Ani Sedent nous propose le second épisode de sa nouvelle "L’étrange aventure de Zoé Calendula"

Publié le par christine brunet /aloys

L’étrange aventure de Zoé Calendula – Épisode deux

 

  Enfin, les ingénieurs quittèrent le quai d’embarquement, laissant Zoé au pied de la rampe de l’Argos.

  ‒ Nous vous accompagnons à l’intérieur, dit le commandant Morgane, en désignant les trois scientifiques qui l’accompagnaient.

  ‒ Nous avons apporté une petite modification au microscope embarqué, précisa l’un d’eux.  Nous l’avons muni de la dernière génération de métalentilles et je voudrais être certain que vous saurez l’utiliser.

  Zoé les suivit à l’intérieur, un peu contrariée d’avoir l’impression de n’être que la cinquième roue du carrosse dans son propre vaisseau.  Car, quoi qu’en pensaient tous ces rampants, elle était chez elle sur l’Argos ; en tout cas, elle le serait pendant l’année que durerait sa mission.

  Néanmoins, parce qu’elle était parfaitement consciente des enjeux, la jeune lieutenante se laissa guider jusqu’au laboratoire du vaisseau, où elle écouta attentivement les directives des scientifiques afin de les rassurer sur sa capacité à maîtriser le microscope.

  ‒ C’est parfait, approuva le plus petit des savants avec un sourire encourageant.

  ‒ Si vous avez le moindre problème, dit celui avec des mèches bleues dans les cheveux, référez-vous au manuel de votre tablette.

  ‒ Ne vous inquiétez pas, je prévois de continuer à me familiariser avec le matériel scientifique pendant le voyage, les rassura Zoé.

  ‒ À ce propos, il reste une chose que vous devez savoir avant que le vaisseau quitte l’orbite, déclara soudain le troisième.

  L’homme avait un visage impassible derrière un bouc bien taillé, des yeux glacés et l’attitude d’une personne sûre d’elle qui attendait des autres une totale attention lorsqu’elle ouvrait la bouche.

  Son ton alerta Zoé qui se tourna vers lui, avant de lancer un regard interrogatif vers le commandant.

  ‒ Une décision de dernière minute à laquelle je n’adhère pas, la renseigna celui-ci.

  ‒ L’intérêt est purement scientifique et, en l’occurrence, votre avis ne compte guère, répliqua l’homme au bouc, en toisant le commandant.

  Morgane lui lança un regard assassin, mais ne répondit pas à cette attaque en règle.

  ‒ Allons-y ! Qu’on en finisse, dit-il simplement.

  Perplexe, Zoé les suivit à nouveau, cette fois, sur la passerelle.  Si la jeune femme était parfaitement capable de piloter les avions à réaction les plus sophistiqués, pour des raisons évidentes l’Argos était essentiellement un vaisseau automatisé, les manœuvres les plus complexes étant calculées par une IA.  Pour autant, Zoé avait bien l’intention de mettre ses trois mois de voyage au service d’une étude approfondie de son fonctionnement, ainsi que du matériel scientifique mis à sa disposition.

  La passerelle passa automatiquement en mode diurne dès qu’ils y pénétrèrent.

  ‒ IA, prépare le caisson.

  ‒ Procédure initialisée.  Vous pouvez m’appeler Sakura, professeur Rossolis, répondit une voix féminine.

  ‒ Ridicule ! siffla le professeur entre ses dents.  Il va falloir que j’aie une discussion avec Higashino.

  ‒ Caisson en attente, professeur Rossolis.

  ‒ Et si vous expliquiez au lieutenant Calendula de quoi il retourne, exactement, professeur, intervint Morgane.

  Rossolis se tourna vers le commandant, qu’il transperça de son regard froid, mais s’il pensait l’impressionner il en fut pour ses frais.

  ‒ Je peux savoir ce que l’on attend de moi ? demanda Zoé, que la tension ambiante mettait mal à l’aise.

