Micheline Boland nous propose un texte de Louis Delville "Au commencement"
Au commencement…
Au commencement, il n'y avait rien et quand je dis rien, c'est rien.
Puis comme ce rien s'ennuyait, il a cherché et n'a rien trouvé !
Rien ne m'arrêtera, se dit rien et il continua sa quête.
Un jour qu'il s'amusait d'un rien, rien remarqua un grain de poussière. Un rien, un misérable grain.
Ils firent connaissance et décidèrent de collaborer. Ils créèrent une société destinée à trouver quelque chose qui ferait leurs beaux jours. Mais allez faire les beaux jours de rien et d'une poussière. Ce qui les sauva c'est une musique. Or la musique cela n'est rien mais celle-là les appelait à se déplacer et à traverser le temps. Quand ils arrivèrent à l'autre bout du temps, la musique les attendait et se joignit à eux.
Pendant des milliards d'années, il n'y eut rien sauf la musique et pas une poussière de plus. Eh oui, la génération spontanée ce n'est pas pour les poussières.
La musique avait beau augmenter son volume il n'arriva rien sauf que rien devint un peu sourd.
Puis un jour apparut un petit point jaune qui augmentait à vue d'œil. Il était lumineux et le grain de poussière se plaisait à voler dans la lumière.
Musique et lumière se rencontrèrent et miracle, il en sorti quelque chose. Un truc sans forme bien définie qui courrait partout. Rien décida de le rencontrer. Désormais, il n'était plus seul. Alors il prit une décision difficile et rien disparut sans laisser d'adresse. Personne ne sait ce qu'il est devenu mais de temps en temps on entend encore la musique qui susurre :"Non, rien de rien. Non, je ne regrette rien."
Louis Delville