Visions apocalyptiques, une nouvelle d'Alain Magerotte
Cela fait deux jours que Gabrielle Robert est enterrée. Depuis, la région est recouverte d’un épais brouillard, qui semble prolonger ainsi le deuil d’une enfant du pays. Un orage annonce son arrivée en grondant dans le lointain. Il se prépare à embraser le ciel et à bombarder la contrée d’une pluie diluvienne.
De santé précaire, Gabrielle Robert a mené une existence de trente ans sans guère d’intérêt. Ses maigres ressources disparaissaient promptement dans le gousset du médecin qui tentait, vaille que vaille, de lui maintenir la tête hors de… la fosse, avec un faible succès. Le physique de la pauvre fille se dégradait; aucun signe ne se profilait à l’horizon qui aurait pu rendre un peu d’espoir à Gabrielle. En attendant que sonne le glas, elle vivotait, poursuivant, bon gré mal gré, son chemin de croix avec la dignité conférée à ceux qui souffrent.
Le jour de sa visite, le médecin trouva porte ouverte et silence complet dans la demeure de Gabrielle Robert. L’homme de science se rendit à l’étage pour constater que sa malade, allongée sur son lit, ne donnait plus aucun signe de vie.
Alertées, les Autorités s’occupèrent de faire inhumer la défunte.
René Lorge est le gardien du cimetière où repose Gabrielle. Le calvaire de la jeune femme l’a ému au point de le révolter : pourquoi le destin s’est-il acharné sur cette malheureuse ? Qu’avait-elle fait pour mériter cela ? Voilà un mystère que René aimerait élucider. Ce n’est pas le seul, car, du fond de son cabanon, flanqué à l’entrée de la nécropole, notre gardien ne se contente pas de rêvasser devant l’enceinte grise et lépreuse du cimetière… l’homme lit des tas de bouquins, s’interroge à propos d’une foule de choses au sujet desquelles il voudrait obtenir des éclaircissements… tiens, par exemple, parlez-lui des deux grandes questions fondamentales de la vie : le commencement et la fin. Il est intarissable là-dessus. Tout ce qui touche à notre présence et à notre destin ici-bas le passionne et l’intrigue… voilà pourquoi, l’infortune de Gabrielle Robert est digne de requérir toute son attention.
« Pour le commencement, je ne sais pas, mais pour la fin, t’es aux premières loges, René » se plaît à ironiser son pote, Albert, le fossoyeur.
La préoccupation est universelle quant au mode dans lequel le monde et la vie humaine ont commencé et, encore plus important, comment finiront-ils ou quelles catastrophes l’homme devra-t-il annihiler pour survivre ?
Les prophètes, tant religieux que profanes, se sont également intéressés à l’éventualité d’une apocalypse totale. Le voyant français du XVIème siècle, Nostradamus, habituellement sibyllin quand il s’agit de dates précises, choisit d’être exact à la prédiction suivante :
« En l’an 1999, au septième mois, viendra du ciel, un grand roi de terreur… »
La théologie islamiste a prophétisé que la religion musulmane durera jusqu’à peu de temps après que l’homme a marché sur la lune. Selon une tradition bouddhiste, le bouddhisme se terminera avec la déposition du treizième Dalaï Lama, ainsi que c’est arrivé.
Une prophétie de l’Ancien Testament dit que la deuxième venue du Messie viendra dans le cours d’une génération après la réadaptation des juifs dans leur patrie originelle.
Et celle qui est la plus splendide réalisation de la civilisation meso-américaine, le calendrier Maya, indique une interruption catastrophique à la date du 24 décembre 2011 qui devrait correspondre à la fin de l’époque actuelle, la cinquième, de l’histoire de l’humanité.
Le cinquième ciel, appelé Toniatiuh, devrait prendre fin avec d’imminents cataclysmes ou séismes.
