Emilie Casagrande nous en dit plus à propos de sa nouvelle longue intitulée "D’infimes vibrations"
Emilie Casagrande nous en dit plus à propos de sa nouvelle longue intitulée D’infimes vibrations, parue aux Éditions Chloé des Lys en janvier.
Commençons par le début : pourquoi avoir choisi ce titre ?
Avant tout, je cherchais un titre qui ne soit pas « bateau », et surtout qui ne soit pas lié directement au virus qui occupe déjà une partie importante de l’histoire. Je ne voulais pas que cette nouvelle soit cataloguée comme « une énième histoire de virus » en ces temps propices à ce genre de récit, car selon moi ce n’est pas le cas. Il me fallait donc un titre plus subtil, qui évoque aussi les autres thèmes centraux. En cela, le mot « vibrations » faisait sens à mes yeux, puisqu’il pouvait évoquer celle des cordes de guitare lorsqu’on les pince (et celle du son, de manière générale), celle, plus métaphorique, des cœurs qui s’émeuvent et qui ressentent de fortes émotions, et enfin une vibration plus scientifique qui trouve son explication au sein de l’histoire, mais que je ne dévoilerai pas…
Tu dis que ton récit n’est pas « une énième histoire de virus », peux-tu développer ?
Selon moi, s’il est vrai que le virus est central dans cette histoire, c’est surtout pour développer un contexte, mais aussi parce que l’article qui a inspiré cette nouvelle évoquait une étude à propos du virus que nous connaissons désormais un peu trop bien : le Covid-19. C’était donc le point de départ de l’histoire, je ne pouvais pas l’éviter. Pour autant, je ne cite jamais le Covid-19 spécifiquement, car il pourrait s’agir d’une autre épidémie. Ce qui importe, selon moi, ce sont les relations entre les différents personnages et la relation du personnage principal à la musique et à la science. Je pense aussi que l’histoire en elle-même ne correspond pas aux attentes qu’on pourrait avoir vis-à-vis d’un livre à propos d’un virus : il ne s’agit pas d’un thriller ou d’une dystopie… C’est finalement davantage une histoire de vie, dont le message se cristallise en une note d’espoir qui parcourt tout le livre.
Le personnage principal n’a pas de prénom, ou en tout cas celui-ci n’est jamais cité dans le livre. Pourquoi ? Est-ce un choix conscient ?
À vrai dire, c’est venu de manière naturelle lors de l’écriture. Je pense que l’absence de prénom, en plus du fait que la narration soit à la première personne, permet une plus grande identification avec le personnage principal.
Peux-tu en dire plus sur l’article qui a inspiré l’histoire ?
Pas vraiment sans trop en dévoiler… Tout ce que je peux dire c’est qu’il s’agissait d’un article qui rendait compte d’une étude scientifique un peu particulière menée autour du Covid-19. J’en dis plus dans une note au lecteur à la fin du livre, où j’explique en quoi certains aspects de l’histoire sont inspirés de faits réels.
D’après tes précédentes réponses et au fil de la lecture du livre, on a l’impression que c’est une volonté de ta part d’éviter les lieux communs et les clichés : on trouve dans le livre des phrases comme « Je pourrais dire qu’il semblait juste endormi mais, bien au courant de son état véritable, j’empêchais mes pensées d’accueillir cette comparaison. » Que peux-tu en dire ?
Oui, c’est vrai, j’ai vraiment tenté de me détacher des clichés. Dans la phrase donnée ici en exemple, on s’attendrait à ce que le narrateur dise simplement « Il semblait juste endormi », mais j’ai tellement l’impression d’avoir lu cette réaction des centaines de fois que je voulais la contrer. En étant une grande lectrice et en ayant étudié la littérature à l’Université, je suis parfois un peu trop consciente de ce qui existe déjà, des histoires qu’on a racontées encore et encore à travers l’histoire et des formulations qui reviennent systématiquement dans certaines situations. C’était un effort conscient de ma part dans ce récit de chercher à éviter les poncifs ou en tout cas d’en jouer, que ce soit dans les événements qui se déroulent ou dans les expressions utilisées.
Pour terminer, d’après toi, à quel public conseillerais-tu ta nouvelle ?
Je pense que ma nouvelle s’adresse à un public très large. Tout le monde a vécu la pandémie avec sa propre sensibilité et peut s’identifier à l’un ou l’autre des personnages de l’histoire. Son format court et sa lisibilité permettent à un public jeunesse d’apprécier l’histoire autant qu’un public d’adultes, et ce, que le lecteur soit novice ou aguerri. À tous ceux qui tenteront l’aventure, je dis déjà merci et bonne lecture !