L'une ou... l'autre rive, de Danièle Deydé : un extrait
Allongée sur le lit, les yeux rivés au plafond de la chambre, Adèle s’absorbe dans la contemplation des ombres qui se meuvent là-haut. Elle se laisse bercer par ce lent mouvement produit par les palmes des hauts palmiers qui s’agitent sous le souffle du vent du soir, dans le parc situé sur l’arrière de l’hôtel. Elle s’abandonne un moment, elle se sent lasse, désemparée. Elle se demande si elle ne s’est pas trop précipitée lorsqu’elle a pris la décision de venir en Algérie. Mais, aussitôt, les mots de Choline lui reviennent et elle sait qu’elle ne pouvait faire autrement que de les entendre. Alors, elle se repasse le film des évènements de l’après-midi. Etre une femme dans ce pays ne facilite pas la vie, et une française en plus ! Cela rend les gens méfiants. Il va lui falloir joindre Samia pour lui demander de l’aide.
L’idée de revoir son amie la stimule, elle reprend confiance et se lève pour l’appeler. Longtemps, la sonnerie du téléphone retentit dans le silence de l’écouteur. Samia n’est pas chez elle. « Pourvu qu’elle ne soit pas partie en déplacement pour plusieurs jours » s’inquiète Adèle. Le lendemain, c’est pareil. Personne ne répond à ses appels et la jeune femme sent le découragement la gagner. Alors elle se souvient que Samia lui a parlé d’un grand quotidien pour lequel elle rédige régulièrement des articles et elle décide de se rendre sur place pour trouver une trace de son amie.
Au siège du journal, Adèle est bien accueillie. En effet Samia est connue, mais il n’est pas question de faire savoir à qui que ce soit où elle se trouve, ni où elle loge. « Vous comprenez, il y va de sa sécurité. Donnez-nous un numéro de téléphone où elle pourra vous joindre et nous lui ferons suivre. C’est tout ce que nous pouvons faire. » « Je comprends » balbutie Adèle très déçue et contrariée car il va lui falloir encore attendre et le temps presse, pour Choline, mais aussi pour elle, pour Bertrand et pour Julien.
Le lendemain, Adèle traîne devant le plateau de son petit déjeuner. Elle se demande ce qu’elle va pouvoir faire de sa journée qui risque d’être bien longue lorsque le la sonnerie du téléphone la fait sursauter. C’est Samia ! Elle vient juste d’apprendre que son amie se trouvait à Alger et avait besoin d’elle. Adèle lui expose la situation et, aussitôt, son, interlocutrice décide : « J’annule tous mes rendez-vous de la journée et je serai à ton hôtel dans une heure. »
Danièle Deydé
L'une ou... l'autre rive