Micheline Boland nous propose une nouvelle inédite "Création du monde"

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

CRÉATION DU MONDE

 

Au commencement, il n'y avait que l'obscurité. Dans ce noir absolu se déplaçait un œuf. L'œuf attendait son heure pour éclore et révéler les trésors de ce néant apparent.

 

Un jour, il y eut un son, un son tellement aigu que la coquille se brisa révélant un immense soleil intérieur. Des flots s'échappèrent presque aussitôt libérant un homme qui s'encourut à la découverte de l'immensité.

 

Au commencement, il y avait un astre puissant, à la clarté tellement forte que le caché devint apparent.

 

Du ciel bleu zébré de langues de brumes et de nuages gris, une voix libéra un message à l'attention de l'homme : "Va, conquiers avec sagesse les beautés offertes par la nature, apprends de tes échecs…" Mais l'homme courait. Il n'avait que faire des paroles d'un créateur demeuré trop longtemps silencieux. L'homme s'enfuyait. Il craignait que du soleil descendent des rayons capables de le capturer. Il jouissait de sa liberté première.

 

Au commencement, il y avait un homme, un homme solitaire déterminé à explorer. La voix reprit : "Réfléchis, prends ton temps, goûte au spectacle. Sens, profite." Mais l'homme n'avait que faire de mots.

 

Alors la voix s'écria : "Retourne-toi. Tu n'es pas seul."

 

L'homme continuait de détaler lorsqu'il s'aperçut que sa bouche était sèche. C'était une sensation désagréable comme un feu qui l'empêchait de respirer. Il eut alors le réflexe de faire quelques pas vers l'étendue d'eau et vit son reflet. L'homme se trouva beau. Sur le miroir des vagues, il s'estima plus beau et plus puissant que cet arrogant soleil qui lui parlait.

 

La soif s'imposa de nouveau à lui. Il se pencha, prit une gorgée d'eau entre ses paumes, il but et découvrit qu'il était nu et triste. Un murmure le tira de son étrange sentiment. "Prends-moi la main", disait le murmure. L'homme aperçut la main tendue et la saisit. Une femme sortit du calme de l'eau.

 

Dans la mémoire de l'homme, au commencement, il y eut cette rencontre. Bien vite, l'homme oublia tout ce qui l'avait précédée.

 

Micheline Boland

Publié dans Nouvelle

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
E
Bizarrement j'avais "cru voir" cette publication et ne la retrouvais pas, voici qu'elle apparait aujourd'hui sur mon mur (tout vient à point pour qui... etc...). Et quel beau texte en effet, ça valait la pein de le retrouver! Merci Micheline..
Répondre
B
Que dire?...A part que j'ai aimé ce texte!
Répondre
M
Merci Christian, Séverine, Philippe et Carine-Laure pour vos commentaires.
Répondre
C
Un texte captivant que je viens de relire trois de suite. Bravo Micheline.
Répondre
P
Et voilà une autre façon de voir le début de la vie...
Répondre
S
Une bien belle histoire ! Et joliment contée ! Bravo et merci, Micheline :-)))
Répondre
C
La Genèse revisitée, avec Adam conquis par une sirène ! :))
Répondre