Sophie Vuillemin nous présente son rnouveau roman "Ayma"
Biographie :
Installée à Nantes depuis une vingtaine d’années, Sophie Vuillemin a publié trois romans aux Editions Chloé des Lys et participé à quatre recueils de nouvelles avec l’association des Romanciers Nantais. Elle anime des ateliers d'écriture destinés aux adultes et aux adolescents.
C'est quoi ton stage ? Editions Chloé des Lys - décembre 2009
L'histoire entre nous n'est pas terminée. Editions Chloé des Lys - octobre 2015
Ayma - Editions Chloé des Lys - novembre 2021
Résumé :
Près de Nantes, Emma grandit entre les vignes avec sa sœur Louise et son frère Théo. Deux sœurs, un frère, trois ramifications d’une même branche.
Pourtant, à l’adolescence, survient l’éclatement. La fuite.
Cinq ans plus tard, Ayma, photographe à Chicago et jeune mariée, revient chez ses parents.
L’histoire familiale, entre émotions et non-dits, reprend. Celle d’Ayma se dénoue.
Extrait :
Ce jour-là, nous avons reçu la lettre.
Théo est parti depuis dix jours. Je sors dans la rue avec mes pantoufles en forme de chien, contre l’avis maternel. Les chaussons à l’intérieur, Emma ! La boîte à lettres ne contient qu’un rectangle blanc posé sur le métal. Aucun catalogue publicitaire n’amortit le choc de l’écriture frissonnante et penchée de mon frère sur l’enveloppe. Mon cœur palpite dans ma gorge, comme un oiseau prisonnier, les pulsations remontent entre mes lèvres. Je cours, j’appelle, maman, la scène se déroule au ralenti, le papier brûle mes doigts.
Ma mère est assise à son bureau, les yeux plissés devant l’écran de l’ordinateur malgré les lunettes en demi-lunes au bout de son nez. Mes mains volent, elles arrivent en premier sur la table, avant le reste de mon corps, loin derrière, entravé par les vêtements, la pesanteur. Rectangle blanc, timbre rouge, table brune. Et le sang qui reflue du visage de ma mère. J’aurais dû la prévenir, me montrer plus précautionneuse. Elle porte les mains à son cœur. La pièce s’emplit du tam-tam de nos émotions. Ma mère pleure avant même d’avoir ouvert.
Parfois, je songe à cet instant suspendu, à ce que nous n’avons pas envisagé. Ma mère a-t-elle pressenti le contenu de la missive ? Je ne pensais à rien, mon cerveau était un écran blanc.
Elle déchire le rabat un peu trop précipitamment, je crains qu’elle n’abîme le papier. Fais gaffe, fais gaffe, je répète et elle n’entend rien. La feuille se déplie.
La dernière personne à l’avoir touchée, c’est lui, le petit gars à la pelle bleue.
Un paragraphe, compact, avec un petit coup de gîte, des lignes qui plongent et nous entraînent.
Je vous écris pour vous rassurer : je vais bien, ne vous inquiétez pas. Ne me cherchez pas. J’ai besoin d’être seul quelque temps. Vous aurez de mes nouvelles.
Theo