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À n’y rien comprendre
Merci Etienne, non, tu n’as rien oublié. Bien sûr que ce geste me fait plaisir. À présent, c’est plus qu’un geste, mon amour, c’est une habitude. Voici deux semaines que chaque jour, tu m’apportes le petit déj’ au lit. Magnifique plateau coloré avec jus d’orange, croissants, petits pains au chocolat, café au lait. Tout quoi. Tu me combles mon amour. Bien sûr que tu peux aller bosser tranquille. Il n’y a pas deux mecs comme toi sur terre, j’ai décroché le gros lot.
Je n’en peux plus, trop c’est trop. Étienne devient irréprochable et même plus que cela. Il n’y a pas que ce petit déj’ apporté chaque matin, non, il y a bien d’autres choses inattendues. Étienne sort la poubelle deux fois par semaine et ne se trompe pas de jour. Il insiste le soir pour m’aider à faire la vaisselle, ranger le linge, etc. Tout ! Et trop c’est trop ! Marie-Chantal, mon amie d’enfance me l’a murmuré, Méfie-toi ma belle, un homme qui change comme ça du jour au lendemain, c’est suspect. Il aurait pas une maîtresse crois-tu ? Tu sais, la quarantaine, c’est un âge où les mecs se remettent en question. Depuis qu’il t’aide pour le ménage, tu gagnes du temps. Profite de ce temps-là pour te payer une paire d’heures de soins chez l’esthéticienne, chez la coiffeuse. Fais un tour dans les boutiques, renouvelle tes fringues, fais quelque chose quoi !
L’idée de la maîtresse, ça me trottait dans la tête. Alors, le lendemain matin, après le scénario du petit déj’ au lit, j’ai rapido enfilé un sweat, un jeans et incognito, j’ai espionné mon mari. À la gare, aucune créature de rêve ne l’attendait. Dans le train, nada, rien à l’horizon. Mon chalenge était de passer inaperçue. Ce fut tout un art, j’ai assuré. À son bahut, rien de rien. J’ai escaladé un mur pour taper un œil dans la salle des profs. En vain. Le soir, j’étais crevée morte, tout ce cirque avait eu raison de mon énergie.
Lorsqu’Etienne est rentré, il a filé vers la cuisine et a déposé deux plats dans le micro-ondes. Je n’en pouvais plus.
Étienne, penses-tu que je ne sois plus capable de cuisiner ? Tu ne supportes plus ce que je prépare ? Mes gratins te provoquent de l’acidité ? Depuis quelques jours, je t’observe. Tu es de plus en plus gentil. Tu agis avec moi comme si j’étais une grande malade. Nous devons toi et moi avoir une conversation sérieuse. Étienne, pourquoi un tel comportement tout à coup ? Pourquoi as-tu tellement changé ces derniers temps ?
Ma chérie, tu me surprends là ! Je ne m’attendais pas à de tels propos. Je n’ai pas changé du tout ! C’est toi qui as changé et cela m’inquiète. Tu sembles sans cesse énervée, agacée. Et regarde ton visage ce soir, tu parais ravagée ! Et tes simagrées de la journée, n’en parlons pas ! Tu m’as suivi engoncée dans un jeans qui ne ressemblait à rien. Je parie que tu n’étais même pas lavée ! Eh bien tu vois, c’est toi qui as changé ! Jamais tu n’avais escaladé le mur de la salle des profs ! Tu es amoureuse d’un de mes collègues, c’est ça ? Chérie, ressaisis-toi et redeviens comme avant. Ou dis-moi la vérité.