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Emilie Casagrande nous en dit plus à propos de sa nouvelle longue intitulée "D’infimes vibrations"

Publié le par christine brunet /aloys

Emilie Casagrande nous en dit plus à propos de sa nouvelle longue intitulée D’infimes vibrations, parue aux Éditions Chloé des Lys en janvier.

 

Commençons par le début : pourquoi avoir choisi ce titre ?

Avant tout, je cherchais un titre qui ne soit pas « bateau », et surtout qui ne soit pas lié directement au virus qui occupe déjà une partie importante de l’histoire. Je ne voulais pas que cette nouvelle soit cataloguée comme « une énième histoire de virus » en ces temps propices à ce genre de récit, car selon moi ce n’est pas le cas. Il me fallait donc un titre plus subtil, qui évoque aussi les autres thèmes centraux. En cela, le mot « vibrations » faisait sens à mes yeux, puisqu’il pouvait évoquer celle des cordes de guitare lorsqu’on les pince (et celle du son, de manière générale), celle, plus métaphorique, des cœurs qui s’émeuvent et qui ressentent de fortes émotions, et enfin une vibration plus scientifique qui trouve son explication au sein de l’histoire, mais que je ne dévoilerai pas…

Tu dis que ton récit n’est pas « une énième histoire de virus », peux-tu développer ?

Selon moi, s’il est vrai que le virus est central dans cette histoire, c’est surtout pour développer un contexte, mais aussi parce que l’article qui a inspiré cette nouvelle évoquait une étude à propos du virus que nous connaissons désormais un peu trop bien : le Covid-19. C’était donc le point de départ de l’histoire, je ne pouvais pas l’éviter. Pour autant, je ne cite jamais le Covid-19 spécifiquement, car il pourrait s’agir d’une autre épidémie. Ce qui importe, selon moi, ce sont les relations entre les différents personnages et la relation du personnage principal à la musique et à la science. Je pense aussi que l’histoire en elle-même ne correspond pas aux attentes qu’on pourrait avoir vis-à-vis d’un livre à propos d’un virus : il ne s’agit pas d’un thriller ou d’une dystopie… C’est finalement davantage une histoire de vie, dont le message se cristallise en une note d’espoir qui parcourt tout le livre.

Le personnage principal n’a pas de prénom, ou en tout cas celui-ci n’est jamais cité dans le livre. Pourquoi ? Est-ce un choix conscient ?

À vrai dire, c’est venu de manière naturelle lors de l’écriture. Je pense que l’absence de prénom, en plus du fait que la narration soit à la première personne, permet une plus grande identification avec le personnage principal.

Peux-tu en dire plus sur l’article qui a inspiré l’histoire ?

Pas vraiment sans trop en dévoiler… Tout ce que je peux dire c’est qu’il s’agissait d’un article qui rendait compte d’une étude scientifique un peu particulière menée autour du Covid-19. J’en dis plus dans une note au lecteur à la fin du livre, où j’explique en quoi certains aspects de l’histoire sont inspirés de faits réels.

D’après tes précédentes réponses et au fil de la lecture du livre, on a l’impression que c’est une volonté de ta part d’éviter les lieux communs et les clichés : on trouve dans le livre des phrases comme « Je pourrais dire qu’il semblait juste endormi mais, bien au courant de son état véritable, j’empêchais mes pensées d’accueillir cette comparaison. » Que peux-tu en dire ?

Oui, c’est vrai, j’ai vraiment tenté de me détacher des clichés. Dans la phrase donnée ici en exemple,  on s’attendrait à ce que le narrateur dise simplement « Il semblait juste endormi », mais j’ai tellement l’impression d’avoir lu cette réaction des centaines de fois que je voulais la contrer. En étant une grande lectrice et en ayant étudié la littérature à l’Université, je suis parfois un peu trop consciente de ce qui existe déjà, des histoires qu’on a racontées encore et encore à travers l’histoire et des formulations qui reviennent systématiquement dans certaines situations. C’était un effort conscient de ma part dans ce récit de chercher à éviter les poncifs ou en tout cas d’en jouer, que ce soit dans les événements qui se déroulent ou dans les expressions utilisées.

Pour terminer, d’après toi, à quel public conseillerais-tu ta nouvelle ?

