En avant-première, un extrait de Meurtres Surnaturels, volume III : Le Triomphe de Julian Kolovos Par Joe Valeska

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

– Ah ! s’exclama le shérif. Vous êtes là, Pendragon ! Saint-Amant, Camardon, je vous présente Phileas Pendragon. Il nous arrive tout droit du Royaume-Uni et il serait le meilleur enquêteur de son pays. Il va bosser avec nous quelque temps. Désolé de vous avoir demandé de nous rejoindre ici, Pendragon. Quand vous m’avez téléphoné, j’étais déjà en route. Vous avez trouvé facilement ?

Pendragon se contenta d’un : « Hum ! », puis il se dirigea vers la botte de celui qui serait identifié, plus tard, comme étant Nick Mann. Il inspecta la chaussure du mort quelques secondes, sans la toucher, puis, à son grand regret, il déclara d’une voix nette :

– La victime a été dévorée par un alligator de sept mètres. Peut-être huit. Bordel ! Vingt-trois pieds de longueur minimum.

– Mais non, c’est absurde… objecta Camardon. Ces affreux reptiles ne peuvent pas atteindre une taille pareille, voyons ! Jamais ! Sauf, peut-être, dans les films d’épouvante. Beau, oui, mais pas très réaliste !

Pendragon extirpa alors quelque chose de la botte. Une dent.

– Jamais ? Ça, c’est ce que vous croyez, répondit l’enquêteur. C’est très rare, mais on a déjà vu des spécimens de six mètres, et ceci, dit-il en montrant la dent de 2,36 pouces, c’est la dent d’un animal incroyable. Notre ami doit peser plus d’une tonne. Il est certainement plus grand que le Crocodylus anthropophagus, le plus grand prédateur rencontré par les premiers hommes.

– Est-ce que vous nous parlez d’un dinosaure, détective Pendragon ? hésita Saint-Amant. Encore un hurluberlu. Vous arrivez d’où, l’ami ? De Jurassic Park ?

– Je n’ai rien dit de tel, l’ami, mais je dis que la nature est pleine de surprises, bonnes ou mauvaises. Si un alligator géant se promène dans le Mississippi, ça va être l’hécatombe. Plus ils sont gros – il faut le savoir –, plus ils sont intolérants. Et notre Wally Gator, son territoire, il va le défendre. Mais ne vous inquiétez pas, je suis là. Les monstres, ça me connaît… Au fait, vous pouvez m’appeler Phil. Shérif Lafourche, une dernière petite chose, enchaîna-t-il. Je suis le meilleur enquêteur de mon pays. Vous avez utilisé le conditionnel…

 

Novembre 2018

 

Dans le petit salon, tassé dans un fauteuil en velours rouge, Adam sursauta quand il entendit la voix de Julian dans son dos. Il éteignit rapidement le poste de télévision, assez embarrassé, et se leva tout aussi vite, serrant la télécommande dans sa main droite, afin de faire face à son ami.

On aurait dit un adolescent surpris par ses parents au milieu d’ébats amoureux.

Julian, coiffé comme l’as de pique et mal rasé – il n’avait pas dû utiliser son rasoir depuis au moins une bonne douzaine de jours –, l’observa un moment avant de consentir à desserrer les dents. Il le fit précisément quand Adam, agacé par ce silence, allait lui-même ouvrir la bouche.

– Tu faisais quoi, petit frère ? lui demanda alors l’acteur, coupant son jeune ami dans son élan.

– Moi ? Rien de spécial… Je regardais… American Horror Story. Alors, comment tu te sens ? Ça me fait plaisir de te voir ailleurs que terré dans ta chambre. Ça te dirait d’aller faire un p’tit tour ? Je t’emmène où tu veux. On prend ma Corvette. Où voudrais-tu aller ? On fait c’que tu veux.

– Tu regardais Meurtres Surnaturels, menteur, répondit Julian sans émotion. L’épisode où je suis apparu, n’est-ce pas ? Tu fais ce que tu veux, tu sais… Tu n’as pas besoin de me ménager comme tu le fais. Je ne suis pas en sucre.

– Non, je le sais bien, d’Ju’. C’est que… j’aimerais tellement te revoir au sommet de ta forme. Tu me manques, mon frère. D’autre part, j’ai peut-être une piste.

– Je sais, Adam. Quant à ma carrière, elle ne m’intéresse plus. Tu parlais bien de cela, non ? Je suis mort, artistiquement. Mon retour dans Meurtres Surnaturels signifierait le boycott de la série. Ils n’ont qu’à rappeler cet empafé de Wolf et ressusciter Nick Mann. Je m’en moque. J’en ai fini avec le cinéma et la télévision.

– Arrête de dire que ta carrière ne t’intéresse plus, s’il te plaît. C’est un mensonge. Les choses vont finir par s’arranger, je te le promets. Va te raser, maintenant. On va aller faire un tour. Cela te fera le plus grand bien. Et à moi aussi…

Julian haussa les épaules et tourna les talons, bien décidé à retourner s’enfermer dans son antre.

– D’Ju’ ? Mais où est-ce que tu vas ? Mais réponds-moi, putain ! Et merde !

Furieux, le jeune homme le rattrapa et l’obligea à affronter son regard. Il hésita, mais il le fustigea. Comme Julian l’avait souligné, il n’avait pas besoin d’être ménagé.

– Tu veux que je te dise ? Tu commences vraiment à me casser les couilles, d’Ju’ ! (Julian se tint coi.) Oui, tu t’en prends plein la gueule sur Internet, c’est vrai… Mais tu as connu pire ! On a connu pire… Alors…

– Arrête, s’il te plaît, petit frère, s’impatienta Julian. Je ne suis pas d’humeur à écouter un sermon.

– Tu la fermes, maintenant, Julian ! s’énerva Adam. Tu vas monter te raser et prendre une putain de douche ! Parce que je te le jure, tu chlingues.

Prenant brutalement conscience qu’il commençait à déconner grave, mais blessé dans son amour-propre, Julian abandonna son ami sur un : « Je t’emmerde » tremblotant.    

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M
J'espère que tu rencontreras un joli succès.
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J
Merci beaucoup, Micheline. Les jolis commentaires que je lis sont déjà un beau cadeau.<br /> Il est vrai qu'un certain succès ne seraient pas de refus...
A
Je viens de finir la chute de Julian et je me réjouis de lire son triomphe !
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J
Merci beaucoup, Ani. J'en déduis que vous avez aimé... :)
E
J'en suis toujours au volume I, mais c'est affreux de me mettre l'eau à la bouche comme ça :) (Voilà que je vois que Carine-Laure parle aussi d'eau à la bouche... alors dans mon cas, comme je suis plongée dans ton travail, je vais corriger : un cocktail sang et champagne, car on ne boit pas du cheap chez ces gens-là...)<br /> <br /> Bravo!
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J
J'espère que tu t'amuses bien avec ma petite famille dysfonctionnelle, Edmée ;)<br /> Merci beaucoup de me lire... Julian aussi te remercie ;)
C
Merci pour cet extrait qui met l'eau à la bouche, ou plutôt le sang. J'espère que ce livre rencontre le public qu'il mérite.
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J
Merci beaucoup, Carine-Laure, c'est très gentil.<br /> J'aimerais tellement, oui...<br /> Merci beaucoup, Christine, pour le partage.<br /> Belle journée à toutes et tous.