Josy Malet-Praud a lu "Une belle époque" de Kate Milie
UNE BELLE EPOQUE
Kate MILIE
Editions Chloé des Lys, 2009
Pour écrire un bon roman, il faut, dit-on, du talent, du travail et de la chance. Le talent chez Kate Milie ne fait aucun doute, le travail est perceptible à toutes les pages, quant à la chance, on peut se demander si elle en a vraiment besoin…tant les deux premières conditions sont remplies et suffiraient.
On dit aussi que pour –faire- un bon roman, de ceux qui sont accueillis avec enthousiasme par les lecteurs, il faut avoir quelque chose à dire, l’écrire avec passion et dans le plaisir. Kate Milie a des messages pertinents à délivrer, une culture à partager et le fait avec une ferveur indiscutable. Ses lecteurs le sentiront, qui liront avec un plaisir certain ce roman très complet et, à mon avis, parfaitement réussi.
C’est un roman étonnant. Par une structure hors du commun, comme à travers la richesse sociologique et culturelle de son contenu, la finesse des intrigues, l’art d’installer à point nommé les séquences de tension, et cette faculté assez rare de pouvoir conjuguer l’ensemble pour dérouler une histoire très actuelle, parfaitement cohérente et captivante de bout en bout. On oscille entre le passé et le présent, le réel et le virtuel ; la cadence maitrisée exclut toute monotonie ou longueurs soporifiques, le style est personnel et soigné, adapté aux ambiances, l’écriture est belle... J’ai savouré !
La Belle Epoque, au sens historique, est celle autour de laquelle cinq internautes réunis dans un salon virtuel vont se trouver liés par la fascination pour un peintre et celle des mots.
La passion pour un peintre du 19e, Gustave Klimt, m’est apparue comme la partie émergée du roman où les profondeurs vont révéler peu à peu les replis clairs-obscurs des comportements humains, filtrés –souvent masqués ou déformés- par les effets trompeurs du virtuel. Nul doute que la Belle Epoque exerce un véritable pouvoir de séduction sur Kate Milie qui offre d’ailleurs au lecteur un fragment généreux de la vie de Klimt ; et l’on appréciera aussi le regard rationnel, bien éclairé, qu’elle porte sur le développement des relations sur le net, une toile dont le principe même favorise des rapports si souvent nébuleux.
Deux univers parallèles s’enchevêtrent, se nourrissent l’un de l’autre pour conduire le récit jusqu’à son terme. Un épilogue inattendu qui, sans laisser le lecteur sur sa faim, le surprendra encore, une dernière fois.
« La belle époque » a du succès. Il ne peut en être autrement. C’est à mes yeux une très belle réussite, la première pierre sur laquelle Kate Milie peut sans crainte construire un édifice : une carrière d’écrivaine.
Josy Malet-Praud©Nov.2010
www.lascavia.com