Fabienne Merkelbag se présente et présente "Sagrada Familia"
Fabienne MERKELBAG
Habite en région liégeoise
50 ans
2 filles, Florence et Romane
Etudes : licenciée en Philosophie et Lettres – section Histoire
Profession : Inspectrice de la Culture de la Direction générale de la Culture de la Communauté française
La nouvelle « Flo, source de vie » a été primée 2ème prix littéraire du Concours de l’Eau Noire, Couvin, Province de Namur, en 2006
Son premier ouvrage, Sagrada Familia, est publié aux Editions Chloé des Lys.
Sagrada Familia : fragments de biographie d’une quinquagénaire. Chroniques insolentes où la famille prend toute sa place. Florence, Romane, le Colonel et une multitude de personnages composent ces récits qui nous prouvent, sur un ton impertinent, que la vie n’est ni banale, ni morose. Chaque épisode est un clin d’œil acerbe teinté d’optimisme, une revendication de liberté mêlée à la mauvaise foi, un cri d’amour empreint d’humour…
Extrait
« Une semaine sur mon voilier nous propose Claire ? Nous, c’est Lucrèce et moi. Le voilier est amarré à Cadix. Cadix, en Andalousie, pas Cassis, à côté des calanques. Cadix, c’est plus à l’Ouest. Et plus au Sud… Oui, parce que la proposition n’était pas encore digérée que j’ai vite fait de revisiter ma boussole. Parait qu’un marin ne parle pas comme moi. ‘Au dessus’, c’est le Nord, ‘en bas’, le Sud. ‘A droite’, tribord et ‘à gauche’ babord.
Merde, faudra que j’informe Di Rupo qu’il est de babord et à de Wever qu’il est tribordien. Quant à l’ouest, j’y suis assez régulièrement pour savoir l’identifier rapidement…
Venez faire du bateau qu’elle nous dit Claire, à trois on passera le détroit de Gibraltar. Je vous expliquerai comment on navigue… Fastoche, me dis-je. Sportives comme pas deux, Lucrèce et moi avons, dans nos jeunes années, pratiqué une série de sports. On connait tous les termes concernant la pratique du canasson et nous sommes capables de traduire les yeux fermés les ‘lets’, ‘sets’, et autres ‘smashs’ tennistiques.
N’empêche, je dois bien admettre mon incompétence en termes de jargon maritime : j’ignorais qu’un ‘phoque’ pouvait s’écrire ‘foc’ et n’était pas uniquement un mammifère pinnipède ; je pensais qu’une ‘défense’ n’était que de l’ivoire interdit à la vente depuis le massacre de nos amis les éléphants ; je ne savais pas que le ‘duc d’Albe’ était, outre un tortionnaire ibérique, un poteau planté dans l’eau des ports, et encore moins qu’un ‘pont’ était autre chose qu’un jour où les fonctionnaires ont –encore- congé ; enfin, un ‘génois’ n’était dans mon esprit étriqué qu’un petit suisse beau, riche et consterné de ne pas m’avoir encore rencontrée…
Il est plus que temps que Lucrèce et moi élargissions notre vocabulaire, bien trop terre à terre. Il est l’heure d’endosser nos cabans de petits mousses et de s’imprégner du vocabulaire de Vasco de Gama afin de ne pas décevoir notre Capitaine chevronnée dans le domaine… »
Autre extrait :
« Jeudi, journée plus ou moins passionnante à rédiger des rapports sur mon ordinateur portable. Il est dix neuf heures. Mes yeux, fatigués, m’informent qu’une minute de plus devant cet écran et ils se ferment sans mon consentement, mes mains m’avertissent qu’une ligne supplémentaire et ce n’est pas sur le clavier qu’elles vont frapper… je me résigne à fermer l’engin et à passer à d’autres joyeusetés.
Que pourrais-je bien entreprendre en cette soirée morose où la télé ne débite que des Julie Lescaut, Navarro, et Commissaire Moulin ? Alors quoi ? Une bonne recette de cuisine ? Une heure de repassage ? Un coup de torchon vite fait bien fait ? Un coup de pinceau sur les murs de mon salon ? Que nenni : le frigo est vide, mon linge est tout fraîchement rangé dans la garde robe, le chien n’a pas encore maculé le sol de traces de pattes et si je compte bien, il y a moins de quinze jours que j’ai peint la porte du salon en vieux rose… ‘framboise écrasée’ qu’ils disaient sur le couvercle du pot de peinture ; je ne sais pas ce qui est écrasé mais je me dois d’être honnête, j’ai l’impression depuis de vivre dans la maison de Barbie
Et pourtant je le veux, mon travail manuel ; à la fois pour penser à autre chose qu’aux aides indirectes des centres culturels ou des compétences des animateurs des maisons de jeunes, à la fois parce que si je cherche bien, le boulot ne manque pas dans la baraque… ça y est j’ai trouvé, je vais ranger les armoires de la salle de bains !
La salle de bains, LE lieu de détente rêvé, l’antre des douceurs et autres plaisirs aquatiques, c’est cela une salle de bains … sauf chez moi… plus depuis que les filles ont pris possession des lieux comme s’il s’agissait d’un jour de soldes chez Wibra. De tout dans tout, qu’il y a dans ma minuscule pièce de 3 mètres sur 2. Les brosses à dents partagent le verre ad hoc avec la terre de Sienne, le maquillage flirte avec les médocs, les aspirines couchent avec le sèche cheveux, les gants de toilettes camouflent la crème dépilatoire, les pommades ‘anti boutons noirs’ se mélangent avec le talc blanc… un véritable souk ! M’est d’avis que si je cherche bien, je trouverais un contrôle de maths de ma cadette planqué dans la trousse des sparadraps !... »
Fabienne MERKELBAG