Pascale Gillet-B nous propose une note de lecture du dernier roman d'Edmée de Xhavée "Lovely Brunette, tout simplement"
Belle lecture que nous offre Edmée avec ce dernier roman. A découvrir absolument.
Lovely Brunette est une femme qu’on aime infiniment à travers les mille anecdotes que l’auteur nous livre avec tant de tendresse, de vérité et de drôlerie que nous pensons les avoir vécues.
Ainsi, nous suivons Lovely Brunette dans sa cuisine où elle passe la journée entière à faire blinquer l’argenterie de toute la maison, papotant avec sa fille.
Un autre jour, en voyage en Yougoslavie toujours en compagnie de sa fille, Lovely échappe à Lerno, un contact épistolaire trop tenace et insistant en s’égarant dans un chemin terreux qui aboutit à une décharge sauvage de détritus.
Nous l’accompagnons aux séances de cinéma du mercredi après-midi. Lovely Brunette y emmenait ses enfants selon un horaire bien à elle sans lien avec l’heure du début du film de sorte qu’ils découvraient parfois la fin d’une histoire avant son commencement.
Nous rencontrons Lovely, l’écuyère parfaite et ses chevaux. Nous caressons ses chiens, entre autres Tara, sa dernière chienne qui a vieilli et s’est assagie avec elle.
Nous mangeons ses pâtes Miracoli, préparées à sa façon.
Nous nous sommes également promenés dans son somptueux jardin fleuri et parfumé, réelle présence vivante et bruyante qui se figea sous le gel le jour de sa mort.
Au-delà de ces anecdotes savoureuses - je n’en relate que quelques-unes - il y a par-dessus tout l’amour, l’admiration et le respect d’une fille pour sa mère.
Voici quelques extraits qui m’ont touchée et révèlent la poésie de l’écriture d’Edmée.
«Maintenant je les regarde, ces photos d’une enfant ravissante et je réalise que pour arriver à la vieille dame lasse et chiffonnée, il lui a fallu foncer en avant comme un train, tête baissée. Prendre des pelles, renoncer à de candides espoirs, en construire d’autres, aimer, faire mal, se faire mal, pleurer d’amour et de rire, blesser, trahir, guérir, réconforter. »
« Son moment de gloire, la gomme qui effaça bien des souffrances et des doutes. Et dont les photos prouvent combien, à 47 ans… elle avait encore tout le scintillement de la Lovely Brunette ! »
« Chaque voyage laissait un petit carré de la mosaïque qu’elle assemblait. »
« Nous nous sommes souvent disputées. Je vous dis disputées mais jamais je ne l’ai insultée ou ne lui ai parlé grossièrement. Nos disputes furent volubiles, sonores, suivies de longues et chaudes périodes fusionnelles. »
« Le soir tombé, nous étions repues de bavardages, d’intimité, de flots de mots qui auraient pu paraître inutiles –certes, nous n’avions pas changé le cours du monde- mais avaient ajouté quelques longueurs au tissu de notre lien, ce tissu qui encore aujourd’hui qu’elle n’est plus (ici), ne s’est pas rompu. »
« … la malice qui nous unissait en milliers de mots qui ne devaient même pas être prononcés. »
« On savait bien peu que l’on vivait des étincelles de bonheur. »
« Elle entre en courant d’air dans mes pensées alors que je me crois absorbée par autre chose. »
Je ne cite pas la dernière phrase qu’Edmée a écrite, c’est pour moi la plus belle dans ce roman d’amour.
Pascale Gillet-B.