L'invité d'Aloys n'est autre que Salvatore Gucciardo avec un nouveau recueil "Lyrisme cosmique" paru aux Ed. Astro
Sintagme literare
Publicatie a comunei Dudestii Noi n°2 (43) Aprilie, 2020
Director fondator : Geo Galetaru
Roumanie
Elisabeta Bogățan
Salvatore Gucciardo – Lyrisme cosmique
Un proéminent profil singulier de poète et peintre se disputant la primauté on rencontre dans la personnalité de Salvatore Gucciardo, né en Italie en 1947, mais vivant en Belgique depuis 1955. Son livre de poésie, „Lyrisme cosmique”, paru aux Éditions Astro, Charleroi, Belgique, 2011, confirme les mémorables mots dits de soi-même par l’auteur: „Je suis le peintre de l’au-delà”, idée soulignée par la revue „La nouvelle gazette” dans son numéro du 7 novembre 2017. La référence est faite à l’infini cosmique, à ce qui se trouve au-delà de notre planète. Et dans la représentation de „l’au-delà”, le peintre et le poète concurent, chacun avec ses outils spécifiques. De plus, le poème est accompagné par quelques suggestives peintures de l’auteur, qui prolongent heureusement l’univers poétique dans le monde des arts visuels.
Le poète met ce livre de poésie (qui n’est pas un recueil, c’est un unique, grand et majestueux poème) , sous la lumière des mots de quelques grands penseurs, parmi lesquels Albert Einstein : „La chose la plus belle qui soit est le mystère de l’univers, berceau de l’art et de la science”, Blaise Pascal: „Par l’espace, l’Univers me commprend et m’engloutit; par la pensée, je le comprend” et Henri Michaux : „Je ne suis pas un auteur, ni un peintre comme les autres. Je suis d’abord « un homme qui cherche ce qu’est la vie »” .
La préface de Michel Bénard, (Lauréat de l’Académie française, Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres, Poeta Honoris Causa ), qui nous introduit dans le „lyrisme cosmique” du recueil, souligne: „Qu’il se nourrisse de la sève terrestre ou se désaltère du nectar de la voie lactée, Salvatore Gucciardo, en finalité, n’a qu’une perspective, qu’une intention, véritable utopie, pouvoir communiquer avec l’univers, afin de peut-être restituer à l’homme son habit de lumière pour son renouveau”. Et encore: „Démiurge, il croit en de nouvelles lois, en de plus belles voies, en l’espérance d’une vie de sapience spirituellement pérenne.”
Assumant ce qu’il nomme „ma nature / bicéphale”, le poète exerce son oeil tant pour l’espace terrestre, que pour l’infinité céleste: „Je me vois dénudé de mon / rayonnement d’homme. / Je brandis mon étendard aux navires célestes, / à l’union du couple, // aux enfants qu’il engendre.” Le terrestre et le céleste s’entremêlent: „J’ensemence la terre de graines solaires // et je dépôse sur tes longs cheveux de blé // une fleur de lotus.” L’existence dans ces deux registres devient normale et inévitable: „Tu observes le point culminant dans le champ d’une nébuleuse. / La musique des sphères / efface ton amertume / et fait affluer le moût de ton sang. ” La liaison entre le céleste et le terrestre est faite par l’amour : „Sur le mont des cimes, / tu construis le nid d’amour. // La beauté du geste trouble ma nature / bicéphale. ” Et, aussi : „Tu te dénudes de ta robe / de safran / en oubliant le miroir céleste // pour te blottir dans les / draps de ma chair. ”
L’éloignement de ce terrestre n’étouffe pas la flamme de la passion : „J’ouvre la grille du rêve / pour aviver le feu de la passion.”
Dans ce prolongement du terrestre dans le cosmique, une communication avec les essences devient normale : „Tu enfourches les chevaux d’écume pour te substituer à l’essence de l’eau, // à la symphonie des vagues.”
