L'artiste, un poème de Jean-Michel Bernos
Le musicien transi s‘est assis sur ce banc,
Lampadaire blafard, dans la nuit sombre et triste.
Un soufflet de fa dièse s’évapore et s’étire,
Tandis que les orchestres amenés par le vent,
Reprennent en harmonie les refrains de l’artiste,
Gâtant la ville lasse d’un éclat de saphir.
Son illumination semble l’abandonner.
Il a perdu le rêve qui le portait souvent.
C’était sans bien compter sur le beau souvenir,
Celui des feuilles rouges, tombées après l’été,
Qui charriaient ainsi, ses notes heureusement,
N’oubliant rien de lui, négligeant de mentir.
Il doute du talent qu’un jour on lui remit,
Espère en l’intuition, aspire à céder l’œuvre.
S’applique à rendre unique un ouvrage gracieux.
Bien des oiseaux sans voix, on trouvé un ami.
Comme les chœurs ravis, ils vont à la manœuvre
Voici en même temps les chants venus des cieux.
D’un vol ou bien d’un dard, le jour entraîne l’onde,
Porte le son joyeux d’une comptine oubliée.
L’artiste s’éveille alors, et au matin sourit,
Ne sachant rien du bien que lui porte le monde.
Il réalise l’heure de ce bonheur loué.
Il retourne à la vie, découvrant son mépris.
Jean-Michel Bernos