Extrait « Des lendemains verts », le recueil de nouvelles signé Jerome Devillard
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Bleus, verts, et safran dominaient le paysage. Sous le ciel sans nuage, le sol ferrique des montagnes rougeoyait, brûlé par le soleil, tandis qu’à leurs pieds, la végétation s’organisait autour de points d’eau d’où s’élançaient quelques arbres. La vie s’étendait en un kaléidoscope subtil, fruit d’un fragile équilibre. Les parfums du bush se répandaient et m’enivraient. Ils me rappelaient mille et un souvenirs, mille et une mélopées ; du chant de l’eucalyptus lorsque le vent souffle dans ses branches au jappement du dingo appelant ses petits, tout me criait que j’étais de retour chez moi.
Le matin, une lumière chaude envahissait ma chambre. Les façades ocre des bâtiments se fondaient avec le rouge des monts et tel un écho à la terre, le soleil embrasait toute l’avenue. Ces feux étaient nuancés et apaisés par la fraîcheur qu’apportaient les plantes omniprésentes dans la ville. Les nombreux murs végétaux répondaient aux arbres originels qui parsemaient la cité. Les rues elles-mêmes, en un mimétisme abouti, reproduisaient les teintes de l’environnement. Ainsi une douceur émanait du lieu, laissant l’oreille prêter attention aux piaillements du bihoreau ou du loriquet, bientôt relayés par une autre mélodieuse cacophonie. Pitanjara, anglais, français et bien d’autres langages se mêlaient dans la rue qui s’animait. Pourtant, tout comme les façades se fondaient dans leur environnement, ces babils s’harmonisaient parfaitement avec les chants des oiseaux.
Jérôme Devillard