JM Bernos en invité avec une fiche de lecture d'Hamid Fekhart pour l'Illusion
J’ai lu l’ombre d’une illusion, par Hamid Fekhart
J’ai pu déceler une imagination fertile à commencer par l’idée générale (une ombre qui se détache de son maître pour recouvrer la liberté) jusqu’aux détails qui soulèvent des questions très pertinentes quant à l’essence de l’homme, son développement, ses relations avec ses semblables, avec la nature. Le livre, à mon sens, est une invitation à reconsidérer la vie sous ses diverses facettes, à respecter la sagesse millénaire, à ne pas balayer d’un seul revers de main les legs des civilisations ancestrales…
La courageuse ombre d’Etienne m’a fait découvrir les contradictions des hommes, les inégalités infondées, les vices inutiles… Comme elle nous invite à la sagesse, aux bonnes valeurs et surtout au bon sens.
Les circonstances par lesquelles l’ombre d’Etienne s’est détachée… d’Etienne m’ont d’emblée donné à réfléchir. N’est-ce pas suite à des difficultés que celle-ci a réalisé qu’elle pouvait réellement se libérer ?
Maintenant qu’elle s'est libérée, permettez-moi de vous dire ce que l’ombre mobile, volant littéralement, comprenant le langage des animaux, savourant les joies d’autrui, compatissant avec les souffrants, condamnant les inégalités… m’a finalement enseigné.
D’abord une prise de conscience de la dépendance, puis son rejet. « Rien ne peut exister sans cet antagonisme, source de mouvement ».
Puis cette avidité de découvrir, de connaître, de comprendre. Aussi une invitation à ne pas se détourner de la beauté de la nature, des eaux, des oiseaux des feuillages… Encore une invitation à aimer le travail et surtout respecter les hommes de métier… En un mot : une invitation à aimer ce monde qui est le nôtre.
L’ombre est aussi humaniste. Elle refuse les geôles, l’incarcération arbitraire et surtout sauvage. Elle veut un homme digne, respecté et respectable. Chacun fera sa lecture de cette délivrance « irréfléchie » opérée par l’ombre d’Etienne.
L’ombre tente-t-elle de nous inciter à prêter attention à tout ce qui nous entoure et d’évaluer chaque chose à sa juste valeur ? C’est en tous cas ma lecture. Est-elle subjective ? Je m’en contente largement.
Plus nous connaissons, plus il nous est difficile de nous prononcer et d’affirmer ! La réflexion que l’ombre a faite quant à la « gloire » est si frappante ! Certaines phrases devraient inciter l’humanité à réécrire l’histoire autrement et surtout à réinventer la justice !
Réconciliation, fraternité, équilibre, cohésion, sagesse, concessions, universalité, endurance, compréhension mutuelle… sont des mots que l’ombre d’Etienne, après un long apprentissage, défend, sans l’ombre d’un doute. L’harmonie de l’univers tient à nous. Le plaidoyer de l’ombre d’Etienne est sans équivoque : aimer son prochain comme l’on s’aime.
Etienne n’a pas perdu son ombre, loin s’en faut ! Elle était juste allée s’abreuver dans la nature, dans l’histoire, dans les animaux, dans le fond des hommes : leur souffrance, leur faiblesses, leurs qualités cachées… pour tenter de bâtir une vie meilleure, une société meilleure, un monde préférable, où tout un chacun aura son lot de lumière et de joie…
Je sais maintenant que la lumière existe puisque les ombres existent. Il suffit juste de regarder « un peu loin que son nombril », pour voir cette ombre, preuve irréfutable de sources permanentes et intarissables de bonheur… Pourvu qu’on admette que l’homme est loin d’être une machine à faire… et à se faire mal ! Pourvu qu’on apprenne à écouter attentivement nos ombres… nos consciences…
L’ombre d’une illusion est une leçon de vie.
Hamid Fekhart
"La pieuvre noire"