou presque.

Ironie, hargne, agressivité, menaces, humour noir… Carine-Laure utilise toute la panoplie des émotions (à part la joie) pour tenir ses lecteurs et les faire réagir au fil des passes vindicatives des deux femmes. Un jeu complexe où les personnages n’ont rien de lisse ou de conventionnel : la maîtresse est aimante, libre, peu intéressée par son apparence tandis que l’épouse est à la fois tordue, vénale, bon chic bon genre et autoritaire… Enfin, vous voyez le genre… Duo de choc. Tout le long de l’échange, une question revient en boucle : le choc se soldera-t-il par un KO ?

Mises à nu (dans tous les sens du terme) est un roman qui fait sourire… et jubiler !

A découvrir, je vous assure !

 

Christine Brunet

Christine-brunet.com

 

Publié dans l'invité d'Aloys

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En invitée du blog Aloys, une présentation signée Micheline Boland du collectif "Sanglantes" auquel elle a participé.

Publié le par christine brunet /aloys

Présentation du recueil collectif "Sanglantes"

Édité aux Éditions du Basson, avril 2023

(126 pages – 12,00 €)

 

 

LES AUTEURS

 

Les treize nouvelles qui sont à découvrir dans le recueil sont lauréates du concours organisé en 2023 par les Éditions du Basson situées rue de l'Ange, 28 à Marcinelle (Belgique).

"Sanglante" fut la seule contrainte donnée aux participants. Il s'agit évidemment d'un ouvrage où pointe l'hémoglobine…

 Dans ce livre, les nouvelles sont placées aléatoirement. 

 Les auteurs sont : Léo Betti, Micheline Boland, Philippe Botella, Florence Bulle, Christophe Cornu, Michel Decré, Jérémy Demeure, Brigitte Guilbau, André Lalieux, Jessica Lefevre, Rose-Marie Legrain, Alain Maklouel et Lorenzo Morello. Il est possible d'en savoir plus à propos de ces différents auteurs en lisant leur présentation. Celle-ci précède la table des matières.  

 

L'OUVRAGE

 

Les nouvelles de ce recueil ont un fil conducteur commun : le sang. Comme l'a écrit Jessica Lefevre les treize auteurs ont exploité le thème avec brio, diversifiant les genres abordés, afin de relever le défi littéraire.

 La région lyonnaise et diverses les régions de Belgique sont représentées.

 Les auteurs s'étant collés à la tâche offrent des histoires courtes de qualité en faisant passer le lecteur par un panel d'émotions différentes et parfois contradictoires: la peur, la réflexion, le dégoût, le questionnement, le rire, l'incompréhension, l'horreur.

Publié dans l'invité d'Aloys

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Carine-Laure Desguin en invitée avec son "Digue de cuesme, quatre-vingt deux"... Une lecture d'Edmée de Xhavée

Publié le par christine brunet /aloys

 

Digue de cuesme, quatre-vingt deux

 

Si ce n’est pas un chant d’amour que ce chant de Jane Carine-Laure Desguin, je n’y connais rien.

 

Christian-Zéphirin - dit Boule - passe dans la vie comme un boulet. En musique de fond, un rire plein d’enfance. Un rire qui ne sera jamais adolescent, mature, vieillissant, non. Autour de lui cependant, il y en a qui rient aussi, certes (comment ne pas rire, n’est-ce pas, malgré tout) mais brièvement, entre deux hurlements de désespoir.

 

une toute petite vie

doit-on dire si

petite si petite

si

exsangue de tant de choses

une vie de rien

une vie pour rire

une vie de rigolade

de rires de rades

je ne sais trop

 

Il a grandi comme un chiot indiscipliné, sans collier, sans gros yeux ou gros doigt.

 

alors pour toi

pas de phrases sévères

pas de refus, pas de discipline

libre enfant tu étais

errant dans la ville

juke-box à gogo

potes de comptoir très tôt

jeux de billes et puis de billards

et que sais-je

bien pire encore

 

Oh, Boule ne comprend pas le pourquoi de tout ce sérieux, ce besoin de mettre tout à sa place, d’ordre et propreté, des choses bien ennuyeuses et inutiles, il le sait bien, lui.

 

C’était d’ailleurs si bon de faire des concours de crachats et puis les 400 coups, et puis de faire rire les filles. Faites rire une femme et elle est déjà à vous. Il les a collectionnées, comme les cuites, les chats, les emmerdes, les dettes, les fous-rires, les potes-tapeurs, les grands sourires.

 

c’est dégoûtant de respirer tout ça

entre les crottes de ces chats chattes

chatons et combien sont-ils

incomptables comme tes bouteilles

des enveloppes fermées ou mal ouvertes

 

Insupportable et tant aimé pourtant. Exaspérant et incorrigible, inoubliable aussi. Et ce qui reste, c’est cette cascade de rires, mal à propos, déconcertants, mais aussi sa seule vraie richesse à partager : une joie surréaliste, une insouciance indécente – car les soucis, eh bien… les autres en faisaient les frais et les nuits blanches.

 

Toute petite vie, en dents de scie, en chute libre, un toboggan de plus en plus nauséabond et chaotique au fur et à mesure que l’atterrissage approchait. Boum ! Et pourtant sa cousine, il la reconnait jusqu’au bout de ce qui lui reste de souvenirs, sa complice de jeux sauvages et de crachats.