Je pense que ma nouvelle s’adresse à un public très large. Tout le monde a vécu la pandémie avec sa propre sensibilité et peut s’identifier à l’un ou l’autre des personnages de l’histoire. Son format court et sa lisibilité permettent à un public jeunesse d’apprécier l’histoire autant qu’un public d’adultes, et ce, que le lecteur soit novice ou aguerri. À tous ceux qui tenteront l’aventure, je dis déjà merci et bonne lecture !

 

Publié dans interview, Présentation

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Jeanne R. répond à quelques questions...

Publié le par christine brunet /aloys

Merci à toute l’équipe de Chloé de Lys de m’accueillir pour la deuxième fois ;

je suis vraiment ravie de vous présenter mon nouveau livre.



 

Photo de l’auteur(e) :

 

                                                     Jeanne R.

 

QUESTIONNAIRE (2022) :



 

- Pseudo ou nom réel ? 

Jeanne R. est mon pseudo. Pourquoi ? C’est simple : j’adore le romantisme anglais. Et puisque mon nom et prénom s’y prêtaient déjà, j’ai ainsi pu faire un clin d’œil au livre Jane Eyre de Charlotte Brontë.

 

- Où habites-tu ? Explique… : 

J’habite en France, dans un coin calme et charmant et tellement verdoyant : Caluire et Cuire, lequel se trouve aux portes de Lyon, ville des Lumières et ancienne capitale des Gaules. On pourrait même dire que j’ai la vie de château en ce lieu propice à la rêverie et à l’écriture, ce lieu chargé d’histoire... 

 

- Une famille, des enfants… : 

Un mari et deux grands enfants : un garçon et une fille.

 

- Sucré ou salé ? : 

J’aime le sucré des aliments mais pas celui des choses, et il en va de même pour le salé.

 

- Petite, que voulais-tu faire ? :  

ECRIVAIN assurément. Je ne dis pas : écrivaine, parce qu’il n’est jamais « vain » d’écrire, d’autant plus qu’écrire est un acte qui ne peut s’improviser. 

 

- A quelle figure historique aimerais-tu ressembler ?

Plutôt figure historique qui me fascine : Comme je ne sais pas trancher la question, je vais en citer plusieurs… Et compte tenu de mon sexe, les sœurs Brontë : Charlotte/Emilie/Anne.



 

- Ton truc contre le stress ? 

La musique classique en général et en particulier.

 

- Que fais-tu dans la vie ? Explique… 

À Lyon, après avoir étudié les Lettres je me suis consacrée au Théâtre ; j’ai créé une petite troupe que je dirige et mets en scène. En parallèle j’écris des romans parce que j’adore me raconter des histoires.

 

- Quand as-tu commencé à écrire et pourquoi ?

En 2009 ! C’est l’histoire d’une rencontre, car cela correspond à la rencontre avec un homme plein de talent (écrivain-médecin) qui m’a précipitée dans le monde des livres... 

 

- As-tu déjà publié quelque part ? Et quoi ? Quel genre ?

- En 2010, j’ai publié un Premier roman, en France, chez "Mon Petit Editeur". Il s’agit d’un roman baroque faisant l’éloge de l’amour et intitulé « Les Noces d’Eternité ».

- En 2013, chez vous, "CDL", un roman titré « A l’ombre des désirs », dont le portrait d’une femme s’articule autour de deux couleurs : le rouge du désir et le noir du mystère.

 

- Pourquoi Chloe des Lys ?

Une bonne réputation, du dynamisme, une structure de type "familial", une ouverture d’esprit manifeste, de la chaleur de part et d’autre ; enfin tout pour m’attirer chez CDL, et y rester puisque je suis du genre fidèle.

 

- Quel ouvrage vas-tu publier ? Quel genre ? Résumé ? 

 

« MÉMOIRES D'UNE ÂME » est le titre de mon troisième roman, roman baroque par excellence.

Ce roman, à la fois joyeux et triste, se présente comme une balade dans Venise en compagnie d’un jeune couple, habité par leur art, dont chacun raconte sa propre histoire entrecoupée de réflexions sur tout ce qui fait la vie : les rencontres, l’amour et l’amitié, la mort, la maladie, le deuil, la chance et la malchance, l’humour, les humeurs des uns et des autres, et l’oisiveté pour certains... 

