Nikos Leterrier : "L'écriture ouvre sur un monde infini, comment la définir? "

Publié le par christine brunet /aloys

Nikos Leterrier : "L'écriture ouvre sur un monde infini, comment la définir? "

Nikos Leterrier nous a déjà présenté son recueil et son univers. Il nous a proposé plusieurs extraits qui m'ont donné envie d'en apprendre un peu plus à son sujet... Je vous livre un interview surprenant !

Tu es un nouvel auteur Chloé des lys... Mais es-tu l'auteur d'un premier roman ou es-tu un auteur "confirmé" ?

"Le temps d'exister avant le froid" est mon premier recueil de poésie, mais j'ai écrit deux romans, trois nouvelles et une pièce de théâtre.

L'une de ces nouvelles a d'ailleurs été publiée en 2000 chez Fleuve Noir. Donc j'imagine que je me situe plus dans une catégorie d'auteur "confirmé", puisque j'écris depuis une vingtaine d'années. En revanche, pour ce qui est de la valorisation et de la publication de de travail,

je reste un novice.

Vis-tu de ta plume ?

Non, évidement.

Pourquoi CDL ?

J'avais une proposition d'une autre maison d'éditions pour ce recueil, mais j'ai été très touché par les commentaires du comité de lecture de CDL. De plus, toute la démarche de CDL me plaît, par exemple l'absence de ligne éditoriale, si ce n'est de publier les textes qui vous semblent intéressants, ou le recours au bénévolat. J'apprécie beaucoup votre approche authentique et éclectique. Au vu de mes échanges avec l'équipe de CDL (que je remercie encore au passage), j'ai pu voir que je ne m'étais pas trompé.

OUF ! Soulagée ! Tu écris quoi ?

Essentiellement de la poésie et des romans. J'ai commencé par des nouvelles à titre d'exercice, pour apprendre à maîtriser la poétique d'Aristote : le début, le milieu et la fin, si nécessaire à l'écriture des romans. Mais ce n'est pas mon mode d'expression favori.
La pièce de théâtre était un travail ponctuel, dans le cadre d'un projet avec une troupe de théâtre amateur.

As-tu ta propre troupe de théâtre ? Travailles-tu sur commande, par exemple ?

J'ai en fait fait partie de trois troupes différentes de théâtre amateur en tant qu'acteur, et auteur à l'occasion, lorsque la troupe dont je faisais partie était en recherche d'un texte. J'ai ainsi participé à l'écriture d'une pièce collective, qui a été montée, et j'en ai écrit seul une autre, qui en revanche n'a pas plu aux autres acteurs à l'époque. Mais j'aimerais la mettre en scène une fois que j'aurai achevé mon troisième roman en cours.

Il m'est arrivé de travailler sur commande. J'ai écrit deux nouvelles sur commande et des chansons.

Tu nous parles de ton livre

"Le temps d'exister avant le froid" rassemble 25 poèmes, accompagnés de dessins que j'ai réalisés pour donner un relief différent au texte. Il me semble que la poésie étant à l'origine un art oral, le texte est comme une partition, à laquelle manque la présence d'une personne pour dire le poème et lui donner justement son éclat, son relief, sa forme finale. Pour combler cette lacune, il m'a semblé que le dessin pouvait être intéressant.

Que dire de ces poèmes? Tout d'abord que chacun d'entre eux a été pour moi indispensable. C'est ce que j'essaie d'ailleurs d'exprimer dans le premier poème : "Ce n'est pas un jeu". La poésie est pour moi une ardente nécessité, et l'unique vecteur par lequel je puisse partager certaines pensées ou émotions. Ces poèmes sont tous très personnels. Ils parlent d'amour, de colère, de solitude, de perte, parfois même de cauchemars. Je ne les vois pas ainsi, mais on les juge souvent sombres, voire violents.

J'ai rassemblé dans ce recueil tous ceux qui témoignent à mon sens d'un désir de vivre libre, au moins en pensée, et d'être pleinement soi-même durant le temps qui nous est imparti : le temps d'exister en somme... "avant le froid". De mon point de vue, c'est un ouvrage plein d'espoir, mais qui se penche au-dessus de l'abîme jusqu'à en avoir le vertige.

Existe-t-il dans ce recueil un fil rouge ou, au contraire, aimes-tu promener le lecteur d'un thème à l'autre, au gré de ton ressenti ?

Je pense que le fil rouge est assez bien résumé dans le titre. Chaque poème évoque un aspect différent d'une même volonté d'exister au-delà des peurs, au-delà des vides creusés par la perte d'êtres chers, au-delà des renoncements, au-delà des injonctions implicites de notre environnement, des commandements morbides inscrits en nous par nos douleurs enfantines.
Le recueil est ma promenade à travers les illusions et les cauchemars pour retrouver mon chemin vers ce qui est réel et important. Je n'attribue pas à ce voyage une portée mystique (le second poème : "A ceux qui ne croient pas en Dieu" est au contraire une affirmation de mon athéisme), mais le vois plutôt comme une modeste et personnelle déclinaison du "Connais-toi toi-même" de l'Oracle de Delphes. À chaque fois, il y a l'amorce d'un dialogue avec le monde, en fonction des impressions qu'il laisse en moi.

Depuis quand écris-tu ?

De manière sérieuse depuis mes 20 ans environ.

Qu'est-ce qui t'a décidé de proposer un texte à l'édition ?

Mon épouse, qui m'a gentiment poussé à le faire, elle-même ayant également publié

un recueil de poèmes de son côté ("Lune et l'autre" aux éditions La Bartavelle).

Tu écris comment, quand... et pourquoi, tiens !

J'écris parce que cela me rend heureux, mais aussi lorsqu'il me semble que je peux dire quelque chose qui - à ma connaissance - n'ait pas encore été écrit. J'écris à peu près n'importe quand, si une idée passe par là. En ce qui concerne la poésie, j'écris toujours à la main sur un carnet qui ne me quitte que lorsqu'il est plein, à la manière des croquis que je fais sur un autre carnet. Me sentant toujours parmi mes semblables comme un explorateur venu d'une planète lointaine, je perpétue à ma manière la tradition des grands voyageurs de naguère, qui tenaient un journal illustré de leurs découvertes. C'est d'ailleurs souvent en voyage que je suis le plus productif.

Définis, stp, le mot "écriture"

L'écriture ouvre sur un monde infini, comment la définir? Plus sérieusement, je pense que c'est finalement ce que représente l'écriture pour moi : étendre l'univers des possibles et donner sa pleine mesure à l'imagination. La langue est un creuset merveilleux. Un écrivain est un orfèvre du langage. L'écriture s'apparente pour moi à une forme d'artisanat de ce point de vue.

Comment vois-tu ton futur d'écrivain ?

Je suis en train de finir un troisième roman, et un second recueil de poèmes illustrés se constitue

peu à peu. C'est mon avenir d'écrivain à court terme... Voire à plus long terme, car ces choses-là prennent du temps.

J'aimerais évidemment les publier également.

Un grand merci ! Il ne me reste plus qu'à découvrir ta plume !

Christine Brunet

www.christine-brunet.com

Publié dans interview

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M
Je suis tout à fait d'accord avec Christian. Il y a beaucoup d'aspects attirants chez cet auteur. Et notamment, à mes yeux, le fait qu'il dessine également pour illustrer ses poèmes. Et la belle passion qu'il exprime pour l'écriture.
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C
L'écriture pour "étendre l'univers des possibles et donner sa pleine mesure à l'imagination. La langue est un creuset merveilleux. Un écrivain est un orfèvre du langage". Magnifique définition !
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