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Vendredi 5 août 2016… Nous avons rendez-vous sur la place du village, avec le propriétaire de la cabane que nous avions louée à Saint-Charles-Garnier, pour deux nuits. Nous le suivons, avec notre voiture de location, au travers de chemins perdus au milieu de nulle part, direction le Camp « L’Evasion ». Situé en pleine forêt, dans le bas Saint-Laurent, il avait particulièrement attiré notre attention, pour son côté ancien, rudimentaire et authentique. Ici règne le « pas de » : pas de voisins, pas de wifi, pas d’eau chaude, pas d’électricité ; c’est un voyage dans le temps, loin du stress quotidien de nos villes… Régis nous fait visiter la cabane en bois, à l’image parfaite de la chanson de Line Renaud.
Il nous explique comment chauffer l’eau, allumer les lampes à gaz, nous montre les bougies, les érables, sa cabane où il fabrique lui-même son sirop, nous emmène faire un tour dans la forêt, où vivent buses, chouettes rayées, coyotes, orignaux, lynx et ours noirs. Il cite les divers animaux sur les photos qu’il a prises, en été comme en hiver, nous laissant sous le charme de l’endroit et des saisons. Après cet accueil plus que chaleureux, il nous laisse savourer ce lieu magique, tout droit sorti d’une autre époque, qui déjà nous appartient.
Nous nous installons. Je sais d’emblée que je vais m’y plaire. Je m’y sens tout de suite chez moi. Voilà un endroit rêvé pour une retraite, un temps de méditation, un atelier d’écriture, un rendez-vous avec la nature, avec l’être aimé, un retour en arrière dans le temps, qui semble ici et nulle part ailleurs s’être arrêté, et c’est bien ce qui me plait.
Sur la table, une bougie, une boussole, un livre ouvert, un titre en calligraphie « Un Billet de Femme ». Je reconnais tout de suite l’auteur : Marceline Desbordes-Valmore, un de mes préférés en poésie. Le recueil « Pauvres fleurs » date de 1839. Décidément, cet endroit est fait pour me plaire…
Je m’attarde sur les dernières strophes de ce poème, que voici :
« De ces tableaux dont la raison soupire,
Otons nos yeux,
Comme l’enfant qui s’oublie et respire,
La vue aux cieux !
Si c’est ainsi qu’une seconde vie
Peut se rouvrir,
Pour s’écouler sous une autre asservie,
Sans trop souffrir,
Par ce billet, parole de mon âme,
Qui va vers toi,
Ce soir, où veille et te rêve une femme,
Viens et prends-moi ! »
Une étrange sensation me traverse au moment où je lis ces vers, comme si elle avait laissé, en écrivant, un message que je déchiffrais aussitôt : j’étais là pour profiter de l’ici et maintenant, de la beauté qui m’entourait, de l’amour qui s’offrait à moi, et rien d’autre. Voilà ce qui me permettrait de revivre.
La boussole m’intrigue, elle aussi, car elle a quelque chose de particulier, les signes du zodiaque… Est-ce là aussi un signe, un guide pour m’aider à avancer sur le sentier de mon existence…? Que cela pourrait-il signifier ? Voyons… L’astrologie m’aide à définir la carte, la carte de mon ciel de naissance (« la vue aux cieux »), donc mon thème astral… Le signe astrologique est la boussole du navire de mon existence.
Lion : Né entre le 23 juillet et le 23 août, la chaleur de l'été est perceptible chez le Lion. Les personnes nées sous le signe du Lion sont volontaires, passionnées et dynamiques. Pour agir et avancer dans leurs vies, les Lions auront besoin de se donner des objectifs très rigoureux. Éternels pressés, leur rythme de vie est intense et il leur sera difficile de ne pas se faire remarquer ! De nature curieuse, ils possèdent une grande soif d’apprendre.
C’est décidément le plus beau voyage que je n’aie jamais fait. Quatrième jour de notre circuit en Gaspésie : les paysages défilent sous mes yeux, tandis que d’autres espaces s’ouvrent à moi, dans mon ciel intérieur… C’est un voyage à double sens, un voyage spatio-temporel, où tout s’éclaircit aux lueurs de la bougie. Ici, on savoure l’instant, alors je savoure : je me délecte de chaque seconde, comme un enfant qui découvre la vie. « Comme l’enfant qui s’oublie et respire », je pars explorer la forêt, à l’aube, à l’affût des moindres bruits, découvertes, sensations, tous mes sens en éveil ; seule avec la nature, les oiseaux, j’écoute leur chant, qui résonne et fait écho dans l’immensité du ciel. Je m’en imprègne. Je ne sais même plus pourquoi je suis venue, mais qu’importe si je ne trouve pas l’orignal que je cherche, je suis là, toute petite, infime, parmi ces arbres gigantesques, parmi cette immensité. Quelle beauté… Une ombre s’agite, un écureuil me laisse à peine le temps de l’apercevoir qu’il s’est déjà éclipsé. Je rentre, après une heure, préparer les toasts à l’ancienne, car ici, le grille-pain n’existe pas encore, je prépare les framboises que j’ai cueillies, chauffe l’eau sur le gaz pour le thé.
…
Quelques mois plus tard, quelle ne fut pas ma surprise en découvrant le nouvel album de Pascal Obispo « Billet de femme », au Zénith à Lille, album reprenant des poèmes de Marceline Desbordes-Valmore…