Je ne sais si l’écriture fut un prétexte à raconter la maladie ou si la maladie fut le prétexte à l’écriture ? Quoi qu’il en soit, j’ai voulu donner à mon style une épaisseur où l’ironie flirte avec l’autodérision au fur et à mesure des questionnements. Ce texte crée à dessein une mise à distance et une proximité laissant ainsi la place au rêve d’évasion. Au final, celui-ci pourrait poser la question suivante : Peut-on consoler quelqu'un qui souffre ? 

 

Voici quelques extraits de cette histoire où l’oisiveté régnante ne va pas sans rappeler le monde des années 30 :

 

 « Soudain, une porte dérobée s’ouvrit. Un homme aux cheveux gris apparut, l’air avisé. En blouse blanche, avec un sourire apaisant, il s’approcha de la femme et d'une main tendue la pria de le suivre dans la pièce en retrait. Quelques secondes plus tard, la porte se referma sur eux : la femme en question venait d’entrer en silence dans l’antre de la Médecine. » 

« Elle reconnaissait que la maladie ne l’avait pas empêchée de se cloîtrer chez elle, alors même qu’elle était présentable, sortable, visitable, enfin baisable. »

« Du temps qu’elle était autre, du temps qu’elle était chauve… Les moins courageux baissèrent les yeux et passèrent leur chemin en faisant mine de ne pas la reconnaitre ; les plus courageux, prétextant un rendez-vous fortuit, partirent promptement sous ses yeux ahuris. Et alors… Alors quoi ? Ô mes semblables, mes frères, regardez tous ces pleutres ! Honte à eux ! S’ils avaient appris qu’elle était morte, morte de maladie, ils seraient venus s’effondrer sur sa tombe, pff. » 

« Dans la Cité des Doges, un homme de rencontre, qui se disait poète et fou pareil à l’albatros, serait l’oreille qui l’écouterait, et leur rire joyeux allait souffler sans égard sur les cendres de cette vieille tumeur. »

« Ayant chassé mainte fois en nocturne dans une Venise discrète, ce poète en déroute savait qui convoquer après l’heure de minuit. Il lui était même arrivé d’aller braconner chez les autres mais, les femmes mariées étant plus jalouses que les maris, il se lassa très vite et prit l’option de n’honorer que des filles légères, les filles d’un soir. »

- Projet pour la suite ?   

J’ai en chantier un roman plus court, parce que je crois qu’il ne me faut pas être toujours bavarde. 

 

- Pourquoi écris-tu et comment ?   

J’écris pour vivre deux fois ma vie. J’écris avec mon cœur et aussi avec une plume au milieu d’un décor indispensable à mon inspiration, lequel se répercute jusque dans mon écriture ; au sortir, on pourrait décrire mon style comme étant baroque. L’esprit et l’amour sont les personnages principaux de mes livres. 

Bon j’avoue, hormis l’écriture, la mise en scène, observer et écouter le monde qui m’entoure, je ne sais rien faire d’autre, pas même cuisiner.

 

- Tes influences, tes maîtres, tes coups de cœur en littérature, cinéma, peinture, musique… :  

En matière de littérature : Les Brontë, Châteaubriand, Proust. Les Poètes Maudits.

Musique classique, avec un faible pour les élégies. 

Cinéma : Visconti, James Ivory, Jane Campion. 

Les séries telles que : « le Jeu de la Dame », « Black Mirror », « Downton Abbey », « The Crown », « Made men ».

Peinture : Le Caravage, Rembrandt, Delacroix. Toutefois, les vanités hollandaises ont ma préférence.

Philosophie : Albert Camus me touche par sa vision de l’existence pour le moins Absurde et Nietzsche fait mon éternel bonheur.

 

- Un ami ou une amie dont tu aimerais qu’on parle ?  

Un ami proche, littéraire à souhait dont la plume est un délice : Michel Wichegrod, à qui je dois la photo de couverture de ce dernier roman représentant le masque d’un Dibbouk, parce que cet homme d’une grande culture se plaît également à photographier et à exposer ses travaux pour le moins artistiques.

