Marie-Anne Pignolet se présente et nous propose en avant-première un extrait de son roman "Gandhi-Marguerite"

Publié le par christine brunet /aloys

 

Biographie

 

Mon nom est Marie-Anne Pignolet. Je suis née en Ardennes d’un père wallon et d’une mère flamande pure souche.

Maman oeuvrait dans les dédales de notre librairie familiale. Sur le trottoir d’en face, mon père officiait à la pharmacie préparant onguents et pilules. Je suis donc née entre les livres et les médicaments … je marquai une nette préférence aux premiers, car ceux-ci soignent l’âme 

Etudes en coup de vent, toussotements en philologie germanique, je me mariai jeunette, et de cette union naquit un fils que j’emmenai seule deux ans plus tard en Provence. Premier divorce. Je restai une belle année avec mon fils sur une exploitation agricole où j’appris à faire du fromage de chèvre et embouteiller du vin.

Retour en Ardennes où je décidai de quitter l’entreprise familiale et décrochai un emploi aux Institutions européennes, direction agriculture.

Je me mariai une seconde fois avec un Anglais du Nord et quelques années plus tard, nous adoptions deux bébés vietnamiens devenus mes perles d’Orient ;-))

Deuxième divorce.

J’ai quitté il y a quelques mois la Commission européenne et jouis enfin d’une liberté magique tant désirée. Ecriture, voyages, je revis !!! J’organise ma vie entre la Belgique et l’Espagne où réside mon fils et mes petites-filles. Je rentre d’un magnifique voyage en Iran. J’ai 59 ans et une furieuse envie de vivre m’habite, j’aimerais faire du théâtre, écrire une pièce, écrire encore.

C’est lors d’une immobilisation forcée due à une chute malencontreuse que j’écrivis « Gandhi-Marguerite » en trois semaines, sans canevas, en écriture directe. Je soumis mon manuscrit à Chloé des Lys qui me contacta un an plus tard. Je leur envoyai également une nouvelle « La pipe » qui fut acceptée en même temps.

 

Un extrait...

 

-“ Où sommes-nous, ici, maintenant ? J’ai revu mon père, mon oncle, ma marraine, Bruno et puis Jeanine, des êtres chers, Monsieur Carabouya … Est-ce ici le paradis dont on nous parle en bas, celui qui a fait couler tant d’encre, et qui reste un mystère entier ? Où sont mes Anges, les Saints, Jésus, et Dieu le Père avec qui je parlais en direct … Pourquoi faut-il attendre, où sommes-nous à la fin ? Réponds ! »

J’avais presque crié. Mon désarroi, la peur de le perdre. La peur de la peur de m’être trompée sur tout, sur toute la ligne, depuis le début.

L’Ange restait là, impassible, à me regarder bondir, je lui refaisais le coup de la chèvre, et il attendait patiemment que l’orage se fasse la malle. Le voyant si calme, un peu décalé, comme absent à tout ce qui l’entourait, je me levai. J’avais besoin d’une goulée d’air, énorme, mes jambes vacillaient, cotonneuses. Se rendait-il compte de l’impact de son récit qu’il me fallait digérer, et surtout dont il ne niait pas la fin inéluctable ?

Je sortis. L’air dehors chauffé à blanc, le soleil au zénith. Devant moi, un tableau saisissant, dont la beauté époustouflante suspendit pour un temps les relents de ma colère.

Des roches de porphyres aux innombrables strates volcaniques, des précipices aimantés, vertigineux, aux couleurs qu’aucun peintre n’aurait pu reproduire, des visions chimériques d’immensité intouchées, brutes à pleurer, belles à rester assis, là, sans voix, laissant la lumière changeante au fil des secousses de mon cœur, courir sur les amas d’argile érodés par le temps, dégringolant vers les fonds abyssaux où j’aperçus les eaux brunes d’un fleuve serpentant entre les entrailles de cette terre fracturée, béante aux flancs démesurés, émoussés par l’effleurage, le massage, les claques imprimées en eux par des millions d’années fugaces … comme si des générations d’artistes géniaux et cinglés avaient sculpté la pierre volcanique, couche après couche créant un décor de meringues himalayennes et édentées, pareilles à mille sourires de vieilles Siciliennes assises en rang d’oignons, se tenant l’une à l’autre au bord, tout au bord du gouffre pour ne pas y tomber.

Publié dans présentations, Textes

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E
Vie pas banale, et ce n'est jamais par hasard : on cueille ou pas ce qui fleurit pour nous. Et l'écriture s'en repait! Bravo...
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P
Ma curiosité est aiguisée surtout avec toutes ces vieilles Siciliennes...
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S
Quelle biographie ! Déjà tout un roman ! Et puis s'en suit un extrait qui témoigne à lui seul d'une plume bien aiguisée et féconde d'imaginaire.<br /> Bravo à l'auteure aux 59 ans, par ailleurs, resplendissants ;)
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J
Rires avec le commentaire de Carine-Laure, que je rejoins : l'ange est présent mais joue l'absent et laisse l'héroïne bondir comme une chèvre ! Il y a un côté pittoresque dans l'écriture, une sorte d'humour décalé qui est le bienvenu, vu le synopsis de la 4ième de couverture. Et vive les ébats amoureux annoncés, ainsi que la finale surprise.
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M
Un extrait séduisant !
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C
Ben oui, pourquoi il répond pas, cet ange-là? On attend la réponse...Ah c'est un texte accrocheur, ça c'est sûr.
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