Concours "Les petits papiers de Chloé" Le bonheur est ailleurs" : texte 9-Dernier texte ! Votes sur ce post jusqu'à 19h ce soir

Publié le par christine brunet /aloys

Le bonheur est dans le pré

« Le bonheur est dans le pré
Cours-y vite, cours-y vite.
Le bonheur est dans le pré
Cours-y vite il va filer »

Pourquoi cette comptine trottait dans ma tête, ce jour-là, alors que j’essayais vainement de lire un roman que j’avais déniché dans la bibliothèque à moitié vide de ma femme, je n’en savais rien. Quand je dis « ma femme », je devrais plutôt dire « mon ex » puisqu’elle avait mis les bouts, un beau matin, emportant avec elle la plupart des livres de l’appartement, tous nos souvenirs de vacances et aussi notre bébé de 9 mois ! 

Qu’est-ce que le bonheur ? me demandai-je en chantonnant cette comptine idiote. Existe-t-il vraiment ? Je ne me souvenais plus avoir été heureux un jour.
Bien sûr, dans son existence, on rencontre des petits instants de bonheur qu’on essaye d’enfiler les uns après les autres, comme des perles rares, sur un fil qu’on appelle « bonheur ». Le jour le plus beau de ma vie est sans conteste celui où Caro m’a dit « oui, bien sûr, oui, j’accepte de t’épouser » à moins que ce ne soit le jour où j’ai vu le visage de mon petit bonhomme pour la première fois. J’ai été heureux, oui, je suis bien obligé de l’avouer, mais le bonheur ne dure jamais. J’étais bien placé pour le savoir. 

Après m’avoir dit « oui », Caro m’a dit « non, non, je ne reste plus avec toi, non, je ne suis pas heureuse avec toi, non, je ne te pardonne pas tes erreurs, non, nous ne sommes pas faits l’un pour l’autre, je me suis trompée, adieu ». Et elle est partie emportant avec elle une partie de mon âme et le plus beau cadeau qu’elle m’ait jamais fait : Noé.

J’avoue : je ne suis pas parfait et je lève le coude un peu trop facilement. L’alcool me rend heureux ou du moins m’aide à oublier que je ne le suis pas, que les quelques années que nous avons passées ensemble, Caro et moi, n’ont pas toujours été teintées de rose. C’est ma faute, je sais. Je ne sais pas être tendre, je ne sais pas exprimer mes émotions. Mon enfance a joué un grand rôle sur ma vie d’adulte. Des parents qui se disputaient sans cesse, les baffes que je recevais trop souvent, le manque d’amour qui me faisait pleurer, seul, dans mon lit, le manque d’attention tout simplement. Je me suis toujours senti de trop, le coucou dans un nid d’alouette ! 

Je n’ai jamais frappé  Caro, je le jure. J’avais trop vu mon père cogner ma mère pour que j’imite son comportement. Moi, je me suis plutôt réfugié dans l’alcool les jours de déprime, les jours gris, les jours où je ne me sentais pas heureux. Caro a essayé de m’aider, au début. Elle m’a même accompagné chez un psy, mais mon enfance était trop marquée en moi. 

On a cru, tous les deux, que l’arrivée d’un bambin pourrait arranger mes problèmes. Je pourrais lui donner tout l’amour que je n’avais pas reçu. On était trop jeunes, irresponsables encore. Caro voulait continuer à s’amuser, à sortir avec ses copines, à faire la fête. Elle me laissait Noé, parfois, me prouvant ainsi qu’elle me faisait confiance. Et moi, je voulais être digne d’elle, de la confiance qu’elle m’accordait, mais seul avec le petit, je déconnais. Je m’enfilais bouteille de bière après bouteille de bière et Caro me retrouvait avachi dans le divan pendant que Noé hurlait de faim, de peur, d’isolement. 

Je n’en veux pas à Caro d’être partie. Je n’aurais jamais pu la rendre heureuse et j’aurais fini par transmettre ma morosité à Noé. Ma mère me l’a assez répété : je suis toxique ! 

Je mets la radio. Comme un fait exprès, c’est la voix de Jackie Quartz qui emplit ainsi mon appartement : 

« Je voudrais vivre ailleurs
Ailleurs pour le meilleur
Oublier la douleur »

Et si l’adage était vrai ? Si l’herbe était vraiment plus verte ailleurs ? 