 

- Tes hobbys ? Musique, dessin, peinture… : 

Oui, musique classique, peinture. Et pour les pointillés… rajoutons : le Théâtre et sa mise en scène, la Philosophie, la Littérature, la Psychanalyse, le Cinéma (plutôt les vieux films classiques) ; mais un goût prononcé et immuable pour les Belles-lettres.

 

- Qu’est-ce qui te fout en rogne ?  

La bêtise humaine puisqu’elle n’a pas de limite. 

 

- Ta citation favorite ? 

Je vais citer Francis Scott Fitzgerald (Carnets) :

« On n’écrit pas parce qu’on veut dire quelque chose ;

On écrit parce qu’on a quelque chose à dire. »

 

- Une qualité et un défaut ?  

Je suis d’une nature empathique. J’ai très peu de patience, et cela ne s’arrange pas avec le temps. 

 

- Un souhait ? 

Que mon dernier roman enchante les lecteurs.

 

- Quelle est la question la plus stupide qu’on pourrait te poser ? 

Une question fermée.

 

Pour conclure, j’aimerais ajouter une question à ce questionnaire que je formule ici, avec ma réponse :

 - Quel livre t’a le plus manqué(e) ces dernières années ?

 « L’Eloge de l’ombre » de Junichiro Tanizaki (Editions Verdier)

 

Publié dans Présentation

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"Les printemps" : une présentation vidéo de son auteur, Benjamin Wiame

Publié le par christine brunet /aloys

Publié dans vidéo, Présentation

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Emilie Casagrande nous présente son ouvrage "D'infimes vibrations"

Publié le par christine brunet /aloys

 

Biographie

À 25 ans, Emilie Casagrande signe avec D’infimes vibrations sa première nouvelle publiée. Originaire de la région liégeoise, elle s’intéresse depuis l’enfance au monde du livre, tant du côté de la lecture que de l’écriture. Ainsi, c’est tout naturellement qu’elle a réalisé des études de Langues et Lettres françaises et romanes à l’Université de Liège, qui ne font que renforcer son attrait pour les mots, sous toutes leurs formes. Mais la littérature n’est pas sa seule passion : la musique occupe également une place importante dans sa vie. L’autrice a en effet suivi un cursus de formation musicale et de guitare à l’Académie de Musique de Saint-Nicolas. Ces deux univers restent pour elle des sources intarissables d’inspiration.

 

Résumé

Un virus jusque-là inconnu et hautement contagieux met à mal le monde tel qu’on le connaît : sa dangerosité entraîne le recours à des mesures de confinement drastiques pour préserver les plus fragiles. Un jeune musicien à peine diplômé du conservatoire voit son propre monde s’effondrer lorsqu’il apprend que son grand-père, contaminé, a été placé dans le coma et pourrait ne jamais en sortir. Dès lors, le jeune homme n’a plus qu’un seul objectif : braver les interdictions de visite pour voir son grand-père à tout prix. Mais y parviendra-t-il avant que la maladie n’accomplisse son terrible office ? Et quel lien pourrait-il bien y avoir entre ce virus inquiétant et le curieux projet musical pour lequel on l’a contacté ?

Virus. Vous en avez plus qu’assez de ce mot, n’est-ce pas ? Pourtant, l’histoire qui se trouve entre les pages de cette nouvelle n’est pas celle qu’on entend depuis des mois à la télévision, dans la bouche des experts, ou encore dans les articles de journaux. Cette histoire, c’est surtout celle d’un amour familial intergénérationnel et de la transmission, non pas d’un virus, mais bien d’une passion pour la musique.

 

Extrait choisi

“Je me penchai pour attraper l’étui et l’ouvris, extrayant avec délicatesse l’instrument qui y était logé. Je le tournai dans tous les sens, davantage pour l’inspecter moi-même que pour l’offrir à admirer aux paupières fermées de mon grand-père. Je posai le creux inférieur sur mon genou gauche, le pied tendu pour le surélever, et procédai à l’accordage comme en sourdine. Je devais me faire le plus discret possible, mais la tentation d’exprimer ma tendresse indicible par le biais de cette mélodie composée pour banjo qu’il jouait si souvent surpassait la prudence, alors je me mis à l’interpréter le plus piano que je pouvais, effleurant à peine les cordes du bout de mes ongles parfaitement arrondis.”