  ‒ Suivez-moi, ordonna Rossolis.

  L’Argos était un vaisseau de petite taille, formé de deux modules cylindriques, le premier, principalement occupé par la passerelle, abritait également une petite cabine, un bureau et une cambuse.  Le second servait de laboratoire, d’une part, et de lieux de stockage pour les échantillons, d’autre part.

  « Cette mission, se décida enfin à expliquer le professeur, est vouée à l’expérimentation.  Vaisseau expérimental, moteur expérimental, gravité artificielle expérimentale, même votre IA est pourvue des dernières avancées en la matière… bien qu’il me faille déplorer les idées fantasques du docteur Higashino.

  ‒ Venez en au fait, intervint Morgane, alors qu’ils pénétraient dans une petite pièce où reposait un caisson de belle taille.

  Sur la vitre occupant la quasi-totalité du couvercle défilaient des données, ainsi que des barres de progression.  Ces dernières s’illuminaient successivement, indiquant des cycles de chargement.  Lorsque tous furent complets le couvercle se souleva sur un soupir qui fit frissonner Zoé.

  ‒ Ceci est le caisson de stase où vous allez passer les trois prochains mois, lieutenant Calendula, annonça le professeur Rossolis.

  Incrédule, Zoé se tourna vers le commandant Morgane.

  ‒ Je suis désolé lieutenant, mais l’ordre vient d’en haut.

  ‒ C’est exact, enchérit le professeur.  Comme vous le savez d’autres équipages sont en mission sur Jupiter et Saturne.  Cependant, l’exploration spatiale ne va pas se limiter à notre système solaire, aussi devons nous déjà préparer l’avenir en nous basant sur des données fiables.  Ce caisson a été testé en laboratoire avec succès, il ne reste plus qu’à le tester en situation réelle.

  Zoé déglutit avec difficulté.  Elle qui pensait s’être préparée à toutes les éventualités…

  ‒ Vaisseau prêt à quitter l’orbite de la terre, annonça Sakura.

  ‒ Vous pouvez garder vos chaussures, dit le professeur Rossolis en abaissant la partie latérale du caisson.

  Zoé n’avait pas le choix, elle se coucha dans l’habitacle et le professeur referma la cloison.

  ‒ Je veillerai sur votre sommeil, lieutenant Calendula, assura Sakura.

  Mais Zoé ne se sentit pas rassurée pour autant.  Elle allait passer trois mois privée de sa capacité de décision, trois mois sans rien voir, sans rien entendre, sans rien maîtriser, sa vie mise entre parenthèses alors qu’elle traverserait un environnement hostile.

  Le professeur Rossolis abaissa le couvercle.  Sur la vitre, des données défilèrent.  Le professeur dit quelque chose qu’elle ne comprit pas et, anxieuse, elle inspira, une fois, deux fois, puis sombra dans l’inconscience.

  ‒ Sakura, au moindre clic anormal, tu réveilles le lieutenant Calendula.

  ‒ Demande enregistrée, commandant Morgane.

  ‒ Comment osez-vous !? s’insurgea Rossolis.

  ‒ Si vous avez des doléances, professeur, je vous prierais de me les faire parvenir par la voie hiérarchique.  Et maintenant, tout le monde dehors !

  Le commandant quitta le vaisseau pour rejoindre la salle de contrôle d’où, peu de temps après, fut donné à l’Argos l’ordre de départ.

 

À suivre…Étoiles contour

 

Publié dans Textes

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C
Quelle aventure, ça commence bien!
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A
J'espère que la suite va te plaire !
S
ça c'est de la sieste ! hi hi
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A
Elle devrait avoir le teint frais au réveil !
C
Oups ! je me mets à la place de Zoé et je dois dire que je n'en mènerais pas large... D'ailleurs, je vois poindre à l'horizon un problème de taille...
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A
Quelques surprises en tout cas !