Nouveau jeu... Père Noël n'aime pas les répétitions
PÈRE NOËL N'AIME PAS LES RÉPÉTITIONS
C'était la veille de Noël et Josette se réjouissait déjà de déguster le merveilleux repas de Noël que concoctait sa grand-mère.
Tous les ans, dès le 23 décembre, la vieille dame se rendait chez son volailler pour y choisir une dinde bien dodue. Elle achetait aussi de la purée de marrons, des airelles, des pommes reinette, du foie gras et tout ce qu'il fallait pour que ce soit vraiment la fête.
Mamy avait l'art de creuser les pommes pour présenter les petites baies rouges nappées d'une gelée de groseille… Un petit goût sûr et sucré à la fois… Josette adorait cette préparation délicieuse. Elle n'en mangeait qu'une fois l'an mais toujours avec le même bonheur. Noël n'aurait pas été Noël sans ce repas de rêve chez Mamy.
Il faut dire que la table était toujours décorée avec goût. Des petits lutins étaient posés partout sur la magnifique nappe blanche, les rennes du Père Noël semblaient courir derrière eux en tirant le traîneau rempli de minuscules paquets. Des jolies étoiles colorées étaient disposées çà et là autour des magnifiques assiettes de porcelaine et des verres en cristal étincelants. Chaque année, il y avait de nouveaux sujets d'émerveillement pour Josette.
Josette et ses parents ne fêtaient pas le réveillon car ils assistaient à la messe qui commençait à vingt heures dans la petite église de village. Traditionnellement, toute la famille s'y rendait à pied…
Cette année là, l'hiver avait été précoce et la neige recouvrait le chemin qui menait vers l'église.
"Qu'importe, nous partirons plus tôt pour ne pas manquer les chants qui ponctuent l'office. D'ailleurs Monsieur le curé a demandé à ses fidèles de venir un peu à l'avance pour répéter…", avait décrété son papa.
"Répéter des chants connus, c'est nul cette idée !" avait répondu Josette mais sans susciter la moindre réaction de ses parents. On ferait son devoir, point final !
Vers dix neuf heures, sa mère l'avait emmitouflée dans son manteau de laine. C'était pratiquement le seul jour où Josette pouvait porter ce merveilleux et chaud manteau offert par sa marraine.
Josette se sentait pareille à une belle dame du temps jadis. Elle avait chaussé ses plus belles bottes et mis un bonnet de laine rouge. De quoi affronter les frimas de la saison et les gros flocons qui tombaient. On aurait dit des millions d'étoiles qui scintillaient dans la nuit glaciale.
Josette chercha bien à retarder l'heure du départ. Elle espérait échapper aux répétitions dirigées par Mademoiselle Lebas, chef de chorale et accessoirement sacristine. En vain. Papa et Maman sont sortis et Josette a suivi !
Quand ils sont arrivés à proximité de l'église, Josette et ses parents ont entendu les chants : on répétait déjà ! Mais quand son père a voulu ouvrir la porte, la vieille clenche n'a pas daigné tourner. Papa a insisté en poussant de toutes ses forces, en vain. Puis, il a tambouriné. Sans résultat. À l'intérieur, les chants continuaient de plus belle et empêchaient probablement les fidèles d'entendre que quelqu'un voulait entrer ! Les minutes passaient sans que personne ne viennent ouvrir cette satanée porte !
À vingt heures précises, comme par miracle, la clenche s'est débloquée et Josette a cru entendre un petit tintement de clochette au moment où son papa a poussé la lourde porte en chêne. Josette est entrée en suivant ses parents et tout le monde a pu admirer son beau manteau. Elle s'est assise au premier rang à côté de ses condisciples et a entonné "Les anges dans nos campagnes" avec entrain pendant que le curé s'avançait vers la crèche pour y déposer l'enfant de plâtre.
Sans savoir pourquoi, Josette avait échappé aux fastidieuses répétitions qu'elle n'aimait pas du tout. Elle considéra la chose comme un petit miracle de Noël.
Au retour, comme chaque année, on a mangé du cougnou et bu une bonne tasse de chocolat chaud. De quoi bien dormir pour aller fêter Noël le lendemain midi.
Le 25 décembre au matin, Josette s'est éveillée et a regardé par la fenêtre. Le temps était superbe et une neige immaculée tombée pendant la nuit recouvrait le paysage.
Le voyage vers chez Mamy s'est déroulé sans encombre et dès son arrivée, Josette a reçu un beau livre d'images et une pièce d'argent toute brillante.
La table de Mamy était superbe et Josette sagement assise sur sa chaise pouvait à loisir contempler les petits sujets qui ornaient la nappe blanche. Son attention fut attirée par le traîneau tiré par les rennes. Elle avança la main et le toucha. À ce moment précis, elle entendit un petit tintement identique à celui de la veille devant l'église. Il lui sembla même que Père Noël lui avait fait un petit signe de la main…
LOUIS DELVILLE