Casagrande Emilie, D’infimes vibrations, Barry, Chloé des Lys, 2022, p. 19.

 

 

Publié dans Présentation

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Benjamin Wiame nous présente son ouvrage "Les printemps"

Publié le par christine brunet /aloys

 

Biographie :

Benjamin Wiame est un passionné d’écriture, qui aime les beaux mots, les illustrer, les chanter et les faire vivre, le temps d’un roman, d’un album, ou d’une chanson.

Après la publication réussie de ses deux premiers romans, il vous présente ce nouveau roman intime et personnel.

Bibliographie :

Le barricadeur de mots, Benjamin WIAME, Editions de l’Harmattan, avril 2019

Les chroniques ménagères, Benjamin WIAME, Editions de Beauvilliers, juin 2020.

 

Contact web :

bwiame@hotmail.com

https://www.facebook.com/wiamebenjamin (@wiamebenjamin)

 

Résumé :

Ce livre est l'histoire d'une rencontre qui n'a pourtant pas eu lieu. Une soirée avec mon grand-père. Des mots échangés avec ce vieil homme qui me comprenait si bien.

Un retour du boulot, dans les bouchons, dans cette routine quotidienne qui nous épuise. Ce soir, j'ai rendez-vous avec mon grand-père. Sur le quai d'une gare. Juste pour parler un peu. Prendre le temps de s'interroger sur le futur, l'amour, le travail, le temps qui passe, la politique ou même les révolutions. 

Et puis, peut-être que nous prendrons le train, tous les deux, pour un tendre voyage dans l'imaginaire. Un aller-retour.

Et puis la nuit tombera. 

Ce livre est un voyage, une pause dans nos courses folles. Prendre le temps de s'écouter, de refaire le monde et de s'en aller un peu plus loin.

 

Extrait :

 

19h22

 

La gare de Gembloux est en vue. Plus qu’à me garer dans cet immense parking, en entreprendre la traversée, tenir bon et escalader dans une immobilité toute contenue une série d’escalators. J’arrive enfin sur le quai numéro 5. Mon grand-père est là. Bien sûr qu’il est là. Il a une notion de la ponctualité qui me dépasse complètement. Être à l’heure, selon sa définition, c’est être follement en avance, c’est être à peine parti. J’ai toujours un problème avec le temps. Il va trop vite. Vous connaissez sûrement cette métaphore du temps, voulant que si l’on remplit un vase de grosses pierres, il nous reste la possibilité d’y verser encore des gravillons pour le remplir encore. Puis du sable. Puis de l’eau. Eh bien dans mon cas, je pense que le vase déborderait sans arrêt. Je n’y ai jamais trouvé de remède. Ou peut-être que si. Mais c’est impossible. Enlevons les grosses pierres et on pourra mettre bien plus d’eau.

 

Mon grand-père est là, assis sur le petit banc. Il regarde des hommes en ciré jaune, s’affairant à faire je ne sais quoi. Peut-être que lui sait. Ou peut-être se dit-il : « De mon temps, ce n’était pas comme ça. ». Il sourit en tout cas. Il a l’air bien juste là. Il a l’air d’être chez lui. En réalité, les gens ne changent pas. Et les trains non plus. Les gens vivent et les trains passent. Depuis toujours. Je m’approche de lui. Il m’aperçoit et me sourit. Je me pose sur sa joue et y laisse un baiser. Puis m’assieds à ses côtés.

 

- Salut grand-père, ça va ?

- Ça va. Et toi fiston ? Toujours amoureux ?

- Toujours.

- Toujours pas eu le temps de faire ta barbe ?

- Toujours pas.

- Et la petite fille ?

- Elle sourit beaucoup. Tout le temps en fait. Elle tient ça de toi, je pense.

- Elle a bien raison. Il faut sourire dans la vie. Sinon elle a l’impression de gagner. Sourire, sourire et encore sourire. Même s’il faut parfois s’y forcer. Mais sourire encore.

 

Je lui ai souri, comme pour lui donner raison.

 

- Tu m’as l’air un peu fatigué ?