L’importance de ces divers mythes et traditions de menaçants désastres ne consiste pas dans le fait qu’ils varient de dates mais, dans leur concordance et impressionnante convergence vers la fin de l’actuel second millénaire, le 2000 A.C. en astrologie, l’ère des poissons. Reste à savoir si les anciens avaient raison…
… Et Albert de mettre son copain René en garde contre ses lectures :
« Qu’est-ce que t’as besoin de te prendre la tête avec ces trucs de dingues… qu’est-ce que ça peut foutre d’où qu’on vient et où qu’on va… regarde la pauvre Gabrielle et tous les autres… toi, moi… on vient tous d’une mère et on finit tous dans le trou, point final. »
Quand le fossoyeur fait son entrée dans la cahute de Lorge, de puissants éclairs déchirent le firmament dans de fracassants roulements du tonnerre comme si, là-haut, on avait décidé de tirer quelques tardives salves en l’honneur de Gabrielle Robert.
« Dis donc, René, il te resterait pas un peu de café, par hasard ?… Avec ce qui va dégringoler, je me réchaufferais bien un peu…
- T’as de la chance, Albert, je viens juste d’en passer… je te sers une tasse…
- Merci… en venant, vu le temps qui se prépare… je pensais aux prédictions de tes fameux bouquins…
- Tu ne les as jamais lus !
- Oh, mais tu m’as suffisamment raconté… tiens, la dernière fois, je n’osais pas m’endormir par peur de pas profiter de mes derniers instants…
- T’en fais pas, l’apocalypse, ce n’est pas pour demain… tout au plus, pour après-demain…
- Arrête, je vais trouiller à nouveau… tiens, à propos de trouille, en jetant les premières pelletées sur le cercueil de la pauvre Gabrielle… j’en ai ressenti une bonne, de trouille…
- Ah ?… Voilà que le travail te fait peur maintenant.
- Déconne pas, je te jure que c’est la première fois que ça m’arrive… c’était… à cause du bruit…
-… Des coups sourds… ils venaient de sous-terre… du cercueil de Gabrielle… »
Les feuilles des fiers cyprès s’agitent frénétiquement et se courbent aussitôt sous la violence effrénée du vent qui se déchaîne avec une rare sauvagerie. Un éclair vient zébrer les tombes, immobiles et quiètes; l’ouragan fait rage, inondant le sol d’une pluie drue et battante. De puissantes bourrasques accompagnent l’averse, obscurcissant le ciel lavé, noyé dans la grisaille. Sous la poussée d’une nature dévastatrice, quelques branches cèdent. Elles gisent, tordues, sur le sol détrempé. Par dizaines, les pots de fleurs, sortis des alvéoles, tournoient sur les sentiers, vidés de leur contenu qui s’écrase ou s’accroche aux grilles des tombes dont les portes, rouillées, grincent lugubrement. Une fosse récente, prise sous l’avalanche, se remblaie sans peine. Une croix haute et mal assurée s’abat au sol, brisant sur son passage une autre croix ancienne. Les allées en pente du cimetière sont des rus sur lesquels flottent des fleurs et des vases qui n’ont pas résisté aux assauts de l’averse qui redouble de violence. C’est le spectacle dantesque d’une infinie désolation qui s’offre à René et à Albert, spectateurs silencieux, impuissants, collés à la fenêtre du cabanon.
« C’est la fin du monde » lâche sentencieusement René.
« Tu m’avais cependant dit que ce serait pas pour tout de suite » s’inquiète Albert. Lorge ne relève pas la remarque du fossoyeur. Il poursuit sur une autre idée :
« Quand il fera plus calme, nous irons sur la tombe de Gabrielle…
- T’as juré de me faire peur, toi…
- Ce n’est pas moi qui ai parlé de bruits suspects… mon idée est que ça doit être un rongeur, ton bruiteur…
- Oui, c’est ça, un rongeur… un rat assurément… y en a beaucoup dans le coin… »
Mais le déluge se prolonge au-delà des heures de prestations des deux hommes, obligeant René à repousser au lendemain le désir de se rendre sur la tombe de Gabrielle Robert. Ils prennent congé l’un de l’autre et chacun regagne ses pénates en se protégeant du mieux qu’ils peuvent de la nature en folie.
