Carine-Laure Desguin a lu "L’île, elle et nous", de Marguerite Debois
Roman choral ponctué de courts chapitres à travers lesquels l’auteure donne la parole à chacun des acteurs de cette histoire, des touristes, mais aussi des autochtones. Une histoire aussi étrange qu’inattendue sur cette île grecque qui aurait tout du paradis sur terre …
Elle, c’est Athanasia Katsofé, une jeune adolescente éprise de liberté et de légèreté. L’an dernier, durant la crue soudaine d’une rivière, une seule personne disparait, elle, Athanasia. On n’a jamais retrouvé son corps. C’est Corin Peters, un Belge qui réside désormais sur l’île qui serait la dernière personne à avoir vu l’insulaire. Celle-ci n’avait pas voulu monter dans la voiture de Corin (son professeur de musique) qui lui proposait de la ramener chez elle, les inondations devenant dangereuses. Les parents d’Athanasia, Dimitri et Anna, furent ravagés par la disparition de leur fille. D’autant plus qu’ils avaient déjà perdu la jumelle d’Anathasia à la même date, des années auparavant. Curieux n’est-ce pas ?
Aujourd’hui, c’est la maison des Katsofé qui explose. Ils meurent tous les deux. Accident ou crime ?
Arthus et Marjolaine, des touristes qui louent un studio sur l’île aperçoivent Athanasia sur une route boisée. Corin entend un air de guitare qu’il avait enseigné à son élève disparue. Apolline, elle, sent une odeur de roses et elle se souvient qu’elle avait offert à son amie une eau de toilette à la rose. Hallucination collective ? Et ce John Bannerman, riche plaisancier désaxé et prestidigitateur d’un soir qui ne trouve rien de mieux au cours de son spectacle annuel que de faire disparaître une poupée dans une bassine remplie d’eau … Et il y a Séverine, une touriste célibataire, qui veut rester inabordable par son aspect bizarre mais qui néanmoins avait elle aussi observé Athanasia l’été dernier.
Ces cent septante pages dans lesquelles s’entremêlent profondes émotions et incessantes interrogations ne sont pas celles d’un thriller et encore moins d’une enquête policière pimentée de fantastique. Non, rien de ça. Et toute la prouesse de l’auteure se situe là, donner l’illusion au lecteur, par une écriture limpide et sans fioriture, qu’il évolue pas à pas sur la piste d’un criminel. Étrange n’est-ce pas ?
Carine-Laure Desguin
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