L'astronaute, le nouveau roman de Séverine Baaziz vient de paraître ! Présentation
BIOGRAPHIE
Née en 1978 à Amnéville, Séverine Baaziz vit en Lorraine.
Elle est informaticienne, romancière et rêveuse. De son imaginaire naissent plusieurs livres : Le premier choix (finaliste Prix Lire & Cri 2018/2019), Mamie Paulette (finaliste Prix Lions du roman régional 2018/2019).
Avec L’astronaute, elle signe un troisième roman saisissant de drôleries et de cruautés.
Résumé :
L’histoire des aventures abracadabrantes et périlleuses d’un homme paumé…
Michel Bracowski, astronaute, éperdu de tristesse d’avoir été quitté par sa femme, est invité à une toute nouvelle expérimentation. Sa mission : partir sans préparation ni équipage à la recherche d’une lointaine et possible civilisation.
Le voici donc qui décolle pour l’inconnu, emmenant avec lui ses antidépresseurs, ses phobies et les photos de son ex-femme.
Plus qu’un nouveau monde, c’est l’ivresse d’exister enfin qui l’attend.
Une fable, noire et délurée, qui brocarde en riant nos sociétés où l’Homme est son pire ennemi.
Extrait
Un jour, la meilleure amie d’enfance de Nathalie a débarqué à la maison. Il y a quelques années de cela.
Débarqué est bien le mot dans la mesure où je n’avais pas été prévenu et qu’elle est restée vivre chez nous près de neuf mois. Je n’ai trop rien dit, mais il n’empêche que la main que Nathalie m’a obligé à tendre à son amie en quête désespérée d’appartement est vite devenue le bras puis tout le reste. Au bout d’une semaine, je me souviens très bien, ses affaires prenaient la place des miennes (salle de bain et armoires comprises). Un mois plus tard, je me retrouvais contraint d’offrir ma place dans notre lit : le canapé du salon n’était pas l’idéal pour le dos de Carole, elles étaient toutes les deux bien contentes de causer entre filles avant de s’endormir « comme au bon vieux temps ». Et moi ? Eh bien, j’attendais patiemment qu’elles daignent libérer le canapé plein de chips et de pop-corn pour une nuit de quelques courtes heures avant d’aller travailler.
Plus les semaines passaient, plus la place m’étant réservée se réduisait. Si un homme n’avait pas mis le grappin sur cette Carole, elle n’aurait peut-être jamais quitté mon toit. Je n’ai rien dit, mais croyez-moi, j’en avais plein le dos.
Alors, quand ce type est apparu à l’horizon, visiblement dans le besoin, j’ai craint que tout ça ne recommence. La main, le bras et tout le reste. Autant vous le dire, je n’ai pas partagé l’élan spontané du professeur accourant à son secours.
L’homme en loques s’est effondré. Le professeur l’a relevé comme il le pouvait, à la force de ses bras, pour l’aider à faire quelques pas. A tituber. Lentement. Péniblement.
— Monsieur Bracowski, venez nous aider, nous avons besoin de vous !
Besoin ! Besoin ! Besoin ! Est-ce qu’on me demandait mon avis ? Non ! On m’imposait de bien vouloir. Et puis, qui nous disait qu’il n’allait pas, je ne sais pas, nous mordre ? Personne. […] Cet homme, là-bas, à coup sûr, il avait faim, alors il y avait un risque.
— Monsieur Bracowski !!!
On l’a allongé dans mon lit (quand je vous disais que je le présageais), et le professeur est allé chercher son attirail de médecin du monde. Puis de l’eau et de la nourriture. Des va-et-vient dignes d’un service d’urgence, mais pour un seul homme.
Il a beaucoup bu et peu mangé.
Pas un mot ne fut prononcé par l’homme tout maigre, sale et égratigné de partout.
Jusqu’au lendemain matin.