Armelle Welles présente son roman "Procréation assistée"

Publié le par christine brunet /aloys

Armelle Welles est née en 1963 à Paris. Elle fait ses études de médecine en région parisienne puis est nommée interne à Montpellier. Elle s’installe alors dans le sud de la France et exercera pendant plus de vingt ans dans un établissement hospitalier privé à Nîmes. En 2009, elle se met à écrire, dans le registre qui l’a toujours passionnée, le roman policier. « Procréation assistée » est son premier roman.

 

Résumé

 

Paul Boisset, le directeur d’une clinique nîmoise est retrouvé mort, assassiné dans son bureau. Doté d’un épouse dépressive, alcoolique et suicidaire, il aimait travailler tard, tant pour échapper à l’atmosphère lugubre de son domicile que pour mener à bien ses nombreuses aventures amoureuses. Néanmoins, et de l’avis de tous, c’était un homme honnête, compétent, attentif et respecté. Le commissaire Raphaël Blum, flic bourru mais sensible, en proie à des sentiments contradictoires, enquête dans cet établissement de soins où travaille son ex-femme, la mère de son fils de douze ans, qui est désormais la compagne d’un gynéco-obstétricien renommé. Le seul indice dont dispose la police est la mystérieuse photographie d’un jeune enfant retrouvée sur les lieux du crime. S’agit-il de l’enfant naturel de Boisset ? Les enquêteurs remontent la piste mais un nouveau meurtre est commis, bouleversant l’enquête. A l’aide Claire Pérez, l’ancienne secrétaire, amie et confidente de Boisset qui ne laisse pas la commissaire insensible, Blum et ses adjoints mettront au jour un trafic d’embryons génétiquement modifiés, orchestré par un grand laboratoire pharmaceutique.

 

 

Extrait :

Samedi matin

9h30

 

Catherine Ansfeld était nerveuse, elle ne parvenait pas à se concentrer sur la lecture du magazine qu’elle feuilletait. La salle d’attente était pourtant accueillante, vitrée, meublée de sièges à la fois design et confortables, bien pourvue en magazines récents, séparée du secrétariat par une cloison en verre dépoli. Plusieurs bouquets de fleurs séchées et des photographies d’art au mur complétaient l’ensemble. Le tout dégageait une atmosphère de tranquillité et de professionnalisme. La secrétaire était impersonnelle mais souriante. Catherine n’avait pas encore aperçu le médecin mais elle avait entendu sa voix à travers la cloison de verre, une voix aimable et rassurante, peut-être un peu condescendante. On disait tant de bien de ce Docteur Monteil, qui, semble-t-il, faisait des miracles dans son domaine, la stérilité féminine. Une collègue de Catherine avait d’ailleurs eu un bébé récemment, elle qui n’y croyait plus après avoir tenté d’avoir un enfant pendant près de 10 ans. Elle vouait une reconnaissance sans bornes au Dr Monteil, et nageait dans le bonheur depuis la naissance de son petit Anthony, après une grossesse, il est vrai, un peu tumultueuse. Catherine et Marc, son mari, voulaient un enfant depuis 3 ans et les examens réalisés jusqu’alors n’avaient montré aucune anomalie, autant chez elle que chez lui. En son for intérieur, Catherine était impressionnée et avait peur que le médecin lui rie au nez. Sa collègue avait parlé, en effet, de son abord froid et distant. Après une demi-heure d’attente, elle fut appelée et introduite dans le bureau de consultation.

 

Le Docteur Monteil était un assez bel homme d’une petite cinquantaine d’années. Il était de taille moyenne, mince, bien habillé, blond avec les tempes argentées, un visage pâle mais avenant et seuls ses lèvres minces et son froid regard bleu gris traduisaient une certaine dureté. Il pria aimablement Catherine de s’asseoir dans un des confortables fauteuils en cuir qui faisaient face au bureau et l’interrogea sur les motifs de sa consultation, puis il lut avec attention le rapport des divers examens qu’elle et son mari avaient déjà passés. Il leva les yeux, posa son regard sur Catherine et commença doucement :

  • Au vu de ces examens, il n’y a pas de raison médicale pour que vous ne puissiez pas avoir d’enfant avec votre mari, cependant ces choses-là peuvent être longues à venir et la science peut actuellement aider les couples rencontrant ce genre de difficultés.

Catherine était soulagée, il semblait la prendre au sérieux.

  • Vous avez sans doute entendu parler de ma méthode personnelle de procréation assistée, reprit-il, sans traitement hormonal lourd et contraignant. Les ovules et les spermatozoïdes sont prélevés, la fécondation se fait in vitro, c'est-à-dire en laboratoire, dans un milieu spécial qui garantit pratiquement le succès de la réimplantation. On n’implante qu’un seul embryon, ce qui vous met à l’abri des grossesses multiples non désirées, courantes avec la technique classique. Il faudra naturellement que je rencontre votre mari.
  • On m’a dit, reprit Catherine, qu’il était possible de choisir le sexe de l’enfant.
  • Cela rentre effectivement dans les possibilités actuelles, répondit le médecin d’un air un peu réticent, pourquoi cette question ?
  • Mon mari et moi souhaitons plutôt un fils, mentit Catherine.

En réalité le mari de Catherine vivait dans la terreur que sa femme mette au monde un fille rousse comme sa propre mère, une femme qui n’aimait pas son fils, le méprisant et le rabaissant sans cesse, lui préférant son frère aîné qu’elle jugeait plus beau et plus brillant.

  • Il est en effet possible de trier les embryons, continua le Dr Monteil, et de n’implanter qu’un embryon mâle en particulier en cas de maladie familiale.
  • Je croyais, dit Catherine, qui avait fait des études d’infirmière avant de devenir déléguée médicale pour un laboratoire pharmaceutique, que les maladies liées au chromosome X ne touchaient que les garçons.
  • En effet, répondit le médecin en souriant, mais il existe d’autres raisons de vouloir un garçon, n’est-ce pas ?

Etait-ce son air rassurant, son regard complice à cet instant, mais elle lui raconta la terreur de son mari et son aversion pour les rousses.

  • Nous pouvons aussi faire en sorte que l’enfant ne soit pas roux, dit-il doucement. Mais nous en reparlerons bientôt avec votre mari, conclut-il d’un air enjoué en la raccompagnant à la porte.

 

Catherine reprit donc un rendez-vous pour le mercredi suivant afin que Marc puisse l’accompagner. Elle régla machinalement la consultation et se retrouva sur le palier un peu interloquée. De retour chez elle, Catherine alluma son ordinateur et chercha à se renseigner sur les méthodes de procréation assistée. Elle lut des articles de vulgarisation scientifique, visita des forums, discuta avec des hommes et des femmes ayant utilisé la technique avec plus ou moins de succès. Aucune mention du Dr Monteil ou de sa méthode « personnelle ».

 

Marc revint à midi et demie de son travail. Il était professeur d’histoire au lycée et les questions scientifiques le dépassaient de son propre aveu. Il faisait une confiance aveugle à la science en général et à la médecine en particulier. Il rassura sa femme et lui proposa une balade dans la campagne par ce beau samedi après-midi ce qu’elle accepta avec reconnaissance.

Publié dans présentations

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P
Une belle intrigue, très prometteur ...
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C
Beau début prometteur d'une intrigue peu courante...
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E
Voici qui semble un bon suspens avec de bons ingrédients... le désir de maternité, la méthode nouvelle et révolutionnaire, le cocktail d'ovules, spermatozoïdes et les desiderata spéciaux!
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