Nous retrouvons les héros d'Opération Taranis... Le roman policier/espionnage de Didier Veziano

Publié le par christine brunet /aloys

 

Beyrouth, à quelques pas du camp de l’ONG


 

Leyna avait quitté le camp pour rappeler en toute discrétion. Depuis le message reçu son ordinateur elle avait rejoué la scène plusieurs fois, un peu inquiète. Elle vérifia que la cabine téléphonique était en état de fonctionner. Quand Kervan décrocha, il y eut d’abord un silence. Pas très long. Juste le temps de respirer, de laisser les souvenirs s’arrimer les uns aux autres. L’armée, les opérations qui avaient réuni leurs unités, le rapprochement, le début d’une relation devenue floue avec le temps. Puis ils prirent des nouvelles d’une façon assez neutre. Rien de bien original à raconter. Surtout quelques sentiments à dissimuler. Attentive au ton de sa voix, Leyna le laissa ensuite lui faire un résumé. C’était synthétique. C’était du Kervan. Il lui expliqua dans les grandes lignes dans quel cadre il intervenait dorénavant et elle ne parut pas étonnée. Il aborda ensuite le véritable objet de son appel : la mission confiée par les autorités et son bien-fondé au regard du drame qui se jouait en ce moment même en France. Leyna connaissait Kervan, ses ressorts et ses sensibilités. Alors, lorsqu’il lui dit  « J’ai vraiment besoin de toi sur ce coup-là », elle resta silencieuse de longues secondes avant de lui répondre, fataliste.

— Tu sais bien que c’est fini pour moi, tout ça, Kervan. Je ne suis plus dans le trip. Ma vie est ici, au milieu de ces gosses, et tu le sais bien.

— Oui, Leyna, je le sais. Mais je sais aussi pourquoi ces gosses sont dans cette misère, pourquoi leur avenir se confond avec l’horizon de leur camp et les plaques de tôle qui leur servent de maison. C’est à cause de types comme ces deux furieux qui font de la surenchère dans l’horreur. On a le devoir de les empêcher de nuire…

— En continuant, nous aussi, à faire de la surenchère ? le coupa-t-elle. On ne s’en sort plus dans ce cas-là, Kervan. C’est un cycle infernal.

Au bout du fil, Kervan se braqua. Leurs différences idéologiques avaient souvent fait l’objet de vives discussions. Il retrouvait là les mêmes fondements.

— Ce n’est pas la même chose, bordel ! On n’est pas comme eux, Leyna. On n’a jamais tué des innocents, je me trompe ?

— Où est la différence si on regarde bien ? En agissant ainsi, on participe aussi à la mort d’innocents. Que va-t-il se passer d’après toi si tu butes ces types ? Il y en aura d’autres qui prendront le relais en voulant les venger. Et que crois-tu qu’ils feront ? Ils tueront d’autres innocents et on n’en sortira jamais. C’est ça que je veux te faire comprendre.

Leyna avait imaginé une autre discussion. Elle lui en voulait un peu. Elle aurait préféré ne jamais le rappeler.

— Alors, c’est parfait, Leyna ! s’emporta Kervan. Laissons faire et attendons en priant que les hommes deviennent sages. Ça fait des milliers d’années que l’on espère, le cul assis sur une chaise. Mais tu as raison, on n’est plus à un ou deux siècles près, pas vrai ? En tout cas, je reste persuadé qu’il faut débarrasser le monde de ces parasites. Et malgré tout ce que tu peux penser, je n’éprouve aucun regret à les exterminer. Quand un robinet fuit, il faut des gens pour passer la serpillière mais il en faut aussi pour fermer le robinet. Je fais partie de la deuxième catégorie. Maintenant, tu fais comme tu veux, Leyna. Tu peux continuer à sortir les violons et dénoncer la folie des hommes sur le ton du  « aimons-nous les uns les autres » et continuer à passer la serpillière, mais j’espère que tu ne pleureras pas quand on dénombrera des centaines de morts en France, un soir, au journal télévisé. Tu pourras te dire fièrement : « Moi, je n’ai pas participé à la surenchère ! ».

— Tu n’as pas le droit de dire ça, c’est dégueulasse !

— Alors aide-moi, Leyna, merde !

Il y eut un nouveau silence. Kervan craignait la réponse définitive de Leyna. Le pire était qu’il ne pourrait pas lui en vouloir en cas de refus. Il fit retomber la tension.

— Je te laisse réfléchir. Tu peux me rappeler à ce numéro demain si tu veux et…

Leyna ne le laissa pas finir.

— Qu’est-ce que tu attends de moi, au juste ?

 

Dans la maison de Kervan, quelque part en Provence.

 

Kervan chercha dans le paysage qui s’étendait à perte de vue, la force d’oublier un instant sa tristesse. Quand il retourna dans la maison, ce fut pour aller chercher dans le tiroir d’une commode une boîte en carton. Il en sortit un magnétophone, un téléphone encore dans son emballage d’origine, y installa une carte SIM neuve puis alla s’asseoir face au magnétophone posé sur la table. Il attendit quelques secondes et composa un numéro. Au bout de quatre sonneries, son interlocuteur décrocha.

— Allô !

Kervan ne répondit pas tout de suite, ce qui eut le don d’agacer son correspondant.

— Allô ! Qui est à l’appareil ?

— Écoutez ça, ça va vous intéresser…

Kervan approcha le téléphone du magnétophone, à l’ancienne, appuya sur la touche « play » et laissa la bande se dérouler. Il y eu d’abord un léger souffle qui se dissippa au bout de trois secondes.