Rentré chez lui, Albert, trempé jusqu’aux os, baisse les volets avant de prendre une douche et de se préparer un lait chaud auquel il ajoute du rhum. Efficace, paraît-il, pour éviter d’attraper la crève. Et puis le rhum, ça peut se boire comme du petit lait, bien que le goût soit meilleur et les effets, différents. Le fossoyeur se ressert alors un verre, un deuxième… le troisième l’envoie au pays des songes.
Je crois que j’ai oublié de fermer la porte de derrière à clé… elle vient de s’ouvrir… sans doute sous la poussée du vent… j’entends des bruits de pas… ça ne peut être le vent. Le vent qui marche… allons donc… ce serait du jamais vu… qui donc se permet de s’introduire chez moi ? Un voleur ? Quelle idée de voler chez un fossoyeur, y a rien à prendre... et puis, y a pas de voleur dans la région… il vient peut-être d’ailleurs…et, s’il vient d’ailleurs, il ne me connaît pas… par conséquent, il ignore que je suis fossoyeur et c’est pour ça qu’il vient dans ma maison dans le but de me voler… il faut que je me lève et que j’aille voir qui est là… pas facile, j’ai l’impression de peser une tonne et puis, ce mal au crâne… faut cependant que j’y arrive… j’ouvre les yeux… aïe, ma pauvre tête… tout est noir, je vois rien… je suis peut-être devenu aveugle… mais non, bêta, il fait nuit… j’entends le tonnerre gronder… ce qui m’empêche en rien de distinguer les pas qui descendent l’escalier menant au grenier… je commence à avoir une sacrée pétoche… faut que je prenne quelque chose pour me défendre, des fois que le voleur m’agresserait… et si je criais ? Le type prendrait peut-être peur et filerait aussitôt… tiens, les pas se sont arrêtés… est-il parti ?… Une impression bien plus inquiétante m’envahit… je sens une présence dans mon dos ainsi qu’une odeur aux relents nauséabonds de la putréfaction… trop tard pour crier… trop tard pour m’armer… je dois prendre mon courage à deux mains… mais le verrais-je ? Il fait si noir… je n’ai pas le choix si je veux me défendre… je fais brusquement volte-face et… là, devant moi, à quelques mètres, c’est l’horreur sans bornes… j’aperçois Gabrielle Robert !… Ses yeux sont vides, exorbités, sans la moindre lueur, effrayants de fixité. Sa bouche, privée de lèvres, laisse apparaître une dentition pourrie, tachée de sang… du sang, il y en a partout sur elle… sur son corps décharné, sur ses bras pantelants aux bouts desquels, les mains ne sont plus que des moignons sanguinolents… je recule, terrorisé, en la voyant s’avancer vers moi d’un pas heurté, recroquevillée dans l’état repoussant de la mort atroce, rabougrie dans sa pestilence… elle s’avance hésitante, du pas des morts, remplissant la pièce d’infection… que me veut-elle ?... M’entraîner au royaume des morts ?… Et pourquoi, moi ? Par vengeance ? Si je l’ai mise en terre, c’est parce que c’est mon boulot, je ne sais rien faire d’autre… faut quand même que je mange… alors, par pitié, va-t’en, Gabrielle !… Va-t-en ! Va-t-en ! Va-t-en !…
Tout en hurlant, Albert flanque des coups de pied dans le vide. A force de gesticuler, il bascule du divan où il s’était endormi et se retrouve sur le tapis, le visage en sueur. Il regarde autour de lui. Il n’y a personne… l’odeur a disparu… il n’y a que les «plic ploc» de la pluie qui tombe sur le toit.
«Un cauchemar, c’était qu’un horrible cauchemar… pourtant si réel… j’avais l’impression que je pouvais la toucher… et cette odeur !… Si présente… faut que j’en parle à René… quelle heure est-il ?… Vingt-deux heures, il doit encore être debout…»
A l’autre bout du fil, Lorge prend l’histoire d’Albert très au sérieux même si, en définitive, il ne s’agissait, de toute évidence, que d’un mauvais rêve. Après un court silence, René demande :
« Euh… t’es sûr pour les bruits le jour de la mise en terre de Gabrielle ?
