Ani Sedent nous propose une nouvelle en épisodes !! "L’étrange aventure de Zoé Calendula – Épisode un"
/image%2F0995560%2F20250104%2Fob_a22648_ani-sedent-3.jpg)
L’étrange aventure de Zoé Calendula – Épisode un
Un dernier regard sur l’environnement terrestre et Zoé monta dans l’ascenseur dans un état d’excitation à la hauteur de l’évènement. Son rêve était en train de se réaliser et, même si elle avait encore du mal à y croire, elle ne douta pas un seul instant qu’ils avaient fait le bon choix. Ce job était pour elle, elle l’avait toujours su.
Elle déposa son équipement dans le box prévu à cet effet et s’installa au mieux dans l’habitacle où d’autres avaient déjà bouclé leur ceinture. Le début de la montée était toujours un peu déstabilisant, mais Zoé savait que cela ne durerait pas. L’ascenseur avait été conçu pour répondre aux besoins des voyageurs. S’il était ultra fonctionnel, il était également confortable… et puis trois jours de grimpette n’étaient pas excessifs quand la fin du voyage augurait du commencement d’un autre, bien plus fascinant celui-là.
Soixante-douze heures plus tard, l’ascenseur ralentit enfin, avant de s’arrêter complètement. Le champ de confinement se désagrégea et les portes s’ouvrirent sur la station spatiale. Chacun récupéra ses affaires et s’engagea dans un hall qui faisait furieusement penser à la salle des pas perdus de n’importe quelle gare du monde. Zoé dirigea immédiatement son regard vers les immenses baies vitrées et, au-delà, les vaisseaux en partance pour Mars qui attendaient les voyageurs dans leurs berceaux de métal. C’était un spectacle fascinant qu’elle aurait aimé pouvoir admirer plus longtemps, mais elle était attendue et il n’était pas question qu’elle fasse poireauter son chef de mission.
Les bureaux de la station, semblables à ceux du centre spatial terrestre, occupaient l’étage supérieur. Zoé présenta son œil à la borne biométrique de la plateforme d’élévation, un tube de verre assez large pour trois personnes, et entendit la voix désincarnée de l’IA du complexe déclarer :
‒ Vous êtes attendue dans la section 1/A, lieutenant Calendula.
L’enveloppe du tube tourna sur elle-même, libérant un accès dans lequel Zoé s’engouffra. La plateforme s’éleva aussitôt pour la déposer, un instant plus tard, dans une section où l’attendait un grand type maigrichon.
‒ Lieutenant Calendula, se contenta-il de dire en manière d’accueil, tout en tendant la main, non pas pour serrer celle de l’intéressée, mais pour s’emparer du dossier attendu par le chef de mission.
« Le commandant Morgane vous attend, ajouta-t-il en invitant Zoé à le suivre.
Cette dernière lui emboîta le pas pour parcourir différents couloirs jusqu’à une salle de réunion confortable, mais désespérément vide. Aussitôt, le grand maigrichon disparut, la laissant seule et sans plus d’explications. N’ayant rien d’autre à faire, Zoé s’assit et tenta de donner un coup d’accélérateur au temps en rythmant son passage du bout des doigts sur la surface miroitante d’une table aux reflets d’ébène.
‒ Lieutenant Calendula, résonna soudain une voix aux accents graves, j’espère que vous êtes au top, car je ne suis prêt à entendre aucun regret de dernière minute tendant à reporter votre mission !
‒ Aucun regret, commandant ! s’exclama Zoé, en se levant vivement.
‒ Bien ! Je n’en attendais pas moins de vous. Avez-vous reçu les dernières mises à jour concernant le programme ?
‒ Reçues et assimilées, commandant.
‒ Parfait ! Suivez-moi !
Le commandant Morgane activa l’ouverture d’une porte que Zoé n’avait pas remarquée jusque là et pénétra dans un couloir à la luminosité verdâtre.
‒ Je déteste cette couleur, déclara-t-il, on a l’impression de déambuler dans l’œsophage d’un ver atteint de reflux. Je me demande à quoi a pensé le concepteur !
Zoé, qui aimait pourtant cette couleur, ne put qu’acquiescer, ce couloir avait un aspect maladif incontestable. Il n’était, heureusement, pas très long et c’est rapidement qu’ils débouchèrent sur un quai d’embarquement à la luminosité plus avenante, où patientait un groupe hétéroclite constitué d’ingénieurs, de scientifiques, mais aussi de quelques politiques et journalistes triés sur le volet.
‒ Désolé pour ça, soupira le commandant alors qu’ils approchaient du petit groupe.
Des flashs illuminèrent le quai, des voix s’élevèrent, des questions fusèrent que Zoé n’entendit pas, son attention entièrement tournée vers l’Argos et sa coque brillante soumise aux dernières attentions des robots de maintenance. Hypnotisée, elle observa leurs va et vient le long de la rampe ouverte sur les entrailles du vaisseau.
‒ Mademoiselle Calendula, comment vous sentez-vous ? entendit-elle malgré tout. Êtes-vous fière d’être la première spationaute à vous rendre sur Vénus ? Que ressentez-vous ? Pensez-vous avoir été choisie pour ce voyage parce que vous êtes une femme ?
Entourée par les journalistes, elle abandonna la vision fascinante de son vaisseau pour leur offrir son plus beau sourire, pendant que le commandant Morgane répondait pour elle sur un ton qui fit reculer la meute. Suivit une séance photo avec les politiciens, accompagnée de quelques nouvelles questions auxquelles Zoé répondit du mieux qu’elle put. Tout ce petit monde s’en alla ensuite boire un verre et manger des petits fours, laissant la voie libre aux ingénieurs et leurs recommandations sur l’entretien du matériel, le carnet de bord et l’absolue nécessité de le tenir avec rigueur et minutie. Toutes tâches dont Zoé avait déjà connaissance et comptait s’acquitter avec son efficacité habituelle.
À suivre…
/image%2F0995560%2F20250104%2Fob_19c7f1_9782390183242-1-75.jpg)