Brigitte Hanappe nous propose un extrait de son ouvrage à paraître "Pour un petit secret"
Extrait de : Pour un petit secret.
La foule bruyante venait de repartir les joues rosies par l’alcool, la bonne humeur et le froid. On était le 11 février : le ciel hivernal se colorait d’un bleu d’acier et la température était glaciale. Juliette était fatiguée mais heureuse car comme chaque année, tout ce petit monde était ravi de l’accueil réservé par les Binchois, lors des festivités.
– Allez, ma vieille, il faut t’activer encore un peu, pensa-t-elle tout haut.
Pour raviver son courage avant de ranger, elle se resservit un peu de champagne et leva son verre vers un portait d’elle, accroché dans le living. Elle voulait s’auto souhaiter « santé » mais elle resta bouche bée : une rose séchée était insérée au-dessus du tableau, une rose dont le rouge pourpre avait foncé en séchant. Juliette déglutit en s’approchant. L’année passée, lors du Dimanche-Gras, une fleur identique avait déjà été déposée au même endroit. Était-ce une attention de remerciement de la part d’un invité ? Peut-être avait-elle un admirateur ? Un inconnu qui avait des sentiments pour elle ou un ancien amoureux de jeunesse.
– Mamy, je peux garder Peppa Pig à la pitite télévision ?
Lisa, sa petite fille de 3 ans se dandinait devant elle, les yeux brillants.
Obligée de rester dans sa maison pour rassembler et laver les nombreux verres, elle avait proposé à sa fille de garder la petite. Cela permettrait aux jeunes d’aller s’amuser tranquillement pendant une heure ou deux.
En allumant l’ordinateur que Lisa confondait avec un écran télévisé, elle précisa :
– On dit : « REGARDER la PETITE télévision ».
Elle s’approcha ensuite du cadre pour enlever la fleur fanée et tressaillit en découvrant une photo jaunie enroulée autour de la tige. Son propre visage, avec les yeux fermés, y était imprimé. Cette image d’elle-même, profondément endormie datait d’au moins trente ans : elle était jeune, ses longs cheveux bouclés étaient éparpillés, sa peau fine semblait si pâle qu’elle se confondait avec la couleur blanche de la taie de l’oreiller.