Cyriaque Maixent Ebenga nous propose la conclusion de son essai d'éthique politique "Reconstruire le Congo-Brazzaville : une approche contractualisée"

Conclusion
Cette réflexion sur la réconciliation et la reconstruction de la société congolaise, la classe politique doit donner un message d’espérance et un signe fort aux populations, indiquer quelques défis posés dans la lutte contre l’impunité, la corruption, la prolifération des armes de guerre etc.
Il apparaît clairement que cette entreprise nécessite la participation de tous, car c’est à tous les Congolais que revient cette lourde tâche de réaliser le projet de bâtir un pays dans son ensemble comme un seul espace de vie, où les valeurs fondamentales unissent les hommes et les femmes de tous les horizons pour la plus grande ambition : l’avènement d’un nouveau Congo, capable de créativité et d’innovations dans les domaines les plus décisifs dont dépend l’avenir de la femme, à savoir la science et la technologie, l’éducation et la formation, le développement de l’esprit patriotique, l’interaction, le dialogue avec les autres non pas comme des ennemis mais des frères avec qui ils sont condamnés à vivre sur le même territoire.
Dans cette perspective, le changement de mentalité, comme nouveau comportement a comme manifestation primordiale de rassembler les hommes et de les constituer en une structure d’épanouissement pleine : la Nation.
La Nation, est en effet, nouée et constituée par l’esprit patriotique comme principe global et espace de pratique bienfaisante du pays (changements politique, économique, social et culturel.)
En manière de conclusion, reprenons les grandes articulations de notre démarche.
Nous nous sommes essentiellement attachés à circonscrire le cadre d’émergence du Congo de l’espoir dans ce Congo du désespoir. Nous avons vu que le drame est celui d’une crise des conditions mêmes de l’existence, du blocage dans le fonctionnement de tous les secteurs primordiaux de la vie sociale, de la détresse, du tribalisme que les Congolais tiennent sur eux-mêmes et sur leur destin.
Dans un, pareil contexte, il n’est pas facile de mettre fin à ces comportements à court terme et produire un espace d’espérance collectif vraiment créatif.
Tous les effets que les Congolais avaient produits, et qu’ils croyaient se donner à eux-mêmes une image fertile de leur destinée se sont avérés, n’être que des effets oniriques sans grand impact sur leur réalité.
Tout ce que nous venons d’écrire montre que la perspective d’un changement de mentalités au Congo ne sera pas seulement réduite à une réforme des systèmes de gouvernement. Elle engage tout un nouvel art de vivre que doit fonder une nouvelle perception de point de départ de la réflexion qui devra être aujourd’hui le Congo de l’espoir : celui dont les Congolais parlent peu ou presque pas par rapport à celui dont ils parlent le plus c’est-à-dire le Congo du désespoir, de l’immobilisme du doute voire de la désespérance.
Mais comment le Congo de l’espoir peut-il venir à bout du Congo du désespoir ? Par les armes de la lucidité et de la responsabilité. Ceci implique que les Congolais doivent d’abord se rendre compte de leurs faiblesses, avant de définir des qualités suprêmes qui donnent sens à la vie humaine et assurent la cohérence à l’humanité même de l’homme ; transformer une nouvelle culture fondée sur la violence en une culture de l’intercompréhension et de la solidarité réconciliatrice.
Ce sont ces enjeux-là que l’avènement de la réconciliation et de la démocratie, au sens fort du terme, feraient surgir. Il faudrait les aborder en profondeur et avec lucidité, notre effort de pensée ne peut que déboucher sur l’horizon d’où surgiront les questions ultimes sur la vie de l’homme, le destin de l’être et la destinée du pays, situées en amont et en aval, de tout effort de développement.
Ainsi, est-il urgent, pour les Congolais de prendre conscience des enjeux qui les interpellent, de réconforter les espoirs anéantis par des années de guerres civiles et entreprennent des actions en profondeur fondées sur des convictions politiques objectives. Nul doute que le vaste programme qui viendrait à bout du Congo du désespoir sera réaliste et ambitieux, loin des politiques démagogiques et de division qui ont plongé le pays dans un véritable chaos.
Certes, nul n’est à l’abri d’erreurs, mais à nos yeux, c’est l’avenir de tout un peuple qui est à la merci des armes ; une question fondamentale interpelle tous les Congolais : comment exorciser le Congo du désespoir ?
Sous notre objectif, la thérapeutique consiste en la place d’un vaste programme politique, économique, social et culturel. Le Congo a conscience, dans sa profondeur, de vivre une période bien difficile, même s’il a contribué à ce qu’elle survienne. Et sans doute ressent-il aussi la crainte que l’avenir soit plus sombre qu’on ne veut le dire, que même la prochaine alternance ne sache pas résoudre ses problèmes, qu’elle ne lui apporte qu’un soulagement passager, par des remèdes mal choisis et insuffisamment préparés, et qu’elle demeure incertaine, changeante, doutant d’elle-même dans un monde menaçant et impitoyable. La réponse à cette contrainte existe. Elle réside dans la chance, peut-être unique, offerte : la réconciliation.
Dans une situation de dérive globale que connaît le pays, la parole de Dieu aussi offre des repères que la pensée de la reconstruction a à développer conceptuellement et à définir concrètement pour gérer ces temps de crises que vivent les Congolais. Interprétée dans sa trame la plus profonde où se dévoile la destinée de l’humanité selon le projet divin, elle fournit les structures de valeurs fondamentales qui définissent clairement les orientations de lutte contre les pesanteurs et les pouvoirs de rupture entre Dieu et le monde de l’homme.
Ce sont ces valeurs anti-crise que l’esprit met en lumière comme structures de conscience et d’existence pour l’homme congolais d’aujourd’hui.
- les valeurs de travail, d’intervention et de responsabilité ;
- les valeurs de fraternité et de solidarité ;
- les valeurs de vigilance spirituelle et de confiance. Reconstruire le Congo nouveau en fonction de l’humain en tant que ferment anti-fatalité et puissance de transformation du monde en espace de vie, sans lequel les Congolais travailleront en vain.
Le but de cette réflexion a donc été d’amener les Congolais à changer de mentalité à réfléchir en énergie qui le feront agir en nouvelles raisons de vivre et de mourir pour la Nation, en nouvelle force de vie pour croire et espérer. N’est-ce pas là le véritable problème éthique du pays, le vrai pari pour créer un Congo nouveau et ouvrir au destin du congolais un chemin d’avenir lumineux et d’espérance ?