Christine Brunet a lu « Place au hasard » de Chloé Derasse pour ActuTv
« Place au hasard »… Une couverture qui dit tout et… pas grand-chose. J’étais curieuse de plonger une fois encore dans l’univers de Chloé Derasse, dans sa façon de penser l’écriture. Curieuse et un peu effrayée par les 322 pages, faut bien l’avouer. Alors, déçue ? Jugez plutôt…
L’auteur nous propose une courte tranche de vie que beaucoup d’entre vous (nous) vivons chaque jour…
Allez, fermez les yeux… Imaginez… Il est tôt… C’est l’heure de partir bosser… Vous savez, le rituel « métro/boulot/dodo »… Mais là, focus sur le premier terme qui est, pour le coup, le train du banlieusard.
5h34… Tout commence… Enfin pas tout à fait parce que, cette fois, jeu du hasard, quelque chose va dérailler ; l’ordinaire va devenir, l’espace de quelques heures, « l’extra-ordinaire », le surprenant, un moment d’aventure dans un quotidien bien huilé.
Un homme saute les grilles de la gare ; Il est blessé. Qui est-il ? Un clochard ? Peut-être ou peut-être pas… Que lui est-il arrivé ?
Premier train, première vague des anonymes besogneux… J’ai dit « anonymes » ? Non… Le lecteur les connaît par leur nom, les découvre avec leurs petits travers, leurs ambitions, leurs courages, leurs timidités, leurs égoïsmes, leurs préoccupations journalières…
Chloé Derasse nous jette dans le siège du spectateur curieux que vous avez sans doute été un jour, celui qui, dans ce train du quotidien, pour tuer le temps, passe en revue les visages en se demandant qui sont ses inconnus silencieux et apathiques, quelle est leur histoire, quel pourrait être leur destin ? Non ? Vous n’avez jamais cédé à la tentation ?
Je sais bien que oui… et cette fois, plus de conjectures : les protagonistes de ce trajet sont bien plus que des affabulations…
Où en étais-je ? Ah oui, le blessé… qui monte dans ce premier train. On comprend qu’il n’est pas tout blanc… Peut-être un loufiat ? Il se cache, s’évanouit mais une fille le trouve… par hasard et… Bon, je n’en dirai pas plus…
Je vous invite à voyager aux côtés de Juliette, Kevin, Yvonne et Fifi (et d’autres), à partager une courte tranche de leur vie commencée dans le train-train quotidien et gris, dans la douleur pour Kevin (le blessé) et qui, au fil des pages, trouvera un élan inespéré ou étonnant.
Ouvrage très dialogué, très vivant, le lecteur écoute les protagonistes et lit à toute allure tandis que le temps s’écoule trop lentement pour les personnages. Jeu surprenant de rythme…
Alors, ai-je aimé « Place au hasard » ? Sans aucun doute ! Ce roman n’a rien d’un énième récit de train, de vie… Il est d’une originalité qui a su me séduire autant par son écriture simple et nerveuse que par son ambiance. Bravo !!
Christine Brunet