Histoire Loup-Phoque... Une histoire de Jean-Michel Bernos !
Histoire Loup-Phoque
Quand ma femme gardait des enfants, je me régalai à leur faire des tours.
Au début ils pleuraient pensant que je leur voulais quelque mal, mais ils finissaient très vite par comprendre que le crochet à la cave n’était pas là pour y pendre les gamins dissipés ou que la momie du château n’était qu’un pauvre vieux qui faisait sa promenade journalière. Même la main surgissant par la fenêtre pour les emporter quelque part sur orbite n’était qu’une pure invention !
Cela dura un temps, puis ils finirent par me dire d’un air nonchalant :
« Pfeuhhh… c’est une blaaaague ! »… Alors je commençais à leur chanter des comptines ou les emmener au parc, mais ça m’ennuya très vite !
Il fallait rapidement que j’imagine quelque chose.
Durant un moment, ils trouvèrent tous seuls le moyen de se divertir en faisant le petit train jusqu’à l’école. C’était rigolo, tout le monde ne suivait pas à la même vitesse et très souvent il déraillait sous les yeux attendris des passants qui disaient : « qu’est-ce qu’ils sont sages ces enfants ! ».
Je leur faisais même des petits tas de bâtons avec lesquels ils fabriquaient des cabanes pour les fourmis. Ces dernières s’y sentaient tellement bien qu’elles commencèrent à bouffer mes plantes par la racine – Alors évidemment je cherchais à me venger.
Je devais trouver quelque chose de plausible qui puisse les embarquer au pays de nulle part… où tout est vrai, où le rêve embellit les choses et les rend étranges et merveilleuses.
L’un des gamins avait un lapin… et vous savez comment sont les enfants, ils partaient en délire sur les choses étranges qu’il aurait pu vivre. L’idée me vint alors d’inventer des noms d’animaux extraordinaires, du genre : le lapin-chèvre ou l’éléphant-girafe. L’imagination n’avait aucune limite et nous nous mîmes à créer un zoo imaginaire et fabuleux. Il y avait le chien-mouton, la grenouille-lézard, le chat-perché et le chat-citron… oui, nous finîmes même par y adjoindre des choses moins vivantes mais un peu plus acidulées !
Nous avions trouvé l’âne-serpent, le bœuf-carotte (mais celui-là, je crois qu’il existe déjà !), la fourmi-poisson, le requin-tigre, et la pêche-abricot… pour finalement prendre conscience que certains étaient vraiment plausibles.
Il y avait le fou-chantant, le marteau-piqueur et même le loup-garou… mais comme les enfants recommençaient à avoir peur, on clôtura définitivement le bestiaire avec le loup-phoque !
Jean-Michel Bernos