- Absolument, mais comme t’as dit, ça ne pouvait être qu’un rongeur…
- Oui, mais… depuis, y a ton cauchemar… et qui t’as vu dans ton cauchemar ?… Gabrielle ! Ça crée une drôle de coïncidence, tu trouves pas ?…
- Je ne vois pas le rapport…
- Y en a peut-être pas, du moins je l’espère…
- Mais, enfin, René, quels liens y aurait-il entre…
- Tout simplement que les deux fois… Gabrielle… t’a lancé un appel à l’aide.
- Absurde, voyons, puisqu’elle est morte…
- Elle est morte, elle est morte… dans le fond, es-tu certain qu’elle le soit, morte ?… T’as vu le corps ?
- Ben non, puisqu’il était déjà dans le cercueil...
- Et si elle ne l’avait pas été…
- Dans le cercueil ?
- Non, morte…
- Le médecin l’aurait constaté…
- Il a pu se tromper… de son vivant, la pauvre ressemblait déjà à un cadavre...
- De là à enterrer quelqu’un vivant…
- Et pourquoi pas ?… Des erreurs, tout le monde en commet…
- Pas à ce niveau-là…
- Et pourquoi pas, M’sieur Albert ?
- Je me demande si tes bouquins ne te turlupinent pas un peu la tête ?
- Laisse mes bouquins tranquilles, y z’ ont rien à voir avec ça…
- Bon, O.K., te fâche pas… qu’est-ce que tu proposes ?…
- Y a pas trente-six solutions… j’en vois d’ailleurs qu’une…
- Laquelle ?
-… Ouvrir le cercueil de Gabrielle Robert…
- T’es dingue, on ne peut pas faire ça… on va avoir des ennuis…
- Je veux surtout en avoir le cœur net… et puis quels ennuis tu veux qu’on ait ?… Qui c’est le gardien du cimetière ?… Qui c’est le fossoyeur ?…
- Je ne pourrais jamais faire ça…
- Et si… si ça te permettait de sauver une vie ?
- C’est aberrant ce que tu dis…
- On va tout de même tenter le coup, bien qu’à mon avis, il soit trop tard… rejoins-moi au cimetière d’ici une bonne demi-heure… le vent s’est calmé et il pleut presque plus… »
Albert constate en effet qu’il n’entend plus la pluie faire des claquettes sur le toit.
Quand le fossoyeur arrive au cimetière, le gardien y est déjà, à faire les cent pas.
« Dépêchons-nous, au plus vite ce sera fait… lance, d’emblée, Lorge.
- Imagine que Gabrielle… vive toujours… comment va-t-on expliquer la profanation ?
- Arrête de te poser des questions, on avisera après… bien que je te le répète, on a peu de chance de la trouver en vie…
- Je n’aime pas ça du tout…
- Et moi, tu crois que j’aime ?… On n’a pas le choix… »
Ils se mettent au travail sans tarder. Ce travail éprouvant, tant sur le plan physique que mental, leur envoie des frissons dans la colonne vertébrale. Sans compter que, la nuit, dans un cimetière où, de temps en temps, des feux follets apparaissent fugitivement, n’est pas le meilleur endroit pour une parfaite tranquillité d’esprit.
René se tient accroupi auprès de la lanterne qui diffuse une lumière blafarde, pendant que son compagnon de mystère creuse et creuse encore, faisant un parapet de cette terre boueuse dont il sort les pieds par succions.
Le cercueil apparaît et les deux hommes, conscients de ce que le plus dur reste à faire, s’autorisent une pause. Après quoi, Albert crache dans ses mains, saisit une pioche à bout de bras et enfonce le côté pointu de l’outil sous le couvercle de la bière avant d’exercer une pesée qui fait éclater le bois en deux morceaux.
Le visage crispé, René et Albert sont épouvantés devant le spectacle atroce qui s’offre à eux : les traits ravagés de Gabrielle, tordus dans un ultime appel, sont penchés vers les moignons sanguinolents où se trouvaient ses mains, que la malheureuse a rongées jusqu’à l’os.