« Vous voulez savoir si le Premier ministre est au courant, n’est-ce pas ? Eh bien, non. Ou plutôt, oui et non. Il sait juste que l’on a tout fait pour que la France n’apparaisse pas derrière tout ça. Il a même donné des ordres en ce sens, si vous voulez tout savoir ».

Kervan appuya sur la touche « stop ».

— Vous voulez écouter la suite ? Sachez que j’ai aussi les images. Elles sont suffisamment précises pour voir distinctement les détails inscrits sur l’étiquette de la bouteille de champagne. Bon, j’exagère un peu. Il faudrait un agrandissement pour voir le code postal du château où il a été mis en bouteille. En revanche, de face, vous êtes parfait. Pas besoin d’agrandissement.

À l’autre bout du fil, Kervan perçut une respiration lourde. De Saint-Armand accusait le coup et réalisait que maintenant Kervan avait rattrapé son retard dans ce qui était devenu une traque impitoyable où chacun serait tour à tour gibier et chasseur. Il essaya de reprendre l’initiative.

— Arrêtez ce jeu, Kervan. Vous vous attaquez à beaucoup plus fort que vous. Vous ne faites pas le poids. Vous ne serez en sécurité nulle part, ni à Abidjan ni ailleurs. Vous n’avez aucune idée de ce qui peut vous arriver si vous persistez dans cette voie.

Kervan s’appuya contre le dossier de sa chaise.

— C’est possible, mais voyons la situation sous un autre angle. Tous les deux nous allons dorénavant devoir vivre en regardant sans cesse dernière nous, je suppose que vous en êtes conscient ? Dans la rue, au pied d’un immeuble, dans les transports, un lieu public, partout. Alors posez-vous juste une question de Saint-Armand: qui de nous deux est le mieux armé pour vivre cette situation au quotidien ? Et puis, j’ai un autre avantage par rapport à vous.

Il laissa un silence.

— je n’ai plus rien à perdre…

Il raccrocha sur ces paroles en imaginant les cors raisonnant au loin au milieu des aboiements d’une meute de chiens excités.

 

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H
TEMOIGNAGE DE SATISFACTION AVANT PAYEMENT<br /> Je ne saurais par où commencer car ce voyant est très différent des autres . J'ai contacté 4 voyants qui me disaient de payer avant de commencer et le seul qui a dit POSE TON PROBLEME ET LA SOLUTION SERA TROUVEE c'est le grand prêtre voyant AURORE . Pour mon histoire mon mari m'a quitté or on était ensemble depuis 3 ans sans aucune raison . J'ai contacté le grand voyant AURORE qui m'a dit que cette rupture c'est la secrétaire de mon mari qui en est la cause et celle ci lui a avoué son affection bref . J'ai répondu au grand prêtre comment fait pour qu'il me revienne et il me dit qu'il va me revenir dans 7 jours . .Il a aussi fait et mon commerce prospère .Il est pétri d'expériences. Je vous laisse son adresse de contact : auroretresor@outlook.fr
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C
A chaque lecture d'un extrait différent de ce livre je me dis que l'auteur est très talentueux.
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L
Bonsoir a tous<br /> <br /> Je suis ici pour faire témoignage a un grand Mr grâce a qui ma vie a repris son sens . J'avais des problèmes de couple avec mon mari car je n'arrivais pas a faire d'enfants après 16 ans de vie commune avec mon homme et il m'a laissé et a demandé le divorce .Un soir sur le net j'ai vu les coordonnées de ce Mr que je vais vous présenté par la suite qui m'a rapidement faire revenir mon homme et avec ces médicament traditionnels j'ai maintenant 2 merveilleuses filles et un garçon avec mon homme .<br /> Cet homme grâce auquel ma vie a repris son sens s'appel Maître Gbedekpogbe Médium, Voyant, Marabout sérieux, il vous aide à résoudre tous les problèmes auxquels vous ne trouvez pas de solution.<br /> Remarquable spécialiste du retour de l’être aimé, il vous fait revenir définitivement l’élu de votre cœur <br /> Domaine de L'amour Sentimental : <br /> Le Retour Affectif - Le Retour D'Affection <br /> Amour Perdu , Récupérer son Ex - l’Être Aimé - l’Âme Sœur , Se faire Aimé d'une Personne , Attirer une Personne (Homme/Femme) par un Sortilège d'amour ou Sort , <br /> L'Envoûtement Amoureux/L'entente Sexuel sur une Personne , Blocages Sentiments Amoureux Perdu , Sauvez/Protéger Son Couple , Annulé une Rupture/Séparation , <br /> Éloignement Rivalité/Jalousie ; Fidélité.<br /> <br /> Je vous laisse son contact<br /> <br /> Email D'urgence : maitregbedekpogbe@live.fr<br /> <br /> Telephone 24H/24 : 0022 996 141 415<br /> <br /> WhatSapp : +22 996 141 415<br /> <br /> Viber : +22 996 141 415<br /> <br /> Imo : +22 996 141 415<br /> <br /> <br /> Site Web : https://maitre-marabout-medium-voyant-gbedekpogbe-58.webself.net/accueil<br /> <br /> <br /> Merci
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E
J'aime assez le dialogue qui ouvre la danse, ce genre de raisonnement que l'on a souvent, et qui fait comprendre que peronne n'a raison ou tort mais que l'on a raison et tort en même temps,, sauf qu'on ne tient pas la médaille tournée du même côté...
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