Paris-Nantes-Vie, un poème de Claude Colson
PARIS-NANTES-VIE
En léger contrebas, les lignes jaunes du colza
En balles traçantes s'éloignent de moi, vite.
Les rafales vertes des blés en herbe
Succèdent, comme après impérieuse invite.
Seules l'ocre des terres labourées, en attente de gerbes,
Leur offre encore maigre alternance, là-bas.
Le Pullman du T.G.V. m'offre confort ;
De faibles tressauts accompagnent le spectacle.
Une ligne d'éoliennes pointe se pales-sémaphores.
Elles tournent en désaccord à l'oeil qui renâcle.
Pour les passagers, dans leurs sièges affalés,
C'est l'heure de l'assoupissement
Suite au frugal repas, tout juste dévoré,
Avec aux oreilles la berceuse du sourd grondement.
Assis à contresens tu songes à la vie
Qui progresse - aussi fuit - toujours devant
Et si des années écoulées le plateau bien fort penche,
Redresse le fléau, regarde l'enfant qui rit,
Prends le meilleur des mois,
Vis tes jours en dimanche !
N'aie aujourd'hui souci ni crainte ni peur ;
Surtout oublie, oublie bien qu'un jour viendra ton heure.
Claude Colson
claude-colson.monsite-orange.fr