- C’est le moins qu’on puisse dire. Je suis crevé. Mais c’est l’histoire de ma vie. Le temps passe si vite.

- C’est ton boulot qui te fatigue comme ça ?

- Oui, en grande partie je crois.

- Vous êtes vite fatigués vous, les jeunes…

- Tu vas me dire que de ton temps le travail était bien plus dur et que le confort de vie était loin d’atteindre celui dans lequel on se complait si bien.

- Oui, quelque chose comme ça.

- Une bonne guerre, peut-être aussi ?

 

Mon grand-père ne répondit pas. Il savait que je connaissais ses arguments, pour les avoir entendus si souvent, le dimanche, lorsqu’il s’énervait sur les affres des journaux télévisés, fenêtre triste d’un monde informé. Et cette vieille rengaine rendant à la guerre ses lettres de noblesse, puisqu’elle nous permet d’entrevoir ce qui compte vraiment, sans nous oublier dans ces futilités de gens gras et si bien assis sur notre paix. Mais il me connaît aussi. Il sait que l’actualité et la connaissance m’insupportent. Parce que ce n’est pas ça que je veux entendre. Parce que les malheurs y sont si condensés qu’ils en deviennent légion, qu’ils s’incrustent comme une norme, un quota minimum. Parce qu’ils replacent dans votre salon les larmes, les peurs et les conneries du bout du monde. C’est comme si, chaque soir, entre 20 et 21h, vous deviez assister à tous les enterrements de la région. Un condensé efficace des moments propres à vous arracher quelques pleurs, sur des musiques si tristes qu’elles restent dans la gorge. C’est peut-être un exemple stupide. Et pourtant la voisine du dessus est peut-être en train de mourir, pendant que vous vous apitoyez sur le sort de ces civils syriens qui prennent les armes.

 

- Tu sais, je pense qu’on ne peut pas comparer les époques, juste comme ça. Les codes changent. Et les bonheurs aussi. La difficulté de la vie aujourd’hui ne réside plus dans sa dureté, mais bien dans sa vitesse. Je pense même que nos corps sont tout autant mis à l’épreuve qu’à ton époque. Jadis, les gens mouraient d’avoir trop marché, aujourd’hui ils s’éteignent de n’avoir pris le temps de le faire. Prendre le temps. C’est une notion plutôt neuve. Un sprint capitaliste qui essouffle et qui finira par vendre des filets pour l’attraper, ce temps qui virevolte. Et pourquoi ne pas plutôt prendre le temps. Haut et court. Qu’il nous laisse en paix et que ses dernières secondes aillent grossir les titres des journaux. Ou le suspendre, le temps d’une étreinte, d’un baiser ou d’une danse.

- Dis-toi que le temps se compose toujours aussi de demain. Et que demain laisse entrevoir tant de choses.

 

Nous nous tûmes quelques secondes, pour les laisser filer, emportées par ce train qui redémarre.

 

Publié dans Présentation

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Sylvie Thibaut-Buffart nous présente son ouvrage "Ce que le coeur murmure"

Publié le par christine brunet /aloys

 

Court extrait du livre

« Au final, on est tellement plus fort que ce que l’on croit ! Toutes ces déceptions ne peuvent nous mener que vers le meilleur. Mais il faut s’en convaincre… »

Biographie

Née en 1988 et originaire de Sambreville, Sylvie Thibaut-Buffart est passionnée par l’écriture et souhaite transmettre des messages positifs, porteurs d’espoir. Dès l’âge de 14 ans, elle écrit ses premiers textes, poèmes et chansons et se fait connaitre sur la scène belge en tant que rappeuse, sous le nom de «Mamz-l».

Résume du livre

Ce recueil propose des pensées positives à lire pour méditer, se rebooster ou simplement s’ouvrir à la réflexion. Tout en partant de ce que chacun peut vivre ou ressentir, la volonté est de réfléchir au monde qui nous entoure et de susciter le besoin de se recentrer sur l’essentiel, tout en gardant toujours espoir. Qu’on le lise page après page ou dans le désordre, qu’on se pose une question avant de l’ouvrir au hasard, peu importe.

