Alain Charles nous présente son roman "Les viateurs"
Bio
Alain CHARLES habite Baudour, il exerce la profession d’ingénieur dans une société de construction en Wallonie picarde. En 2018, il publiait « Continuum », un recueil de nouvelles, en juin 2020, « Chronicovids », textes chronologiques sur la pandémie du Covid-19, et en janvier 2021, le roman « Le Serénateur ». « Les Viateurs » est son deuxième roman.
Résumé
Pol, un enfant de 10 ans, se réveillant dans le sous-sol de son immeuble, constate que la terre a tremblé et que la population a disparu. Une voix et une chouette le guident dans la banlieue dévastée. Il y rencontre Zabeth, une gamine délurée, recueille P’tit Poutch, un bébé abandonné, puis croise Le Poète qui a fui les couloirs du métro où les enfants gris, mangeurs de rats, font régner la terreur. Ensemble, ils sauvent Angèle sur le parapet d’un pont. La seule solution est de rejoindre la campagne et les forêts.
Dans une galerie aux dimensions infinies, parmi les attendeurs amorphes, Georges, le père de Pol, et Mathilde, la mère de Zabeth, discutent de la fin du monde, de la notion d’éternité, de la réalité du Big Bang, de l’existence de l’enfer. Ils cherchent les raisons qui ont provoqué l’apocalypse. Forçant « La Porte », ils négocient avec « La Voix » car leur seul désir est de retrouver leur enfant.
Que deviendra-t-il, seul, dans cette ville en ruine ?
Il leva les yeux, le ciel était bleu pâle, délavé, des filaments laiteux cachaient le soleil, puis il les baissa vers la terre brûlée, les troncs fumants, les buissons et arbustes carbonisés. Il eut envie de crier, mais hurler sa peur, sa colère ne servait à rien, personne ne l’entendrait.
Il se rappela la voix, elle avait un timbre, un ton, qui ne lui étaient pas inconnus.
***
— Vous dites que nous sommes dans une salle d’attente, je ne me souviens pas y être entrée, d’ailleurs nous ne voyons aucune porte.
— Chère dame…
— Mathilde.
— Mathilde, si nous sommes dans cette galerie à discuter, nous y sommes entrés et si nous y sommes entrés, tôt ou tard, nous en sortirons. La logique est implacable, inévitable, inéluctable et tous les adverbes en « able » qui conviennent à l’algorithme de la déduction. Une issue existe et nous la trouverons.
***
Au moment où il se leva, Pol entendit un son étrange dans la rue.
— Zabeth, tu n’entends rien ?
— Nothing, nada, c’est encore ta voix ?
— Non, de la musique, une flûte, comme celle que j’apprenais à l’école.
— Déso pas déso, c’est tes pavillons qui grésillent.
— Non, je t’assure, écoute.
Ils tendirent l’oreille et P’tit Poutch ronchonna d’être délaissé.
— T’as raison, mon coco, i’ joue faux.
Se précipitant à la fenêtre, ils aperçurent, à une centaine de mètres, un jeune homme très mince et très grand, tout de noir vêtu. Il s’arrêta de souffler dans son pipeau et commença à chanter.
— Assurancetourix au pays des soviets.
— Tu mélanges tout, Zabeth, le pays des soviets, c’est Tintin.
— Oki, monsieur je sais tout, kess qu’on fait ? Va voir en soumsoum et s’il ressemble à un thug, on s’cache.
— Zabeth, une personne qui aime la musique ne peut pas être un voyou.
— Hitler écoutait Wagner, du schnock, ça t’en bouche un coin.