Philippe Desterbecq nous présente son nouvel ouvrage, un recueil de nouvelles "Ici ou au-delà"

Biographie :
Passionné de livres, Philippe Desterbecq s’est lancé dans l’écriture de nouvelles au début des années 2000 en participant à des concours d’écriture.
Pendant ses 35 années de travail dans l’enseignement, il a pu rencontrer la littérature jeunesse et écrire un conte pour enfants « L’étoile magique », suivi de « Le livre magique ». Un troisième tome attend le verdict du comité de lecture. Il s’intitule « Le talisman magique » et termine la série des histoires « magiques ».
Après avoir écrit quantité de nouvelles, Philippe a publié un recueil intitulé « Textes et nouvelles de moi » aux éditions Elzévir.
« Ici ou au-delà » est donc son deuxième recueil. Des histoires vraies, un peu d’irréel, de piment, de suspense et ces nouvelles sont nées.
Un premier roman est prévu pour fin janvier 2019.
Ici ou au-delà : résumé
Il est très difficile de résumer un recueil de nouvelles. Je vais toutefois essayer de vous en parler en quelques lignes.
Tout d’abord, il faut savoir que toutes ces histoires sont vraies ou du moins la base est réelle puisqu’elles sont issues de brèves que j’ai lues à droite ou à gauche. J’ai brodé à partir d’un personnage, je lui ai inventé une vie, je l’ai confronté à d’autres héros, je l’ai placé dans diverses situations. Bref, je lui ai créé une vie qu’il n’a pas vécue à part l’événement lu dans ces petits articles de journaux.
L’originalité de ce recueil, il me semble, est qu’un personnage d’une nouvelle se retrouve dans la suivante. Pour boucler la boucle, le héros de la dernière rejoint celui de la première.
Nous commençons ces nouvelles avec un oncologue qui se trouve face à la maladie de sa meilleure amie. Pourra-t-elle la sauver ?
La filleule de cette femme médecin, Line, se retrouve face à son sosie parfait, Valérie dans la deuxième nouvelle.
Valérie va rendre visite à sa petite cousine Lilou, petite fille diabétique qui sera sauvée par son chat dans la troisième histoire.
L’héroïne du quatrième texte est Maïté, la marraine de Lilou. Le mari de la jeune femme s’est enfui avec son fils Malik au Maroc. Elle ne pense qu’à une chose : le retrouver !
La meilleure amie de Maïté est Claudine. Elle, son mari Viktor et leur petit garçon, Sébastien quittent tout pour le pays des kangourous. Là-bas, le gamin disparaît. Claudine fait appel à une voyante pour le retrouver…
Et la dernière nouvelle permet au lecteur de retrouver l’oncologue de la première qui sera amenée à soigner la voyante. Celle-ci lui révèle d’étranges choses…
Extrait du recueil
Adèle sourit. Ses pensées s’envolèrent vers l’hôpital. En quelques secondes, elles firent le tour de sa vie : son diplôme obtenu avec facilité, son travail d’infirmière qui lui fit rencontrer Lisette, ses fiançailles, son mariage, la naissance de son fils puis l’accident, la mort de celui à qui elle avait donné le jour, l’enterrement, la dépression qui s’en suivit, sa démission et puis son divorce qui avait achevé de la mettre à terre. Puis il y avait eu la tentative de suicide et sa lente remontée des enfers grâce à Lisette notamment. Cette femme était un ange. Non seulement elle soignait ses patients – ce qui était tout à fait normal – mais elle leur rendait visite chez eux, elle répondait à leurs nombreux coups de téléphone, même en pleine nuit, elle assistait à leur enterrement – car, bien sûr, un certain pourcentage d’entre eux mourait quoi qu’elle en dise – mais elle était toujours là pour ceux qu’elle aimait et elle avait toujours soutenu son amie. Avec tout ce temps passé pour les autres et pour d’autres raisons qu’elle ne s’avouait pas, elle n’avait pas pu avoir d’enfants. Adèle ne savait pas si ça lui manquait. Ils formaient un beau couple, elle et Claude. Ils s’entendaient très bien, même s’ils ne se voyaient pas beaucoup.
Adèle aurait voulu avoir plusieurs enfants mais la vie en avait décidé autrement. Le Ciel ne lui avait donné aucun autre fils que Baptiste, et puis, il le lui avait repris. Il avait vingt ans ! Vingt ans, c’est la fleur de l’âge. Il ne connaitrait jamais l’amour d’une femme, la joie d’être père, la tristesse de perdre ses parents. Il ne saurait jamais les joies et les peines d’une vie.
Adèle, elle, savait ! Elle savait la souffrance, le cœur qui explose, la tête qui cogne, les muscles qui lâchent, les larmes qui coulent sans arrêt comme une source vive, qui brûlent les paupières, qui encombrent la tête, qui bouchent le nez. Elle savait la douleur, le cri désespéré, cette impression de vide intersidéral, de gouffre sans fond, de ciel noir, de soleil mort. Oui, c’est ça, son soleil s’était éteint et il ne brillerait plus jamais.
Elle avait perdu pied, abandonné son travail, perdu goût à l’existence, s’était enfoncée dans un marais inextricable. Et, par la même occasion, elle avait perdu son mari. C’était normal. Il vivait depuis trop longtemps avec l’ombre d’une femme. L’autre l’avait éclipsée complètement, effacée de son existence et Adèle trouvait ça normal.
Après sa tentative de suicide, elle avait passé plusieurs mois à l’hôpital, mais plus comme infirmière cette fois, comme patiente, comme malade, comme folle ! Elle ne s’était plus trouvée dans le service d’oncologie mais en psychiatrie !
Lisette était venue la voir plusieurs fois par jour, elle lui apportait des fleurs, des bonbons, des revues, des romans, mais elle ne touchait à rien. Elle passait son temps couchée sur son lit à regarder le plafond et ses craquelures.
Lisette avait alors pris l’habitude de s’asseoir sur son lit et de lui lire des passages de ses romans préférés, des textes positifs, des phrases qui faisaient réfléchir, qui lui avaient fait comprendre qu’elle n’était pas la seule au monde à souffrir.
Lisette puisait dans les livres de Laurent Gounelle, de Frédéric Lenoir, d’Agnès Ledig, … Elle lui lisait des citations du Dalaï-Lama, de vieux philosophes. Elle était imperturbable, ne se décourageait jamais, ramenait chaque jour des mots positifs qui, petit à petit, pénétraient le cœur d’Adèle, s’insinuaient dans son cerveau malade.
Un jour, son amie laissa son roman sur le bord du lit en partant et Adèle se mit à lire la suite de cette histoire qui lui plaisait, qui lui faisait du bien.
A partir de ce moment, elle dévora tous les livres que Lisette lui amenait. Elle n’en avait jamais assez. C’était une véritable boulimie mais une boulimie qui ne faisait pas grossir, une boulimie qui lui faisait oublier, l’espace d’un instant, qu’elle était malheureuse.