Publié dans Présentation

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Notre rendez-vous poétique signé Carine-Laure Desguin

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

Les cadrans croûteux

des saisons en floraison 

les journées jutent



 

Va et vient des jeux

sur les colliers de perles

glissades en huis-clos



 

Les montres d’en haut

ralentissent la fanfare

des anonymes








 

Le bal aux lampions

arc-en-ciel de ces jeux

les crachats des rues



 

Des massifs de bleus

villes anamorphoses

des beautés sereines



 

Les herbes folles

entre métaux et bétons

urinent du sang

 

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Alain Charles nous présente son roman "Les viateurs"

Publié le par christine brunet /aloys

Bio

Alain CHARLES habite Baudour, il exerce la profession d’ingénieur dans une société de construction en Wallonie picarde. En 2018, il publiait «Continuum», un recueil de nouvelles, en juin 2020, «Chronicovids», textes chronologiques sur la pandémie du Covid-19, et en janvier 2021, le roman «Le Serénateur». « Les Viateurs » est son deuxième roman.

 

Résumé

Pol, un enfant de 10 ans, se réveillant dans le sous-sol de son immeuble, constate que la terre a tremblé et que la population a disparu. Une voix et une chouette le guident dans la banlieue dévastée. Il y rencontre Zabeth, une gamine délurée, recueille P’tit Poutch, un bébé abandonné, puis croise Le Poète qui a fui les couloirs du métro où les enfants gris, mangeurs de rats, font régner la terreur. Ensemble, ils sauvent Angèle sur le parapet d’un pont. La seule solution est de rejoindre la campagne et les forêts.

Dans une galerie aux dimensions infinies, parmi les attendeurs amorphes, Georges, le père de Pol, et Mathilde, la mère de Zabeth, discutent de la fin du monde, de la notion d’éternité, de la réalité du Big Bang, de l’existence de l’enfer. Ils cherchent les raisons qui ont provoqué l’apocalypse. Forçant «La Porte», ils négocient avec «La Voix» car leur seul désir est de retrouver leur enfant.

 

  Que deviendra-t-il, seul, dans cette ville en ruine?

    Il leva les yeux, le ciel était bleu pâle, délavé, des filaments laiteux cachaient le soleil, puis il les baissa vers la terre brûlée, les troncs fumants, les buissons et arbustes carbonisés. Il eut envie de crier, mais hurler sa peur, sa colère ne servait à rien, personne ne l’entendrait. 

    Il se rappela la voix, elle avait un timbre, un ton, qui ne lui étaient pas inconnus.

***

    —    Vous dites que nous sommes dans une salle d’attente, je ne me souviens pas y être entrée, d’ailleurs nous ne voyons aucune porte.

    —    Chère dame…

    —    Mathilde.

    —    Mathilde, si nous sommes dans cette galerie à discuter, nous y sommes entrés et si nous y sommes entrés, tôt ou tard, nous en sortirons. La logique est implacable, inévitable, inéluctable et tous les adverbes en «able» qui conviennent à l’algorithme de la déduction. Une issue existe et nous la trouverons. 

***

    Au moment où il se leva, Pol entendit un son étrange dans la rue. 

    —    Zabeth, tu n’entends rien?

    —    Nothing, nada, c’est encore ta voix?

    —    Non, de la musique, une flûte, comme celle que j’apprenais à l’école.

   —     Déso pas déso, c’est tes pavillons qui grésillent.

    —    Non, je t’assure, écoute.

    Ils tendirent l’oreille et P’tit Poutch ronchonna d’être délaissé. 

    —    T’as raison, mon coco, i’ joue faux. 

    Se précipitant à la fenêtre, ils aperçurent, à une centaine de mètres, un jeune homme très mince et très grand, tout de noir vêtu. Il s’arrêta de souffler dans son pipeau et commença à chanter.

    —    Assurancetourix au pays des soviets.

    —    Tu mélanges tout, Zabeth, le pays des soviets, c’est Tintin.

    —    Oki, monsieur je sais tout, kess qu’on fait? Va voir en soumsoum et s’il ressemble à un thug, on s’cache.

    —    Zabeth, une personne qui aime la musique ne peut pas être un voyou.

    —    Hitler écoutait Wagner, du schnock, ça t’en bouche un coin.

