Concours "catastrophes climatiques" Texte 4
L’éveil
— Et depuis votre dernière visite, madame Glantz, tout ça s’améliore? Je vous écoute.
— Aucune amélioration, aucune, docteur Lierts, je lui ai répondu. Je pense même qu'il y a une aggravation. Suis-je objective ou pas, c'est compliqué. Je me braque sur mes symptômes. C'est humain. Je ressens des douleurs dans les membres et lorsque je ne peux freiner les espèces de chatouillements que vous nommez prurit, cela devient vite infernal. On dirait que mes membres pourrissent de l’intérieur, j’ai ajouté.
— Je comprends, je comprends. Vous avez bien appliqué le traitement deux fois par jour comme je vous l’avais proposé ?
— Oui, comme vous me l'aviez dit. Le pharmacien devait vous contacter. Il s'étonnait du dosage de la cortimétamine à introduire dans la pommade. Et d'ailleurs, il ne connaissait pas ce médicament, la cortimétamine. Sur Google, ce nom est également inconnu.
— C'est un médicament très ancien. Pour éviter tout malentendu ou attente inutile, je vous ai préparé moi-même les autres flacons qui contiennent ce produit-là. Et aussi votre nouveau traitement car depuis notre dernière visite, les résultats de la biopsie me sont parvenus, ainsi que les bilans sanguins. Avez-vous des troubles respiratoires comme par exemple une toux ou des expectorations à l’aspect douteux?
— Non pourquoi, je devrais? J'ai encore observé ces espèces de cloques sur les bras et les jambes, ainsi que sur mon torse à présent. Vous êtes une sommité en matière de pathologie dermatologique. Vous trouverez une solution à tout ça, je reste confiante, j’ai lâché.
— Vous êtes très positive, madame.
— C'est obligatoire dans mon cas.
— Je dois cependant vous annoncer que si malgré ce traitement vous n'avez pas d'amélioration, une hospitalisation sera nécessaire. Dans ma clinique privée.
— Je ferai ce qu'il faut, docteur.
— Le matériel de ma clinique est performant. Mon laboratoire également. Et j'ai une totale confiance en mon personnel. Ce sont des médecins qui viennent de toute la planète. Et rassurez-vous, les soins sont gratuits.
— De toute la planète ? Des soins gratuits? Comment est-ce possible?
— Je reçois des subsides du gouvernement. Ma clinique est donc privée mais vous comprenez, pas tout à fait. Depuis quelques semaines, des personnes développent des maladies inconnues. Qui se caractérisent souvent par des symptômes comme les vôtres. Ou pire encore.
— Contente de n'être pas la seule…, je lui ai répondu, intriguée et avec des trémolos dans la voix.
— Dites-moi, madame Glantz… Vos dernières vacances…
— C’était en Su…
— Oui oui, je vous interromps mais oui, je me souviens, rassurez-vous. Je voulais vous redemander… Vous vous êtes baignée… souvent…
— Plusieurs fois par jour. C’est là-bas que les douleurs ont commencé. Et pour les cloques sur l’épiderme, j’avais même pensé à une allergie alimentaire. Mais non, impossible. Pourquoi donc, docteur ?, j’ai demandé.
— Eh bien voilà, je vous dois la vérité ou tout au moins ce que je peux vous en dire.
— Je vous écoute, j’ai dit, remuée par ces sous-entendus.
— Dans les glaciers sommeillaient de vilaines bestioles, très vilaines même. Et depuis la fonte de certains glaciers, des virus endormis se sont réveillés. Voilà madame Glantz, voilà … Ces bestioles à présent s’éveillent et … enfin je ne peux vous en dire plus.