Ani Sedent nous propose un second extrait de son dernier roman "Les oiseaux de pierre"
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Moins impressionnante que les Lithiks et ses pics sombres, dont les plus hauts tutoyaient les nuages, la chaîne des Échos n’en restait pas moins une chaîne montagneuse aux reliefs imposants. Composée de roche brute, comme une armée de pilastres gris, elle abritait un labyrinthe de sentiers qui, pour la plupart, ne menaient nulle part. Arcadius et son équipage y avaient disparu et le loup bleu, la truffe collée au sol, suivait leur piste dans ce dédale granitique où le moindre bruit se répercutait à l’infini.
Enfin, au débouché d’un sentier étroit et sinueux, apparut un cirque de roche grise où paradaient des sapins noirs, comme une garde inquiétante à un bâtiment dont l’architecture ne laissait aucun doute quant à son occupant ; une horreur à plusieurs étages, sorte d’hybride entre tour et palais, qui se voulait grandiose mais ne parvenait qu’à laisser perplexe. Au pied de ce monument à la vanité d’Arcadius, comme un gros sac de cuir moisi abandonné là, le cogne-dur attendait, ses petits yeux en boutons de bottine rivés au sol.
Angélie fit reculer Lupin.
Pas bouger ! chuchota-t-elle au loup bleu, qui pencha la tête d’un air interrogateur et s’assit tranquillement pendant que la fée cherchait un abri d’où observer le palais à l’insu de son horrible gardien.
Tapie dans l’ombre d’un rocher elle considéra le bâtiment, sorte de gâteau à étages bien loin de la tour ténébreuse qu’elle s’était imaginée, et constata que s’il n’avait rien d’une forteresse, y pénétrer allait être compliqué.