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Jeanne R. nous parle de son nouvel ouvrage à paraître aux Editions Chloé des Lys

Publié le par christine brunet /aloys

 

Je me présente : Jeanne R.  et je m’apprête à sortir un autre livre chez Chloé des Lys qui s’intitule « Mémoires d’une âme », celui-ci est mon troisième roman, roman baroque par excellence.

J’habite toujours en France, mais j'ai quitté le 6 ème arrondissement de la ville des Lumières pour un coin calme et tout aussi charmant et tellement verdoyant : Caluire et Cuire, lequel se trouve aux portes de Lyon.

Quant à ce nouveau roman, à la fois joyeux et triste, il se présente comme une balade dans Venise en compagnie d’un jeune couple, habité par leur art, dont chacun raconte sa propre histoire entrecoupée de réflexions sur tout ce qui fait la vie : les rencontres, l’amour et l’amitié, la mort, la maladie, le deuil, la chance et la malchance, l’humour, les humeurs des uns et des autres, et l’oisiveté pour certains...

Voici quelques extraits :


« Soudain, une porte dérobée s’ouvrit. Un homme aux cheveux gris apparut, l’air avisé. En blouse blanche, avec un sourire apaisant, il s’approcha de la femme et d'une main tendue la pria de le suivre dans la pièce en retrait. Quelques secondes plus tard, la porte se referma sur eux : la femme en question venait d’entrer en silence dans l’antre de la Médecine. »


« Elle reconnaissait que la maladie ne l’avait pas empêchée de se cloîtrer chez elle, alors même qu’elle était présentable, sortable, visitable, enfin baisable. »


« Du temps qu’elle était autre, du temps qu’elle était chauve… Les moins courageux baissèrent les yeux et passèrent leur chemin en faisant mine de ne pas la reconnaitre ; les plus courageux, prétextant un rendez-vous fortuit, partirent promptement sous ses yeux ahuris. Et alors… Alors quoi ? Ô mes semblables, mes frères, regardez tous ces pleutres ! Honte à eux ! S’ils avaient appris qu’elle était morte, morte de maladie, ils seraient venus s’effondrer sur sa tombe, pff. »


« Dans la Cité des Doges, un homme de rencontre, qui se disait poète et fou pareil à l’albatros, serait l’oreille qui l’écouterait, et leur rire joyeux allait souffler sans égard sur les cendres de cette vieille tumeur. »


« Ayant chassé mainte fois en nocturne dans une Venise discrète, ce poète en déroute savait qui convoquer après l’heure de minuit. Il lui était même arrivé d’aller braconner chez les autres mais, les femmes mariées étant plus jalouses que les maris, il se lassa très vite et prit l’option de n’honorer que des filles légères, les filles d’un soir. »

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Olivier Vojetta nous propose une nouvelle présentation de son ouvrage bilingue "Sept endroits où disparaître/Disappear"

Publié le par christine brunet /aloys

Sept endroits où disparaître / Disappear

 

Sept endroits exotiques, proches, intérieurs. 

Sept lieux du monde qui apportent de la douceur dans l’horreur et de l’épique dans le dramatique. 

Sept occasions de donner aux grandes tragédies contemporaines un visage et une âme. 

Sept issues de secours.  

Un même bonheur de liberté.

Né à Nancy en 1976, Olivier Vojetta vit à Sydney. Il est l’auteur d’un roman très remarqué, Courir encore, paru en 2020 aux Éditions Maïa, dans la collection Quantum Scandola.

Seven different locations—exotic, close to home, interior.

Seven different parts of the world that bring a soupçon of sweetness to the horror, and a hint of epic to the dramatic.  

Seven personal encounters with the great tragedies of our time. 

Seven emergency exits.

One common thread: the joy of freedom.

Olivier Vojetta was born in Nancy in 1976 and now lives in Sydney. He is the author of the well-received Courir encore, a novel published in 2020 by Maïa Editions, in the Quantum Scandola collection.

Ce recueil de nouvelles vous est proposé dans un format bilingue français anglais qui permettra aux lecteurs et lectrices francophones comme anglophones de disparaître quelques heures avec l’auteur.

This book of short stories is offered as a bilingual French and English edition, which will allow French and English speaking readers, students and academics to disappear with the author for a few hours.
 

 

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