La conception chrétienne du bien et du mal, de l’angélique et satanique, est perçue par le poète aussi comme étant structurelle au monde: „ Nous sommes anges et démons. / Une source ambiguë / vivant dans une incohérence cyclique. / La terre / nous impose sa raisond’être. // Le / mystère / habite la demeure de l’homme”
Le poète ressent la tentation de l’absolu : „ La mer de la constellation // me donne des ailes // Elle m’invite / À voyager / Dans le bleu de l’absolu // Chaque fois qu’un enfant meurt, tu enfantes d’une étoile. // Tu es la matrice de l’univers, / le trait d’union entre le ciel et la terre. // Tu es le reflet de la genèse.”
Il médite à la partie de céleste qui peut être retrouvée dans l’homme : „Nous / sommes / un élément / d’éternité dans le parcours ambigu. // Un silence sidéral / dans la broussaille infinie. // miroir de l’autre sur l’onde du néant, / mon souffle embrasse la chaleur du / rayonnement.”
Le poète constate que „le monde humain” est le siège du doute et de la froideur : „ Le doute habite ma demeure. ” et „ Je / suis / impuissant / devant la froideur du monde.” L’amour est le seul qui brise cette froideur.
Le poète espère qu’une communion consciente avec l’éternel, le cosmos, peut mener à une renaissance de l’homme dans la lumière de l’amour : „J’ouvre la fenêtre aux cités flottantes, / aux feux de l’espace, / à l’effervescence / harmonieuse. // J’aspire à la renaissance de l’homme, à la / floraison de l’âme.” Bien que, le poète observe, l’homme soit soumis à sa destinée: „Le poids du destin / est une force invisible, // un point d’interrogation / sur le parcours de l’être. // Nul n’échappe à sa destinée.”
Le poète se rend compte qu’il possède des connaissances difficilement accessible, acquises grâce à ses expériences humaines et à la fois à ses recherches du sens de l’infini, de l’absolu: „Je connais l’infinitude du gouffre. // la puissaance du verbe et les vibrations de l’être.” Et bien qu’il reconnait la faiblesse de l’homme, il ne renonce pas à la recherche du sens de l’infini : „Je suis sans armes / devant l’assaut des cyclones, / le flot des spirales. // Je guette une lueur / dans la nuit / épaisse.”
Il est doué de la clairvoyance, en tant que poète, c’est à dire il a la vision poétique de ce qui est au-delà du visible: „Des nuages de plasma / S’entremêlent / Aux grappes nébuleuses // L’aura cosmique / Révèle son histoire / Dans les rides du temps // Tout est mouvance / Les corps communiquent entre eux // Ce sont des ondes / Qui se métamorphosent / Au-delà du visible // Le puzzle planétaire / Masque un souci d’harmonie”.
Même sa bien-aimée est vue dans une lumière céleste, et il se rend compte que la pureté d’âme est un don des dieux: „La pureté / de ton âme / est un don des dieux. // L’effervescence se reflète dans tes yeux. // Que tu es belle dans ton habit cosmique. / Tu es la lumière qui scintille dans la nuit de l’homme.”
De plus, le féminin est vu de la même nature que la grande énergie cosmique créatrice, la grande mère cosmique : „Propulsé par ta luminescence divine / je suis / dans l’antre / de ton vagin. // Foetus en gestation, / tu me transmets / l’histoire de l’univers.”
C’est dans ce ton d’hymne à l’énergie créatrice de l’univers que Salvatore Gucciardo finit son poème, énergie d’où il même, le poète, provient: „L’image du big-bang / est présente dans la mémoire / de mon inconscient. / C’est un film de turbulence // dans les gènes de l’homme. // Je suis l’énergie de tes entrailles, / le point d’interrogation / du souffle de vie.”
Ce que cette poésie a d’originel et de puissant, c’est la rare force de transmettre l’image poétique de la communion de l’homme et surtout du poète avec les énergies créatrices, éternelles, du cosmos, de l’infini, de l’absolu.