 

Une fois le halètement de colère/douleur épuisé, c’est l’amour qui se déploie et se dépose, comme une fleur coupée, sur ce qui reste de Boule, le boulet sans conscience…

 

nous regardons tous glisser

ces quatre planches bon marché

toi dedans Boule et ta toute petite vie

si petite

une vie de rien de rires seulement

et de bières fraiches

et de potes

et de meufs

 

Un petit livre, petit comme cette petite vie, mais qui chante fort, et imprègne, et partage cette étrange hommage fait de mots qui s’indignent et s’attendrissent, pour enfin s’apaiser et dire « C’était Christian-Zéphirin, et je l’aimais ».

 

Edmée De Xhavée

 

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En invitée d'Aloys, une chronique signée Christine Brunet du nouvel ouvrage de Carine-Laure Desguin "Mises à nu"

Publié le par christine brunet /aloys

 

Une partie de ping-pong échevelée, un tête à tête décoiffant entre l’épouse et la maîtresse d’un directeur d’industrie décédé depuis deux ans… Voilà ce que nous propose Carine-Laure Desguin avec « Mises à nu ».

L’épouse veut savoir… Tout savoir jusqu’aux détails les plus salaces. Et la maîtresse, comme un ultime pied de nez s’exécute avec une pointe de cruauté qui ravit le lecteur (faut dire que l’épouse  est fort peu sympathique… Mais nous y reviendrons). Elle lui raconte tout… enfin presque. Ironie, hargne, agressivité, menaces, humour noir… L’auteur utilise toute la panoplie des émotions liées au combat engagé pour nous tenir en haleine (curiosité mal placée ? Assumons !) et nous faire réagir au fil des passes vindicatives des deux femmes.

Jeu complexe où les personnages n’ont rien de lisse même s’ils ont un petit côté conventionnel qui, justement, est amusant (le cliché de situation, des personnalités en présence interpelle en nous amusant… Curieusement, il donne un rythme à l’ensemble) : la maîtresse est « plus » jeune, aimante, libre, indépendante financièrement, et peu intéressée par son apparence ; l’épouse, elle, est à la fois plus âgée, trop sûre d’elle et de l’emprise qu’elle pensait avoir sur feu son époux, vénale, bon chic-bon genre, calculatrice et autoritaire. Duo de choc !

Tout le long de l’échange, une question revient en boucle : le combat se soldera-t-il par un K.O. ?

D’ailleurs, tiens, l’épouse était-elle si aveugle que cela aux frasques extraconjugales de son mari ? Au fil des pages, on la découvre si manipulatrice que je me demande…

« Mises à nu » (dans tous les sens du terme), voilà un livre qui fait sourire… Mais oui ! Vous ne me croyez pas ? Lisez-le !

 

Christine Brunet

 

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Une auteur jeunesse en invitée d'Aloys... Joëlle Rochard qui nous présente "Le monde d'Oupakine"

Publié le par christine brunet /aloys

J'ai rencontrée Joëlle Rochard au salon des Ecrits grains à La Penne-sur-Huveaune... Ma voisine de table pour tout vous dire. L'univers qu'elle a créé avec son illustratrice, Agnès Perruchon, m'a franchement interpellée : le monde d'Oupakine... Un petit personnage bleu vraiment très attachant. Les textes sont bien menés, totalement adaptés à leur public (mais que j'ai lus avec grand plaisir!), les graphismes sont attractifs et Oupakine est...

Je laisse la parole à l'auteur !

 

MAIS QUI EST OUPAKINE ?

Oupakine est un personnage imaginaire, tout bleu, qui a des pattes de lapin, de petites oreilles et un ventre tout rond. Une nuit de grand vent, il est tombé de son étoile sur un grand lit de nuages, où il joue tout le jour. Le soir, il demande aux étoiles de lui raconter des histoires pour s’endormir.

 

LE MONDE D’OUPAKINE

Le Monde d’Oupakine est une collection de livres jeunesse ayant l’ambition de réunir des albums papier et albums numériques de qualité, tant au plan des histoires, de la langue, qu’au plan des illustrations et de l’impression. Les histoires sont pour certaines des contes originaux et pour d’autres des histoires plus proches de notre monde moderne.

Elle s’adresse à des enfants de 4 à 8 ans mais l’âge étant une affaire de maturité, l’indication reste relative.

J’écris les textes et Agnès PERRUCHON les illustre. Notre totale complicité donne une vraie cohérence à l’album et plus de force aux messages qu’il véhicule, messages que les parents pourront reprendre avec l’enfant pour l’aider à vaincre ses peurs, découvrir et comprendre le monde d’aujourd’hui.

A ce jour, deux albums ont été édités sur papier : « Plume et l’ogre » et « Gare à l’orage ! »

Ils sont disponibles sur le site : www.joellerochard.com

 

Au fait, qui est Joëlle Rochard

 

Elle a obtenu une maîtrise de lettres modernes  et est diplômée de l'IAE (Institut d’Administration des Entreprises). Elle a été professeur de Français en coopération, professeur des écoles certifiée en remédiation pédagogique et enseignante référente handicap pour le suivi des projets personnalisés de scolarisation.

Chez Itak éditions, collection « Pourquoi dit-on ? » (2 tomes), elle a réuni 20 histoires expliquant 20 proverbes aux enfants de 6 à 9 ans.

Puis, en collaboration avec l’illustratrice Agnès Perruchon, elle a publié « Plume et l’ogre » et « Gare à l’orage » (premiers ouvrages de la collection « Le monde d’Oupakine »).

Publié dans l'invité d'Aloys

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