L'une ou... l'autre rive, de Danièle Deydé : un extrait
Cette nuit, les deux amies ont peu dormi, et voilà que le jour n’est plus très loin.
- C’est l’heure, murmure Samia.
- Je suis prête, répond Adèle à voix basse. Elle laisse planer un silence, puis elle ajoute : « Je te confie tous les cahiers que j’ai écrits ici. Tu m’y retrouveras.
Elle pose un regard de tendresse sur celle qu’elle abandonne derrière elle, l’enlace et la serre avec fougue sur son cœur.
- Je ne t’oublierai jamais, répond Samia. Je garderai précieusement ces carnets pour toujours. Toi aussi pense à moi.
- Tu le sais bien que je ne t’oublierai pas ! Est-ce que j’ai, un jour, arrêté de songer à Choline ? Ce sera pareil pour toi… Tu vas me manquer !
Adèle secoue la tête comme pour chasser des regrets.
- Allons, reprend-elle, il faut que j’y aille, il est temps. Je t’écrirai chez Aïcha dès que possible et j’espère te donner une adresse à laquelle tu pourras me répondre.
Elle embrasse son amie encore une fois, elle se lève et, furtivement, se glisse dans la ruelle obscure. Samia referme la porte avec précaution, s’allonge sur sa couche et se laisse aller à son immense chagrin.
Danièle Deydé
L'une ou... l'autre rive