Nicole Graziosi annonce la parution de "La fille aux yeux bandés"
Nicole Graziosi annonce la parution, après une longue gestation, de
! ! ! « LA FILLE AUX YEUX BANDES ».
L’image de couverture, réalisée par l’artiste néerlandaise Anka de Heij
illustre parfaitement le propos de ce que certains considèrent comme
un roman, certains autres comme une biographie, ou encore un
témoignage :
l’héroïne vit sa prime enfance dans les Alpes françaises, son
adolescence en banlieue parisienne, et son adulescence en région
bruxelloise.
« Adulescence », ça existe ? Pourquoi ne pas dire son « âge mûr » ?
Il y a dans le mot « adulescence » une connotation de progression plus
enthousiasmante.
Plusieurs extraits avaient retenu l’attention des premiers lecteurs et
suscité des réactions telles que :
« Ce n’est pas anodin », « Des extraits qui glacent le sang »,
« Déconcertant », « Quel peps ! »
Je propose un nouvel extrait plus ... tendre :
Pour un temps, l’hôpital le sauve .........
Il n’est pas encore sorti. On attend pour se prononcer le résultat d’un
dernier examen. Les analyses sont excellentes. L’unique souci qui
subsiste dans tous les esprits est celui d’organiser les visites du soir de
sorte que le visiteur puisse le faire manger. Le faire manger, le faire
manger ...
Pour un soir de carence, je propose d’assurer la relève. Je ne l’ai
jamais soigné, jamais nourri, ne lui ai jamais caressé la main. A peine
lui ai-je une ou deux fois d’un air distrait, remonté ses oreillers. Mon
appréhension est grande. Je dors mal à la perspective que mon
initiative lui déplaise. Je m’imagine maladroite, distante. Je
m’imagine souffrant de son regard méprisant et froid. Qu’est-ce qui
m’a poussée à proposer mes services ?
Il est souriant. Il m’embrasse tendrement. Il a retrouvé la parole et
nous bavardons un peu. Je porte à sa bouche de petites cuillerées de la
fade nourriture qui lui convient si bien, lui propose quelques gorgées
de liquide. Il mange avec plaisir. Sur son plateau, ne restent que
d’infimes traces de ce que fut son repas. « Eh bien, Monsieur, vous
avez bien mangé de soir ! constate avec admiration la jeune et
souriante personne qui apporte les derniers médicaments du soir.
« C’est ma fille qui s’est occupée de moi, ce soir. C’est Dorine, ma
fille de Bruxelles ! ».
Son air de satisfaction, de fierté, la douceur de son ton me font chaud
au coeur. Il me regarde sans méchanceté, sans haine, sans cette
désapprobation à laquelle je suis habituée depuis la nuit des temps.
Son regard dans le mien est celui d’un père. Je me sens sa fille. Et, le
moment venu, j’ai grand peine à mettre un terme à cet instant
privilégié.