Journal de bord...
journal de bord, samedi 8 janvier 2011
Un rideau rose (ou mauve), transparent, nouveau, ouvre ses portes. Une route pavée, qui se prolonge, au loin, sans grosse flaque d'eau apparente, s'y rallie. Et le PC est lent ... à faire démarrer, ce matin. A vol d'oiseau, derrière les champs, derrière les sentiers, la France somnole. Trois buches sommeillent sur les carr'lages. Et le PC est lent. La "base virale" a pourtant été mise à jour. A vol d'oiseau, un bistro (devant lequel les courses cyclistes ont lieu en été) a pris feu. Depuis quelques mois, déjà. Du rouge et du bleu (dans des espèces de sachets en plastique élargis) recouvrent encore le toit. Tiens ! Une lampe de mineur (miniature) accrochée sur un fil. Tiens ! Des femmes chauffeurs de poids lourds coupent leurs cheveux pour ne pas être la cible des "mâles" qui pratiquent le même boulot qu'elles. Des aires d'autoroute en sont témoins. Tiens ! Un sapin qui danse ... sous la folie du vent. Tiens ! Dans un appart', à Ganshoren (ou Wahington), résidence Mozart, là où le bus passe tous les matins (ou toutes les sept minutes), un homme ne supporte pas son voisin, qui ne remarque pas sa femme (à l'arrêt de bus) et dont les beuv'ries, le sam'di, sont loin d'être reluisantes. Tiens ! La nuit dernière, je voyageais dans une fusée. Trois secondes plus tard, un compère astronaute, qui s'était laissé pousser le collier de barbe, me croisait, rue du Grand Central, Charleroi, et me ... tirait la gueule. Tiens ! La nuit dernière, j'ai croisé une petite fille, en train d'engueuler, en compagnie d'un de ses p'tits frères, son autre petit frère ... qui pleurait à gros bouillons et qui (apparemment) le f'sait exprès. Tiens ! Dans un appart' moderne, intérieur américain, je marchais à vide, j'avais peur de la réaction de mes proches et j'avais peur de recommencer la s'maine (lundi approche déjà). Tiens ! A Dour, ville de Belgique, où un festival célèbre a lieu en été, les rues se perdent ... malgré l'échafaudage vert (à peine flagrant) au dessus de l'église.
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Hugues Draye huguesdraye.over-blog.com |
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Journal de bord 22 janvier 2011
Comme j'ai initié cette rubrique, je vais vous y raconter une rencontre qui me fait encore sourire quelques heures après...
Nous avons une bibliothèque dans notre village ouverte quelques heures par semaine. Flambant neuve. Les bénévoles qui s'en occupent sont franchement sympas, très enthousiastes... peut-être un peu décontenancés lorsque j'arrive. Pourquoi, me demanderez-vous ? Disons que je fais office d'extraterrestre et à plus d'un titre, surtout depuis que le bruit court que je suis éditée.
Donc, aujourd'hui, je m'y rends pour leur donner quelques livres. Deux personnes en train de référencer les nouveautés dont un homme d'une cinquantaine d'année peut-être, que je n'ai jamais vu. Il est grand, mal rasé, élancé, la bouche un peu dédaigneuse.
Sa collègue me présente:
- Madame... euh...
Mon nom lui échappe sur le coup. Voilà qui augure bien. Du coup, je supplée à son trou de mémoire de bonne grâce. Elle reprend :
...Tu sais... Elle écrit... Tu as forcément entendu parlé d'elle !
- Euh oui, vaguement, je crois...
Tu parles qu'il connaît au moins mon nom ! Dans ce village, comme dans tous les villages de France et de Navarre, tout le monde sait tout avant même que ça se soit passé ! Il me toise, me déshabille quasiment du regard, puis grimace vaguement:
- Alors vous écrivez... Quoi ?
Peut-être s'attendait-il à ce que je lui parle poésie ou roman sentimental, quoique... Il doit savoir ça aussi...
Je réplique sans sourciller:
- Des polars.
- Des policiers ? Ah bon !
Il me dévisage à nouveau et poursuit:
... genre Agatha Christie ?
- Ah non... genre...
Je cherche une réponse qui, de toute façon, est évidente et je la lui livre avec un sourire:
... Genre moi...
- Ah... Avec des meurtres ?
- Ben, un polar sans meurtre... C'est compliqué...
- Avec du sang ? complète-t-il alors que je le sens mal à l'aise.
- Oui... Des meurtres, du sang, enfin la totale...
- Ah... Alors pas mon genre... murmure-t-il en reprenant son petit air dédaigneux.
Sa collègue, pour désamorcer la tension qu'elle croit sentir soudain, fait dévier la conversation sur le monde de l'édition. Une lectrice entre pour ramener ses bouquins. Je m'esquive alors sur la promesse d'une nouvelle visite.
J'aimerais bien savoir ce que mon interlocuteur pense de moi, à présent...
Me voilà peut-être haussée au rang d'extra-terrestre sanguinaire, qui sait...
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