Sur un coup de tête, je pars, sans rien emporter, à part mes souvenirs blottis dans un coin de ma tête, je claque la porte et je me retrouve dehors. J’avance au hasard des rues, au hasard de mes pas, là où ils me conduisent. Se pourrait-il que le bonheur m’attende quelque part ? Un avenir heureux existe-t-il encore pour moi ? J’arrive à la gare. Je vérifie mes poches : j’ai un peu d’argent, assez pour prendre le train pour n’importe où, qu’il m’emmène, je ne sais où, là où on ne m’attend pas, là où on ne me connait pas. 

Je monte dans le train, il démarre, les paysages défilent. Je ne les vois pas vraiment. Mon esprit s’égare. Je suis déjà ailleurs, à l’aube d’une nouvelle vie. Je vais tout reprendre à zéro, renaitre. 

Terminus. Je descends du train, j’avance sur le quai. Un vieil homme me regarde intensément. Dans son regard, je lis de la bienveillance, de l’amour ou presque. Son visage me dit quelque chose. Une photo. Un portrait sur le mur du salon chez mes parents. Mon grand-père, celui qui a été tué à la guerre ! Un sosie ? Mais pourquoi ce vieil homme me regarde-t-il comme ça ? 

Je m’avance vers lui, attiré par son regard ardent. 

« Viens, me dit-il, en me tendant la main, je t’attendais… »

« Oh oh
Je voudrais vivre ailleurs
Oh oh
Besoin d’un peu d’chaleur… »

 

Publié dans concours

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
C
Non, votes terminés à 19h...
Répondre
E
J'arrive en retard, avec un mot d'excuses : je ne reçois de nouveau plus les avis de publication! Ceci dit, je voterais pour le texte 9... si j'ai encore le temps!
Répondre
C
Texte 3 : I<br /> Texte 5 : II<br /> Texte 6 : II<br /> Texte 9 : I
Répondre
C
Texte 3 : I<br /> Texte 5 : II<br /> Texte 6 : I<br /> Texte 9 : I
Répondre
M
Texte 3
Répondre
C
Texte remarquable, mais ma préférence va quand même à l'aventure du chat Octave, "bel exemplaire de chat européen tout ce qu’il y a de bien fait", :)) parti chercher ailleurs le parfait bonheur et finalement tout heureux de retrouver l'amour maniaque de Léontine ! Très amusant ! Texte n° 6, donc...
Répondre
C
Texte 5 : II<br /> Texte 6 : I<br /> Texte 9 : I<br /> <br /> Pour l'instant, le texte 5 est en tête de peu...
Répondre
H
N'en ayant pas eu l'opportunité les jours précédents, je viens de lire ces 9 textes l'un à la suite de l'autre et mon choix se porte sur le texte 5. J'ai apprécié l'humour et les images suscitées par les mots, aussi bien visuelles qu'olfactives. Finalement quand on cherche le bonheur ailleurs, c'est souvent loin d'être parfait !
Répondre
M
Difficile de choisir ! Je vote cependant pour le texte n°5.
Répondre
S
J'hésite entre l'histoire de Violette et ce dernier texte.... Allez, pour la sincérite desarmée et le style, je vote pour le texte 9. A ce soir ! ;)
Répondre
M
Un texte qui montre bien qu'il faut se montrer disponible au bonheur, et confiant, pour peut-être le rencontrer. Ceci dit, la "stupide comptine", c'est un poème du poète français Paul Fort ( 1872 1960 ) ;-)
Répondre
C
Et pas si stupide que ça, la comptine... " Le bonheur est dans le pré, vas-y vite... il a filé " ! Ben oui, nous l'avouerons-nous ? que d'occasions probablement perdues, par peur souvent de se jeter à l'eau !
M
De nouveau une histoire où il est question de train !
Répondre
C
Un premier vote pour le texte n°6 ! Merci Coraline !
Répondre
C
Ouaw tous ces textes, quelle inspiration venue de partout, chapeau à tout le monde, c’est un sujet intéressant à aborder. Je vote pour la légèreté et l’humour du texte 6 ☺️
Répondre