« Comme dans mon cauchemar… je la vois telle que je l’ai aperçue dans mon cauchemar, répète Albert, hébété.
- Elle a été ensevelie… vivante… elle a appelé désespérément… d’où les bruits que t’avais entendus… alors, pour tenir le coup, affolée, elle a mangé ses mains… mon Dieu, quelle horreur…
- Je suis plus sûr, à présent, que c’était un cauchemar…
- Qu’est-ce que tu racontes ?…
- Elle semblait si réelle…
- Allons, tu dérailles… on a jamais vu un mort réussir à…
- Mais puisqu’elle n’était pas morte !… Enfin pas tout de suite…
- Et comment donc aurait-elle pu sortir de la tombe, hein ? Si elle avait su… elle n’aurait pas appelé à l’aide… elle se serait pas mutilée… t’as bien vu le mal que t’as eu pour ouvrir le cercueil… alors, tu penses, affaiblie comme elle l’était…
- Ecoute, je sais plus… tantôt tu me dis qu’elle a appelé parce qu’elle n’était pas morte… tantôt que, même pas morte, elle ne pouvait pas sortir du cercueil… tu ne crois pas qu’on perd tout doucement la boule ? Alors, avant de devenir complètement cinglé… je me barre… je veux plus de ce boulot… plus de cette vie ici…
- Ressaisis-toi, Albert… on va reboucher le trou et on ne dira rien à personne…
- Rebouche-le si tu veux, mais moi, je ne peux pas… j’aurais l’impression de la tuer une seconde fois.
- Y a pas plus de seconde fois que de première qui tienne, enfonce-toi bien dans le crâne que t’as tué personne… elle était morte ou du moins, considérée comme telle.
- Oui, mais elle l’était pas et c’est moi qui l’ai mise en terre…
- Bougre de tête de mule, comment pouvais-tu savoir puisque… Albert ! Albert ! Où cours-tu ? Reviens, bon sang, excuse-moi si je t’ai blessé… reviens, merde… tiens, je vais préparer un café bien chaud, ça nous remettra les idées en place… Albert !… »
Les appels de René Lorge ne reçoivent aucun écho. Le fossoyeur s’enfonce dans la nuit pour ne plus reparaître, jamais ! Aujourd’hui, nul ne sait ce qu’il est advenu de lui. Est-il toujours en vie ? Dans ce cas, où se terre-t-il ?... Certains esprits malins prétendent qu’il vit de rapines et se cache dans un trou profond, recouvert de branchages, comme pour se punir d’avoir enterré, vivante, Gabrielle Robert. Des battues sont effectuées dans la région, sans résultat...
La catalepsie est la perte momentanée de l’initiative motrice avec conservation des attitudes.
Autrefois, elle était une des phases de la grande attaque d’hystérie. Elle paraît liée à une sorte de réflexe que provoque l’idée fixe. Le plus souvent, la catalepsie est une manifestation de pithiatisme (présence de calculs dans un organisme), et c’est pourquoi on l’observait si souvent dans les salles des hôpitaux. On la rencontre non seulement dans l’attaque d’hystérie mais aussi dans la démence précoce.
Les sens, principalement l’audition et la vision, conservent leur acuité, et l’intelligence ne paraît pas sensiblement affectée.
La catalepsie peut être aussi brusquement déclenchée, surtout quand il s’agit des pithiatiques, par un bruit soudain, un éclat de lumière, etc… alors, le patient demeure dans la position où la crise l’a surpris. Quelques inhalations d’éther réussissent à faire disparaître le malaise, mais son véritable traitement est celui de la maladie dont elle dépend.
René Lorge s’est bien documenté sur le phénomène de catalepsie. Il en est arrivé à la conclusion que, tout comme la fin d’une existence, l’apocalypse peut être postposée… ce qui lui laisse l’espoir de vivre encore un certain temps… sauf, bien sûr, si on l’enterre vivant…
… Mais que René se rassure, depuis cette triste affaire, les Autorités ont décrété que, désormais, chaque mort, dans la région, sera soumis à un examen sérieux avant d’être enseveli.
Alain Magerotte
Une nouvelle tirée de "le démon de la solitude"